Interview anonyme,
Assistante de justice

Interview réalisée en janvier 2009

Vous êtes assistante sociale dans une Maison de Justice. Quels ont été vos parcours estudiantins et professionnels ?

J’ai effectué des études d’assistante sociale au cours desquelles j’ai eu l’occasion d’effectuer mon stage dans une prison.
A l’époque, l’administration pénitentiaire comptaient des assistants sociaux externes et internes. Après mes études, j’ai trouvé un emploi dans une prison bruxelloise. Finalement à la création des Maisons de Justice, fin des années 90, nous avons été complètement séparés de l’administration pénitentiaire et je suis donc revenue à Charleroi.

Que vous a apporté votre expérience d’assistante sociale en prison ?

Le milieu carcéral est très dur mais aussi passionnant. On se sent vraiment indispensable ! Mais il ne faut pas y rester trop longtemps car c’est véritablement usant. Je ne voudrais d’ailleurs plus y retourner, même si je persiste à penser qu’il s’agissait d’une expérience aussi enrichissante qu’inoubliable.

Quelle est la différence avec votre travail en Maison de Justice ?

On doit être beaucoup plus polyvalent en Maison de Justice ! 

Le travail est un peu dicté par les événements et les situations que nous rencontrons. Au début, on m’a affectée à la probation mais je ne m’y plaisais plus. Depuis mon stage, tout était devenu très différent et l’accent mis sur l’aspect «contrôle». Finalement, j’ai eu l’occasion de m’intéresser aux missions civiles, une tâche qui, auparavant, appartenait aux tribunaux de la jeunesse. 

Nous intervenons dans les problèmes d’autorité parentale, dans les problèmes de droit de visite des grands-parents ou encore en cas de problème d’adoption.

Quels sont les tâches quotidiennes auxquelles vous êtes confrontée ?

Principalement de l’accueil de personnes soumises au régime de liberté conditionnelle mais aussi de l’aide aux victimes et de l’accueil de première ligne concernant les renseignements au sujet de la justice. Mais, attention, nous ne donnons pas de conseils juridiques.

Existe-t-il un profil type du travailleur de Maison de Justice ?

Beaucoup sont des assistants sociaux et des psychologues. Depuis une dizaine d’années, il y a aussi de plus en plus de criminologues. Pour eux, les Maisons de Justice offrent des débouchés mais le salaire n’est pas des plus intéressants après un master universitaire... 

N’est-ce pas là aussi un travail psychologiquement éprouvant ?

Oui, mais moins qu’en prison. En outre, les incidents avec le «client» sont très rares, sans doute en raison du respect que nous lui manifestons. Dès l’arrivée, et tout au long de notre carrière, nous bénéficions également de formations. Nous sommes, en effet, censés être polyvalents mais, pratiquement, il existe une certaine spécialisation.

Quel type de personnes êtes-vous amenée à rencontrer ?

Le profil est très varié. Surtout dans les grandes villes ou les arrondissements judiciaires étendus.
L’inconvénient, c’est qu’il est très difficile de ne pas être motorisé pour travailler. Pour certaines missions civiles et de défense sociale, qui impliquent beaucoup de déplacements, nous nous répartissons les secteurs en fonction de nos lieux de résidence.

Il ne faut donc pas disposer de connaissances en droit pour travailler dans une Maison de Justice ?

Non, mais c’est très conseillé, c’est sûr. D’ailleurs, la plupart des nouveaux engagés ont, en général, fait des études juridiques. En fait, ces notions deviennent de plus en plus importantes au fil du temps.

Donc, les Maisons de Justice offrent de grandes perspectives de débouchés ?

Ça a été le cas mais, actuellement, l’heure est plutôt aux économies. Nous fonctionnons beaucoup avec des contractuels qui doivent attendre de longues années pour être nommés, après avoir réussi le concours du SELOR. D’un autre côté, c’est très enrichissant et une fois nommé, on bénéficie de beaucoup de souplesse pour faire évoluer sa carrière.

Quels conseils prodigueriez-vous à quelqu’un désireux de travailler en Maison de Justice ?

Avant tout, être motivé. C’est un métier émotionnellement difficile et il faut être sûr de ne pas se tromper en le choisissant. Ensuite, de passer sans attendre l’examen de recrutement. Dès la sortie de l’école ! Enfin, quand il sera vraiment entré en fonction, je ne saurais trop lui conseiller de faire, à tout instant, montre d’ouverture d’esprit et de psychologie. De plus, la fonction a aussi un aspect très administratif. Il faut savoir rédiger rapports et comptes rendus avec aisance. Donc, disposer d’un bon niveau en langue maternelle et ne pas être rétif à l’utilisation des ordinateurs.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.