Mme Christine Balthasart,
Responsable du département Architecture d'un bureau d'études

Interview réalisée en avril 2013

En quoi consiste le département Architecture du bureau d'études ?

De manière succincte, l'architecte, au sein du département Architecture, est à la fois créateur et technicien. Il crée un environnement fonctionnel et esthétique, traduit par des plans de bâtiments à construire, d'aménagements à réaliser, en fonction d’un programme défini par le maître d’ouvrage, soit celui qui décide de la construction. L’architecte propose des esquisses, dessine les plans, établit le cahier des charges, organise les demandes de prix aux entrepreneurs, suit le chantier et aide le maître d’ouvrage à réceptionner les travaux. Il intervient donc dès le début du projet et jusqu’à sa réalisation.

Comment devient-on responsable du département Architecture d'un bureau d'études ? Quelles sont vos fonctions ?

J’ai fait des études d’ingénieur architecte. En Belgique, il existe deux types de formation : les études d’architecte et les études d’ingénieur architecte. Ces dernières sont plus poussées techniquement, cela étant, les deux formations peuvent mener exactement au même métier.

A la fin de mes études, j’ai effectué le stage de deux ans, indispensable à tout architecte qui désire exercer en Belgique, en son nom. A cette occasion, j'ai collaboré avec un bureau important dans le domaine de la construction. Je me suis ensuite installée à mon propre compte et mes premières commandes sont venues d'amis, de la famille, puis l’éventail s'est élargi et les dossiers à traiter sont devenus plus importants au point qu’il devenait difficile de les mener à bien seule. Je me suis donc associée à deux confrères ingénieurs architectes pour créer un bureau. Quelques années plus tard, j’ai eu l’occasion de travailler pour Eurogare que j'ai finalement intégrée.

Ma fonction est d'animer et de superviser le département Architecture dans lequel travaillent sept personnes : cinq sont ingénieurs architectes et deux sont architectes.

Ont-ils tous la même fonction ?

Les postes ne sont pas vraiment hiérarchisés. C'est l'expérience qui détermine le degré de responsabilité de chacun dans les différentes phases d'un projet. Il est évident que chaque membre du département a ses points forts et qu'une équipe, pour bien fonctionner, doit rassembler des compétences et des talents qui se complètent. Néanmoins, chacun doit être en mesure d'aborder et de maîtriser toutes les facettes du métier : conception, technique, suivi de chantiers. Il est en effet essentiel de comprendre les difficultés de la mise en œuvre ou celles que l’entrepreneur rencontre dans la réalisation du projet.

Travaillez-vous avec les autres départements du bureau d’études et de quelle façon ?

Nous travaillons très régulièrement avec les autres collaborateurs du bureau d'études : 

  • ingénieurs en techniques spéciales (électricité, chauffage, sanitaires, etc.) ; 
  • ingénieurs spécialisés dans le domaine ferroviaire (signalisation, techniques de transmission de données) ;
  • dessinateurs ;
  • conducteurs de chantier.

Eurogare ne comptant pas d’ingénieurs spécialisés en stabilité construction, nous recourrons pour les calculs de structure à effectuer, à un partenaire du Groupe SNCB ou à un bureau extérieur. En fonction de la charge de travail, il nous arrive également de devoir faire appel à la sous-traitance en matière de techniques spéciales 

Le bureau de dessin est chargé de dessiner les plans que les architectes lui ont fournis. Parmi nos dessinateurs, certains sont titulaires d’un bachelier en construction, d'autres ont suivi une formation spécifique de dessinateur, d'autres encore ont entamé des études d’architecte qu'ils n'ont pas achevées.

Le suivi de chantiers est assuré par deux collaborateurs qui sont en permanence sur le terrain. Ce sont eux qui rendent compte à l’architecte des problèmes qu’ils peuvent rencontrer. Ils aident aussi aux calculs des quantités, au contrôle des états d’avancement.

Concrètement, en quoi consiste votre travail ?

Mon travail est consacré essentiellement à la gestion. Précédemment, je réalisais plus de tâches propres à l’architecte : conception, dessin, etc. Aujourd’hui, j’assure le support aux clients ou à mes collègues ou à d’autres partenaires (sous-traitants). Je fais encore du suivi de chantier, je contrôle les fiches techniques des matériaux à mettre en œuvre, les plans d’exécution produits par l’entrepreneur. En effet, en tant que bureau d'architecture, nous réalisons des plans de principe sur lesquels l’entrepreneur s'appuie pour faire des plans d’exécution qu’il nous soumet avant de commencer le travail. 

Quels sont vos horaires ? Comment se déroule une journée-type ?

Que ce soit comme indépendant ou au sein d'une structure comme celle d'Eurogare, les journées de travail d'un architecte sont bien remplies et débordent souvent des horaires habituels de prestation quotidienne. Ce qui rythme ces journées, c'est avant tout la charge de travail, les échéances.

Votre formation correspond-t-elle aux exigences de votre métier ?

J'ai terminé mes études en 1977 et depuis la formation a évolué. C'est heureux puisque la profession a elle-même connu une importante évolution qui a nécessité bon nombre d'adaptations et de mises à niveau au fil des années.

Il me semble en tout cas important de souligner que le métier d'architecte signifie dans la majorité des cas un statut d'indépendant. Lorsque je me suis engagée dans cette voie, je n'avais pas réellement mesuré ce que cela impliquait. A l'époque, nous ne bénéficiions pas de la sécurité sociale. Aujourd'hui, les choses ont heureusement changé ; il n'empêche : les lois sociales pour les indépendants ne sont pas les mêmes que pour un salarié.

Quels sont les avantages et les inconvénients de votre profession ?

Avantage(s) : voir se concrétiser ce que l'on a imaginé, conçu, étudié, procure une intense satisfaction. Par ailleurs, c'est un métier de contacts, très enrichissant, où il est possible d'aborder des domaines très divers, selon les clients et les projets. 

Inconvénient(s) : les budgets dans lesquels il faut inévitablement inscrire un projet constituent une contrainte qui peut être source de frustrations. Cette contrainte peut néanmoins aussi être stimulante en ce qu'elle oblige à rechercher des solutions alternatives à des problèmes qui sont posés. 

Auriez-vous un conseil à donner à une personne intéressée par ce domaine ?

Choisir la profession par goût de créer et par passion.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.