Interview anonyme,
Documentaliste pour une multinationale de fabrications pharmaceutiques

Qu'est ce qu'un documentaliste ?

C'est la personne qui joue un rôle de filtre entre l'information et l'utilisateur. Il structure et gère l'information afin de la transmettre aux autres. Le documentaliste donne de la valeur ajoutée à l'information.

A qui servent vos informations ?

Ici, on a vraiment une politique de service. On utilise l'information comme un moyen de rentrer en contact avec nos clients. On offre la possibilité aux médecins de nous poser des questions, même si celles-ci ne sont pas en relation directe avec nos produits. On dit aux médecins : "vous cherchez une information dans votre domaine ? Et bien, comme on a la structure pour le faire, on veux bien vous offrir le service".

Le travail interne est également très important. Il existe une production d'informations au sein de l'entreprise, c'est le rôle du documentaliste de la faire circuler, de la gérer, de permettre une certaine mémoire de l'entreprise. En temps qu'outil de circulation et de redistribution de l'information, nous en sommes aussi les dépositaires. C'est, en quelque sorte, le stade ultime du travail de documentaliste. Cela permet également d'éviter les doublons, d'éviter le travail inutile ou les projets qui n'ont aucune chance d'aboutir.

Quels sont les outils que vous utilisez ?

D'abord les outils traditionnels que sont les périodiques. C'est l'outil le plus utilisé, le plus diversifié et le plus rapide de la littérature primaire. C'est aussi le plus efficace au niveau de la diffusion de l'information. Les livres, eux, sont relativement peu utilisés.

Et pour avoir accès à ces périodiques, on utilise les bases de données, soit sur CD-Rom, soit en ligne, soit via internet. Ce sont ces sources secondaires qui nous permettent d'avoir accès à l'information. Aujourd'hui, aucun centre de documentation ne peut se permettre de travailler sans ordinateur. C'est impensable.

Il est également très important d'établir et de posséder un excellent carnet d'adresses.

C'est donc un métier de contact ?

Il faut toujours expliquer ce que signifie l'information qu'on donne. Ce n'est pas simplement fournir une bibliographie mais expliquer pourquoi on donne telle information, comment on a travaillé, etc. Il y a un réel dialogue qui doit être développé avec l'utilisateur. Le contact humain doit toujours rester primordial. Notamment avec les autres documentaliste afin de réaliser un réel travail d'équipe.

Quelles sont les qualités d'un bon documentaliste ?

Rigueur, précision, curiosité, sens du contact, posséder un regard critique sur l'information. C'est à dire la recouper, la comparer, connaître les compétences de l'auteur. Savoir se concentrer sur l'essentiel, avoir une bonne connaissance des sources. Il faut aller jusqu'au bout et ne pas se limiter à la première source, il faut diversifier. Cela améliore la vision que l'on a d'une information.

Il ne faut, cependant, surtout pas être exhaustif : on vous demande une information, pas toute l'information.

C'est surtout la connaissance des sources qui est primordiale et qui demande du temps. En fait, le domaine dans lequel on travaille importe relativement peu.

Qu'est-ce que vous aimez dans votre travail ?

Le fait que cela change tout le temps, c'est un domaine qui bouge énormément. En fait, on n'est jamais au bout, il y a toujours moyen d'améliorer. Il y a toujours des nouvelles sources, des nouvelles techniques qui permettent d'affûter la gestion de l'information.

Qu'est-ce que vous n'aimez pas dans votre métier ?

Que ce ne soit jamais fini. Dès qu'on a terminé quelque chose, il y en a une autre qui attend. On ne peut jamais dire : "bon, maintenant, je suis tranquille". On est toujours un peu sous stress. Il faut toujours apprendre plus, apprendre mieux. Cela a ses avantages, mais parfois il faut savoir assumer. Ce n'est pas toujours évident.

Cette pression est due au fait que nous sommes toujours légèrement en retard : il y a un décalage entre l'instant où une info est publiée et le moment où elle est mise à disposition. On a toujours l'impression de courir derrière quelque chose. Il y a toujours le problème du temps, cela ne va jamais assez vite.

Quelle est l'évolution du métier ?

Vers une professionnalisation. Avant, on avait beaucoup de personnes qui avaient un autre bagage, qui se formaient sur le tas. Maintenant, je crois que cela sera de plus en plus difficile parce que le métier demande de plus en plus de compétences et de connaissances vraiment spécifiques aux documentalistes. L'explosion de l'information fait qu'il faut de plus en plus savoir gérer les outils. Un documentaliste, c'est quelqu’un qui analyse réellement l'information.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.