Interview anonyme,
Bibliothécaire (bibliothèque locale de Watermael-Boitsfort)

Pourquoi utilisez-vous un bibliobus ?

Le bibliobus a été créé il y a vingt ans. A l'époque, il n'y avait pas de réseau de bibliothèques bien développé sur l'ensemble de la commune. Dès lors, le bibliobus nous permettait de toucher des zones éloignées des centres de consultation. Le but est vraiment d'aller à la rencontre des gens.

Maintenant que le réseau de bibliothèques est bien implanté, pourquoi continuer à l'utiliser ?

Tout d'abord, nous réalisons un travail très important avec les écoles maternelles et primaires. Tous les matins, nous sillonnons les écoles de la commune. Chaque classe dispose d'une vingtaine de minutes pour investir le bibliobus. Nous réalisons aussi des valisettes sur tel ou tel sujet en fonction des thèmes abordés en classe par les enseignants. Par exemple, s'ils partent en classe verte ou en classe de mer. Certains professeurs nous demandent également de constituer des mini-bibliothèques d'une quarantaine de livres à disposer dans leur classe. Nous organisons également des concours de lecture et certaines animations de classe. Ce travail est très important, car si on est éduqué à la lecture, on continue à lire quand on devient adulte.

Cela permet aussi de toucher les adultes. Certains élèves reviennent le soir avec leurs parents pour pouvoir emprunter davantage de livres ou des bandes dessinées.

Et puis, beaucoup de personnes âgées ne peuvent plus se déplacer dans les bibliothèques fixes. Grâce au bibliobus, nous leur permettons donc de continuer à fréquenter la bibliothèque publique. Le travail de proximité est très important. Chaque soir, nous nous installons dans un quartier différent.

Que contient le bibliobus ?

Pour les écoles, nous ne possédons pas que de la littérature mais aussi des ouvrages de vulgarisation scientifique, des dossiers de presse, des livres de mathématiques, etc. C'est vrai que certaines écoles possèdent déjà une petite bibliothèque mise sur pied grâce aux apports financiers des parents, mais elles ne possèdent pas les budgets suffisants pour renouveler fréquemment les collections. La complémentarité s'est donc développée de façon toute naturelle.

Pour le public habituel, nous constituons surtout une collection de loisir et de divertissement. L'espace étant limité dans le bibliobus, nous ne pouvons pas nous permettre de présenter une collection exhaustive sur certains sujets. Il est donc clair que si quelqu’un a des recherches précises à réaliser, il doit toujours se rendre dans une bibliothèque fixe.

Et pour les personnes âgées, nous développons une collection d'ouvrages en grands caractères.

L'accueil est-il différent dans les bibliobus ?

Bien sûr. comme nous allons à la rencontre des gens, nous sommes souvent attendus. Les gens sont réellement heureux quand le bibliobus arrive dans leur quartier. Si certains jours, nous ne pouvons pas nous déplacer à cause de la neige, d'une panne ou d'une absence du chauffeur, les gens téléphonent très souvent pour nous demander ce qu'il se passe. Le bibliobus, et donc les bibliothécaires qui le gèrent, est toujours très bien accueilli. Les habitués nous apportent quelquefois le thé. On ressent très bien la vie des différents quartiers. C'est très convivial.

Quels sont les plaisirs du travail en bibliothèque universitaire ?

Un des attraits indéniables est le plaisir de pouvoir travailler dans des lieux très agréables, avec du matériel de pointe et avec une somme d'ouvrages extrêmement importante et d'une qualité scientifique exceptionnelle. Un autre plaisir est également de côtoyer un public faisant partie d'une certaine élite intellectuelle. Nous menons aussi un important travail pédagogique envers les étudiants afin de leur permettre de se débrouiller avec les outils mis à leur disposition.

Nous devons donc allier les compétences d'accueil et de constitution d'une collection exhaustive, typiques aux bibliothécaires, et un travail de recherche très pointu, apanage des documentalistes, pour les scientifiques et les professeurs.

C'est passionnant.

Quelles sont les qualités que vous recherchez chez les personnes que vous employez ?

Elles doivent faire preuve d'une énorme souplesse d'adaptation, pouvoir effectuer un travail en profondeur et porter un intérêt particulier aux autres.

Je ne supporte pas les gens qui ont une mentalité «fonctionnaire», qui se contentent de faire leur travail superficiellement et qui ne peuvent adapter leurs horaires en fonction des besoins.

La psychologie est une qualité extrêmement importante, il faut posséder un bon équilibre nerveux. Si le public universitaire fait partie d'une certaine élite, c'est aussi un public très exigeant et difficile à gérer. L'impolitesse des étudiants est souvent intolérable. L'important est de ne pas avoir de complexe d'infériorité vis-à-vis du public universitaire. Il faut être sûr de soi, de ses compétences et de la valeur du service rendu. Sans nous, l'université ne peut pas fonctionner.

Pour apprécier ce que l'on fait, il faut aimer rendre service, il faut être altruiste, il faut aimer les autres. A ces conditions-là, on peut tout à fait s'épanouir dans son métier. Il ne faut surtout pas avoir l'esprit sclérosé, sinon on n'évolue pas et c'est la mort de la profession.

Le travail d'équipe est-il très important ?

Bien sûr, tout le monde doit pouvoir tout faire. Quand on est bibliothécaire, par exemple, il ne faut pas rechigner à porter des caisses de livres. Le travail physique et manuel fait partie intégrante du métier. Si chacun est ouvert et disponible à l'autre, tout se passe mieux. Notamment pour les travaux très fastidieux, comme le travail d'inventaire que nous avons mené cette année. La masse de travail est telle qu'il faut effectivement posséder un important esprit d'équipe. Si cela se passe dans une bonne ambiance, c'est un atout important.

Le travail du bibliothécaire est-il un métier en constante évolution ?

Si auparavant, le bibliothécaire-documentaliste possédait une image poussiéreuse et statique, ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui. Avec l'explosion des moyens de communication et des sources d'information, le métier est toujours en mouvement. Nous devons perpétuellement nous adapter aux nouveautés. Il ne suffit pas de posséder les nouveaux supports ou moyens informatiques, il faut surtout pouvoir les utiliser. En cela, le travail du bibliothécaire-documentaliste devient de plus en plus prépondérant par rapport aux autres employés qui possèdent des connaissances dans un domaine spécifique (juristes, scientifiques, etc.). L'idéal est de posséder les deux : la facilité d'adaptation du documentaliste et le rigueur du scientifique.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.