Mme Christiane Rimbaut, Animatrice

Interview réalisée en janvier 2008

Quel est votre parcours professionnel et scolaire ?

Après avoir travaillé 20 ans dans un autre secteur, je me suis réorientée vers le domaine social. J’ai commencé comme aide familiale et sanitaire. Ce métier me plaisait bien mais je sentais qu’il me manquait quelque chose. J’ai alors suivi différentes formations tout en travaillant. Une formation d’éducatrice en gérontologie à raison d’un jour par semaine et le soir, en parallèle, la formation d'animation des loisirs des personnes âgées en Promotion Sociale. J’ai ensuite continué par le bachelier d’éducatrice spécialisée. J’ai été embauchée par la Province de Namur à temps partiel comme animatrice pour personnes âgées, il y a une quinzaine d’années. Le reste de mon temps de travail, j’ai continué à travailler dans l’aide à domicile. En tant qu’animatrice, c’est la Province qui me rémunère mais je suis la déontologie propre aux différentes maisons de repos dans lesquelles je me rends.

Combien d’heures prestez-vous par mois ? 

La Province me subsidie à raison de 80 heures par mois pour 10 maisons de repos. Je travaille donc 4 heures dans chaque maison toutes les deux semaines, souvent le samedi. A ma connaissance, on ne sait pas trouver un emploi stable à temps plein d’animateur de personnes âgées dans une seule maison de repos. Il s’agit très souvent d’une profession complémentaire. 

En quoi consiste votre travail ?

Il s’agit tout d’abord de susciter la présence des gens aux animations. Il est souvent difficile au début de les amener à participer à quelque chose. Beaucoup disent qu’ils n’ont pas envie. Quand j’arrive dans une nouvelle maison de repos, je commence par faire le tour des chambres pour me présenter auprès de tous les résidents. J’instaure une relation de confiance avec eux. Je leur demande ce qu’ils font la journée, ce qu’ils savent encore faire : lire, tricoter, etc. Il ne faut pas les infantiliser. La personne âgée est une personne adulte qui a un passé, un avenir. Il est important de prendre la peine d’écouter ses projets. Je rassemble ensuite tout et je pars de leurs besoins pour réfléchir à des animations. Ils vivent dans la même maison mais certains sont fort seuls. Quand un nouveau résident arrive, je vais également me présenter et lui proposer de participer aux animations, voir ce qu’il aimerait faire. Ensuite, la gestion du groupe est importante. Personnellement, je travaille avec tout le monde, personnes avec ou sans problèmes moteurs, personnes démentes, etc. Le but est de favoriser le respect, les contacts et la compréhension mutuelle. Je cadre les échanges afin que tout le monde puisse participer. J’essaie de partir de ce qu’ils veulent faire en allant plus loin. Par ailleurs, je vais aussi voir les résidents dans leur chambre, en individuel. Je fais de la réminiscence. Ceux qui veulent me racontent leur vie. Je suis là pour les écouter. Ensuite, si le résident en a envie, je lui propose d’écrire un article qu’on publie dans un petit journal qui circule dans la maison de repos. Ils écrivent seul ou avec l’aide de leur famille. Ca permet de les mettre en valeur, de les soulager d’un secret. Certains ont vécu la guerre, la mort d’un enfant. 

Concrètement, quels types d’activités proposez-vous ? 

La première activité consiste à mieux se connaître. J’indique aux valves quand je viendrai, le thème. Au début, bien souvent il n’y a personne quand j’arrive. Je vais donc les chercher dans leur chambre sans obligation bien-sûr. On se réunit autour d’une table, c’est plus sécurisant pour eux. J’explique qui je suis, quand je viendrai, dans quel but. On fait un tour de parole pour que ceux qui veulent exprimer ce qu’ils ont envie de faire. Le but est aussi de se connaître, ils vivent dans la même maison mais certains ne se connaissent pas. Au fur et à mesure des semaines, ils viennent d’eux-mêmes et attendent mon arrivée. Ensuite, les animations ont lieu en petits groupes ou en plus grands. Elles sont nombreuses et variées. Je leur lis les nouvelles du journal, on discute de l’actualité. On fait des jeux de société, de cartes favorisant la réflexion, le dialogue. Je m’arrange avec des magasins, coiffeurs, la pédicure qui viennent dans la maison pour avoir des lots (par exemple, une mise en plis) à offrir. Les personnes valides au niveau des mains font de la couture, du tricot. Elles réalisent des cadeaux à donner à la famille ou le personnel de la maison de repos. On fait aussi des sorties à l’extérieur. Pour les payer, on organise par exemple un marché de Noël avec ce que les résidents ont réalisé. C’est alors aussi l’occasion de faire entrer des extérieurs. J’essaie de développer les contacts avec des personnes externes. Pour favoriser les relations en intergénérationnel, des enfants d’écoles primaires viennent présenter un spectacle, les personnes âgées préparent des pâtisseries pour leur visite. J’organise aussi des animations pour aider notamment les personnes démentes à se remémorer certaines choses : des chansons, des senteurs, le goût, etc.

De quelles qualités faut-il faire preuve pour exercer ce métier ? 

Il faut vraiment être à l’écoute des personnes âgées, être ouvert et faire preuve de beaucoup de patience. L’animateur ne doit pas infantiliser les personnes âgées mais les respecter, les considérer comme des adultes ayant besoin de distraction. Il faut être aimable et empathique vis-à-vis des gens mais sans s’apitoyer, leur montrer qu’on participe à ce qu’ils disent. En outre, il ne faut pas avoir peur de la vieillesse. Un esprit novateur et de l’imagination sont utiles dans ce métier afin que les personnes ne se lassent pas des activités proposées. L’animateur doit pouvoir s’intégrer dans l’équipe pluridisciplinaire travaillant dans la maison de repos et respecter la déontologie de celle-ci. Enfin, il doit pouvoir établir des liens avec l’extérieur, le voisinage de la maison de repos et les écoles afin d’organiser des contacts avec les personnes âgées. 

Est-il important de continuer à se former ? Dans quels domaines ? 

Effectivement, il faut continuer à se former notamment pour connaître les différentes pathologies (diabète, maladie d’Alzheimer, etc.), pour entrer en communication avec des personnes âgées démentes ou ayant des problèmes moteurs, par exemple.

Quels sont les avantages et les inconvénients de votre profession ? 

Avantage(s) : le retour que j’ai des personnes âgées, le fait de voir qu’elles sont contentes, que l’animation leur a plu. Je me sens valorisée par les résidents, ils attendent ma venue. 

Inconvénient(s) : dans certaines maisons, le manque de reconnaissance de l’utilité des animations de la part du personnel. Un autre désagrément est la difficulté de trouver un emploi stable dans ce domaine. On ne sait pas vivre que de cette activité. Par ailleurs, certaines familles ou certains extérieurs mettent des verrous. 

Votre secteur est-il en évolution ? 

Je pense qu’il y a des fonctions à créer dans l’aide, l’accompagnement des personnes âgées. Certains professionnels pourraient par exemple accompagner la personne âgée dans sa transition entre son domicile et la vie en maison de repos. Par ailleurs, dans le domaine de l’animation, certaines personnes âgées qui vivent encore à leur domicile souffrent de solitude, d’ennui. Il serait intéressant de développer des activités pour elles. Je fais partie du Centre francophone d’expertise en ingénierie gérontologique. J’essaie d’être le relais entre la base et les pouvoirs publiques. J’ai déjà fait plusieurs propositions pour développer ce genre d’initiatives mais il n’y a pas encore de subsides. 

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.