Interview anonyme,
Bibliothécaire (bibliothèque locale de Florenville)

Comment est organisée la bibliothèque de Florenville ?

Je gère quatre bibliothèques. La locale-pivot de Florenville, qui est la plus importante, et trois dépôts se situant dans des petits villages. En tout, je suis au service d'environ 1400 lecteurs. Nous sommes deux pour assumer cette tâche. Je remplis le rôle de bibliothécaire dirigeante à ¾ temps, une personne m'aide à mi-temps.

Le travail est-il différent dans les villages qu'à Florenville ?

A Florenville, le travail est plus anonyme. Beaucoup de lecteurs n'ont pas recours à mes compétences. Ils se fournissent eux-mêmes dans les rayons. Le travail de mise à l'aise par rapport au public est plus important dans les dépôts. Il faut montrer la diversité des apports provenant de la lecture et lutter contre certains préjugés. Dans les villages, la lecture est souvent perçue comme une perte de temps, du temps pris sur le travail. La majorité des gens viennent pour se procurer un livre de détente mais cela n'empêche pas que l'on se cache encore.

Est-il difficile de s'intégrer en tant que bibliothécaire dans ces villages ?

Quand je suis arrivée pour remplacer l'ancien bibliothécaire, des personnes ont pleuré. Certaines personnes avaient peur de moi. Elles craignaient de ne pas être respectées. L'important, c'est l'écoute que l'on développe vis-à-vis d'elles. Les lecteurs reviennent régulièrement et, à la longue, je sais quel type de livres ceux-ci vont me demander. Il faut comprendre leurs goûts et leurs besoins. Ils ont été rassurés quand ils ont constaté que je n'allais pas bouleverser leurs habitudes. Cela m'a permis, petit à petit, d'apporter certains éléments nouveaux.

Quel rôle remplit une bibliothèque dans un petit village ?

Souvent, elle rompt la solitude. Elle fournit l'occasion de se rencontrer, de sortir, de se détendre. Beaucoup de personnes viennent parler de leurs lectures, et d'autres choses, à la bibliothèque. Ainsi, je reçois beaucoup de confidences. Il est important de développer le respect du secret professionnel : voir ce que lisent les lecteurs révèle beaucoup d'eux.

De plus, si ces petits locaux n'existaient pas, ces populations ne rentreraient jamais dans une bibliothèque. Les enfants et les personnes isolées ne peuvent pas facilement se déplacer jusqu'à Florenville. C'est un très bon moyen de sensibilisation à la lecture.

Est-il difficile de travailler en zone rurale ?

Je suis quasiment seule pour réaliser le travail et je perds beaucoup de temps en déplacement. C'est donc assez difficile d'organiser son temps. Les communes ne sont pas toujours conscientes de l'importance d'une bibliothèque. Les budgets sont donc assez limités et ce n'est pas aisé de renouveler la collection afin de satisfaire tous les lecteurs.

Quels sont vos plaisirs professionnels ?

Mon métier est de répondre aux demandes des gens, de mettre mes connaissances à leur service. Je suis très fière quand j'arrive à leur faire découvrir quelque chose de nouveau. L'important est de les pousser, par le biais de la lecture, jusqu'au bout de ce qu'ils veulent faire, jusqu'au bout de leurs projets et de leurs rêves. A la manière dont ils tiennent leur livre en sortant de la bibliothèque, je sais dire si j'ai réussi à trouver l'ouvrage qu'ils désiraient. Quand j'y arrive, c'est une belle récompense.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.