Mme Audrey Renard, Hippothérapeuthe

Hippothérapeute à l'asbl Hippopassion de Fraiture. 

Quelle est votre formation de base ? 

J'ai terminé un BACHELIER en logopédie à la Haute-Ecole André Vésale à Liège, il y a deux ans et j'ai ensuite suivi une formation en hippothérapie. Cela faisait un certain temps que je m'intèressais à cette thérapie, ce pourquoi j'ai orienté ma formation au cours de la dernière année en logopédie en réalisant mon TFE sur ce sujet. 

Quels sont les spécialistes qui utilisent l'hippothérapie ? 

Ce sont généralement des psychologues, des ergothérapeutes, des logopédes, des kinésithérapeutes et parfois des psychomotriciens. 

Comment se déroule une de vos journées type ? 

En début de journée, nous élaborons le programme avec l'équipe. Ensuite, nous choisissons un cheval pour chaque patient en fonction de différents critères, notamment physiques (la morphologie de certains chevaux s'adaptent mieux à certains patients), nous préparons le matériel adapté en fonction des pathologies et nous choisissons de travailler soit à cru ou avec une selle, selon l'objectif de la thérapie, mais aussi du désir de la personne. 

En général, le matin et l'après-midi, ce sont des institutions spécialisées qui nous rendent visite par groupe de six patients. Chaque séance individuelle dure une demi-heure. Nous préférons la séance individuelle afin de privilégier la relation triangulaire entre le thérapeute, le bénéficiaire (nous préférons ce terme à celui de patient) et le cheval. C'est très important, car c'est sur ce principe que se fonde l'hippothérapie. C'est une thérapie, qui contrairement à d'autres, se déroule dans un espace ouvert et non pas dans un cabinet, le bénéficiaire est donc moins placé dans une position de patient recevant une thérapie, c'est plus actif. L'après-midi, nous recevons aussi des groupes et généralement, après 16h, nous accueillons des particuliers, tant des adultes que des enfants. 

Ces particuliers viennent-ils sur conseil d'un médecin ou d'un thérapeute ? 

Oui souvent, mais parfois, la demande émane directement de la personne elle-même. De toute façon, nous demandons un avis écrit du médecin concernant les indications ou contre-indications relatives aux patients. 

Comment se déroule une séance d'hippothérapie ? 

Tout commence par la préparation de l'animal à laquelle le patient peut d'ailleurs assister, car cela peut amener certaines choses au niveau du contact et de la psychomotricité. Cela permet déjà d'élaborer une bonne base de communication. D'ailleurs, certaines séances sont uniquement basées sur ce contact sans que le bénéficiaire monte l'animal. Cela dépend vraiment de la personne et de ses objectifs. Ensuite, pour ceux qui le souhaitent, il y a le moment de la monte, proprement dite. Cela peut se faire seul ou avec l'aide d'un montoir ou même d'un dispositif élévateur. Au cours de la séance, les activités sont variables : tours de piste, puis exercices spécifiques. 

Outre une passion pour les chevaux, quelles sont les qualités et aptitudes nécessaires pour faire ce métier ? 

Comme son nom l'indique, il faut une qualification de thérapeute. Tout dépend du choix personnel. J'ai choisi la logopédie car le domaine de la communication m'intéressait beaucoup. Mais je trouve aussi que le fait de travailler avec des équipes pluridisciplinaires est très important. Ce n'est pas parce que je suis logopède que je vais uniquement m'arrêter à la communication spatio-temporelle. Si je détecte d'autres pathologies, j'en informe la personne compétente de l'équipe. Pour nous, le bénéficiaire est une personne à appréhender dans son intégralité, même si à certains moments on travaille sur des objectifs précis. 

Mais le feeling intervient également beaucoup, tant avec le patient, qu'avec le cheval. On sent que certaines bêtes correspondent mieux à certains patients, qui ne veulent parfois qu'un cheval précis et si nous ne leur donnons pas satisfaction, la séance peut véritablement perdre en qualité, car la relation est prioritaire. Il est clair que notre travail n'a rien à voir avec des leçons d'équitation classiques, c'est la relation thérapeute-bénéficiaire-cheval qui fait toute la différence. En termes d'aptitudes, il faut aussi connaître les sensations et les sentiments qu'on peut éprouver sur un cheval, il faut donc une expérience de la monte. Et surtout, il faut évidemment croire en ce qu'on fait ! 

Quelles sont les difficultés que vous éprouvez dans votre travail ? 

Comme nous pratiquons un métier passion, il n'y a que peu d'inconvénients. Parfois, nous devons faire attention à ne pas trop nous attacher à la personne, mais c'est valable pour tous les thérapeutes. Nous devons effectuer un travail personnel pour pouvoir rester un peu en retrait et ne pas trop nous investir personnellement. Mais je pense que je ne ressentirais pas autant d'émotions dans une logopédie classique.

Qu'en est-il de la reconnaissance de votre profession, notamment par l'INAMI ? 

Je sais qu'il existe des possibilités de remboursement pour les patients, mais la fonction n'est pas complètement reconnue. En tant que logopède, je peux par exemple proposer de l'hippothérapie qui sera prise en compte par la mutuelle si elle est reprise comme séance de logothérapie. Nous serons seulement reconnus en tant qu'hippothérapeutes lorsqu'il y aura un cadre défini et des formations reconnues par les différents services publics. 

Quelles sont les perspectives d'avenir ? 

Je crois que le plus important est d'arriver à une reconnaissance de cette thérapie. Car je pense qu'il s'agit d'un secteur d'avenir, il y a de plus en plus de demandes et des études scientifiques ont été réalisées afin de valoriser et crédibiliser les bienfaits de ces thérapies. Nous remarquons d'ailleurs un intérêt croissant des étudiants qui réalisent de plus en plus de travaux sur le sujet. 

Que dire aux personnes intéressées par ce métier ? 

Il faut d'abord choisir sa formation en accord avec sa personnalité. Je ne crois pas qu'il faille faire ce choix en fonction du cheval, mais plutôt choisir une formation de thérapeute en fonction de son caractère. Pour ma part, la logopédie me plaît autant en soi que l'hippothérapie. De plus, comme les emplois dans le domaine sont plutôt rares, il faut d'abord choisir une formation qui nous motive, mais aussi être certain d'aimer l'aide aux personnes, car même si on est attiré par le paramédical, il faut se rendre compte que dans le domaine du handicap, ça passe ou ça ne passe pas ! Il faut être conscient de ses limites.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.