Mr Denis Roland, Antiquaire

Interview réalisée en octobre 2011

En quoi consiste concrètement le métier d'antiquaire ?

Il s’agit d’acheter et de vendre des antiquités, c’est-à-dire du mobilier, des objets, des tableaux qui représentent un intérêt artistique, historique, qualitatif ou décoratif. Les acheteurs sont des collectionneurs ou simplement des personnes qui souhaitent décorer leur intérieur. L’activité de l’antiquaire consiste également à rassembler le maximum d’informations sur l’objet, d’où la fréquentation importante des musées et bibliothèques.

Etes-vous spécialisé dans un type d'objet en particulier ?

Oui, nous sommes spécialisés dans la céramique. De nos jours, les antiquaires sont obligés de se spécialiser pour que leur activité soit viable. Avec l’ère de l'internet, l’information et la documentation sont accessibles à tous, tant pour la signification, la provenance, que le prix de l’objet. La bibliothèque, même très fournie, de l’antiquaire « généraliste », s’avère donc insuffisante aujourd’hui.

Où trouvez-vous les objets que vous achetez ?

Chez des particuliers qui nous contactent suite à des annonces que nous avons publiées sur internet. Nous les trouvons aussi dans les salles de vente. Nous nous rendons également aux déballages professionnels qui réunissent les antiquaires et brocanteurs à un même endroit.

Faites-vous parfois appel à d'autres professionnels comme des restaurateurs ?

En ce qui concerne les tableaux, oui. Nous les nettoyons, mais notre travail s’arrête là. Pour le mobilier ou certains objets, le prix d’achat est déjà tellement élevé que, généralement, nous les restaurons nous-mêmes avec des techniques acquises dans le domaine.

Quel est votre parcours ?

Mon père est antiquaire et véritablement passionné. J’ai donc hérité de sa passion et j’ai appris le métier sur le tas. C’est souvent comme cela que ça se passe, même s’il existe des formations d’antiquaires. Sinon, je suis enseignant de formation. Aujourd'hui, l'activité est difficile dans un contexte économique incertain et un désintérêt perceptible des jeunes pour "l'antiquité". 

Qu'est-ce qui vous a attiré vers ce domaine ?

Mon père m’a transmis sa passion. Il s’agit d’un métier très agréable car il s’agit d’acheter de belles choses et de les revendre. On part à la recherche, à la découverte du beau et on tombe parfois sur de belles surprises. On rencontre aussi beaucoup de passionnés. Malheureusement, les gens ont tendance à se désintéresser des antiquités, car le phénomène de mode n’est plus d’actualité, ou ils n’ont plus assez d’argent et ils préfèrent le consacrer à d’autres choses.

Quelles sont les qualités à posséder pour devenir antiquaire ?

Il faut être passionné, si possible dans une spécialité bien précise, et se rendre « incontournable » sur le marché. Aujourd’hui, les acheteurs ou vendeurs se tournent de plus en plus vers les salles de vente, qui leur semblent plus sécurisées. La qualité indispensable également est la connaissance. D’où la fréquentation assidue des bibliothèques et musées. Mais également du concret, comme les brocantes, antiquaires ou salles de vente, où il y a possibilité de « toucher » l’objet. Il faut commencer par les brocantes et ne pas compter ses heures, car certains marchés commencent à 2h ou 3h du matin. Il ne s’agit pas d’une qualité mais il est important aussi d’avoir une réserve d’argent car, contrairement aux autres commerçants, nous accumulons un stock que nous ne sommes pas certains de vendre. Et si nous ne vendons pas, nous ne pouvons plus acheter. Parfois, cela va prendre des années pour vendre une antiquité !  Paradoxalement, une antiquité non vendue ne perd pas nécessairement de sa valeur. Elle peut parfois valoir beaucoup plus quelques années plus tard et inversement. Par exemple, des vases en porcelaine chinoise qui ne valaient pas grand-chose une dizaine d’années auparavant, valent des fortunes aujourd’hui. Cela est dû à l’émergence économique de la Chine et à sa volonté de rapatrier son patrimoine culturel.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.