Mr Benjamin Potie,
Technicien de maintenance aéronautique

Interview réalisée en décembre 2013

Comment êtes-vous devenu technicien de maintenance ? 

Durant les études secondaires, j’avais choisi une filière technique de transition : j’ai fait 4 ans d’études en sciences industrielles - électromécanique. Après de longues recherches et questionnements, j’ai opté pour un bachelier en aéronautique à la Haute-École Condorcet de Charleroi, en option techniques d'entretien. Mes études techniques antérieures ont constitué une bonne préparation. 

Vos études supérieures correspondaient-elles à vos attentes ?  

Je n’étais pas vraiment un fan de l’aéronautique en les commençant mais ces trois ans ont vraiment été un élément décisif dans ma vie professionnelle. J’ai appris énormément de choses. Les cours étaient très diversifiés et la plupart du temps intéressants. Nous n’étions que trois dans notre option mais nous étions animés par les mêmes envies donc ces trois années ont été un régal. J’ai reçu mon diplôme un 16 juin et le lendemain je travaillais déjà ! J’ai en effet eu cette chance de pouvoir être embauché avant le résultat de ma dernière année, que j’ai d’ailleurs réussie avec grande distinction ! 

Quels ont été les principaux cours que vous avez suivis dans cette formation ? 

Etant dans une option axée sur la maintenance, les cours les plus importants traitaient des moteurs, des différents systèmes qui composent un avion, les moyens de communications, les systèmes d’approches, l’électronique, etc.

Pouvez-vous nous décrire votre fonction de technicien de maintenance ? 

Je travaille actuellement chez Lufthansa Technik, principalement sur les Boeing 737-8 en maintenance en ligne, c'est-à-dire que nous sommes sur le tarmac, dehors, par tous les temps ! Mais il m’est arrivé de travailler sur des Airbus ou d’autres Boeing. Notre fonction est de confirmer chaque jour l’état de navigabilité des avions. Cela n’est pas toujours facile, comme vous vous en doutez : il faut en effet toujours être vigilant aux moindres détails. Nous avons la responsabilité civile de chaque avion que nous certifions. Etre technicien de maintenance sur avions ne s’invente pas et ne se prend pas à la légère. Tout acte à des conséquences ! Notre fonction première est d’empêcher que les problèmes arrivent, quel que soit le coût financier, car la vie des passagers en dépend. Il est sûr que l’erreur n’est pas de mise chez nous, le stress y est intense ! D’ailleurs, il arrive parfois que des personnes arrêtent après quelques mois, car elles ne supportent pas le stress ou la pression liée aux opérations.

Pourriez-vous décrire une journée type ? 

Il faut déjà savoir que nous faisons principalement notre job la nuit, car durant la journée les avions volent donc la charge de travail y est moindre ! Par exemple, sur notre station de Charleroi, nous avons une équipe de jour et une de nuit. La journée nous sommes considérés en "standby", les différents pilotes nous appellent quand ils ont eus des problèmes durant le vol. Mais cela ne veut pas dire que nous n’avons rien à faire, nous devons commander des pièces, nous pencher sur divers problèmes, préparer  le travail de l’équipe de nuit, etc. C’est justement la nuit que les choses se corsent. Notre responsable nous donne un planning (nous travaillons en binômes) avec les différent avions et tâches à effectuer. La première chose à faire quand nous arrivons sur un avion est de faire un tour d’inspection extérieur et intérieur pour y déceler tout ce qui parait anormal, mais aussi de s’assurer qu’aucune pièce ne présente une usure anormale. Quand cela est fait, nous devons compléter les différentes demandes de changement préventif de pièce qu’il nous est demandé de faire. Une nuit est rarement calme et les tâches ne manquent pas !  

Avez-vous une spécialisation ou êtes-vous généraliste ? 

En aviation, plus particulièrement civile, il n’y a pas à proprement parler de spécialiste, des gens qui ne font qu’une sorte de tâche. Nous sommes tous capables, et nous devons l’être, de pouvoir changer tant des pièces mécaniques, qu’électriques voire électroniques, de pouvoir identifier une panne qu’elle quelle soit, même si cela incombe de devoir démonter tel ou tel composant ! La maintenance en ligne est de loin le job le plus complet que j’ai eu l’occasion de pouvoir exercer.

Qu'est-ce qui vous plaît dans votre métier ? 

Beaucoup de choses qu’il serait difficile d’expliquer, mais depuis que je suis jeune, j’aime vivre la nuit, mais j’aime aussi être sous pression, et les différents défis que représente la maintenance en ligne me plaisent beaucoup. Nous n’arrêtons pas d’apprendre, de nous renouveler sans cesse ! Cela est très enrichissant.

Quels sont les éventuels inconvénients de votre profession ? 

Le principal inconvénient est que nous travaillons la nuit donc notre vie sociale est quelque peu affectée, mais avec le temps, nous arrivons à gérer cela. C’est une vie très différente. Un autre inconvénient, il faut le dire, est que nous sommes tous passionné par notre travail et nous y passons énormément de temps, cela est parfois mal vécu par nos proches, mais une fois de plus il faut apprendre à gérer son temps. Le dernier inconvénient que je vois, est que nous sommes dehors de l’hiver à l’été, qu’il fasse -20 degrés, qu’il pleuve ou neige. L’hiver est souvent la période ou nous souffrons le plus, la charge de travail se trouve aussi accrue en raison du froid et du gel ! Nous avons connu des semaines ou l’aéroport était couvert de neige, les températures atteignaient -25 au thermomètre et le vent soufflait très fort. Je vous assure que travailler dans de telles conditions n’est pas chose aisée. 

Suivez-vous régulièrement des formations continues ? 

Oui, effectivement nous avons des cours à suivre tous les mois et d’autres tous les ans voire tous les 3 ans, mais aussi des notes à lire sur tel ou tel sujet. Nous sommes toujours "étudiants", si je puis dire. Ces cours portent sur les facteurs humains, les dangers de travailler dans certains environnements, des nouveaux problèmes découverts par d’autres compagnies aériennes ou bien par le constructeur. Le monde de l’aéronautique est en perpétuel changement et à la recherche du niveau de sécurité maximum. C’est pour cela que nous devons suivre ces formations continues.

Si vous deviez mettre en exergue quelques qualités indispensables pour bien effectuer votre travail, quelles seraient-elles ? 

Avoir une bonne habilité à travailler en équipe et avec un anglais technique assez élaboré.
 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.