Mr Eric Brachot, Steward

Interview réalisée en janvier 2010

Quelle formation avez-vous suivie pour devenir steward ?

A l'époque où j'étais intéressé par ce métier, en 1996, la formation était assurée par les compagnies aériennes elles-mêmes sous l'agrément de l'administration de l'aéronautique. Il n'y avait pas encore d'école comme maintenant le centre de compétence WAN à Gosselies. J'ai passé un examen d'entrée où l'on a testé mon niveau d'anglais (nécessaire car tous les cours et manuels sont dans cette langue) et de néerlandais, puis, des j'ai eu des tests de culture générale, psychotechniques et de groupes (afin de déterminer la capacité à agir et évoluer au sein d'un équipage). Après ces tests, j'ai suivi une formation de plusieurs mois : théorique (connaissances aéronautiques, sécurité, procédures, connaissance des équipements, premiers soins, psychologie, survie, sûreté aérienne), et pratique (lutte contre le feu, évacuations, exercices en piscine, réanimation) mais aussi des cours commerciaux : service à bord, œnologie, vente de produits hors-taxes, connaissance des cultures étrangères, protocole, etc. Enfin j'ai suivi une formation pratique sur le type d'avion sur lequel j'allais travailler. A noter que pour toute la partie sécurité, il s'agit d'une formation continue et l'on repasse des tests et examens théoriques et pratiques chaque année.

Quel a été votre parcours professionnel après la réussite de votre formation ?

J'ai donc été engagé en "free lance" par la compagnie qui avait assuré ma formation. Ensuite, j'ai changé de compagnie pour avoir un contrat fixe. Suite à la faillite de cette seconde compagnie j'ai retrouvé du travail dans une troisième, que j'ai quitté quatre ans après pour TNT Airways (actuellement, ASL Airlines Belgium).

Pourquoi avoir choisi ce métier de steward ?

Bien qu'ayant, à la base, étudié l'histoire de l'art, j'ai toujours travaillé dans le domaine du tourisme (agence de voyage, tour opérateur). J'ai toujours adoré les voyages et le contact humain. J'ai répondu à une petite annonce me disant que je ferais cela quelques temps, puis je dois reconnaître que l'aviation est un virus et quand il vous prend. Bref cela fait quinze ans que j'exerce ce métier !

Quel type de vols effectuez- vous pour ASL ?

Essentiellement des vols charter moyens courriers, destinations vacances autours de la Méditerranée. Avoir volé en long courrier pendant six ans m'a permis de découvrir le monde mais j'étais parti vingt jours par mois. Maintenant, je rentre à la maison après mes vols ce qui est plus conciliable avec une vie de famille.

Pouvez-vous nous décrire vos tâches avant le vol, pendant le vol et après le vol ?

Avant le vol, on commence par un briefing avec les pilotes pour les données du vol et l'on revoit certaines procédures particulières. Ensuite, tant que les passagers ne sont pas encore là, on prépare entre les membres de l'équipage de cabine la partie commerciale, le poste occupé par chacun, le service à effectuer, etc. Ensuite, à bord, chacun contrôle l'équipement de la zone de l'appareil dont il est le responsable. Puis on vérifie que nous avons nourriture et boisson en suffisance. Il s'agit de tout avoir avant le départ, car une fois en l'air, il est trop tard pour faire quoi que ce soit !
Quand tout le personnel du sol a débarqué et avant le boarding (embarquement des passagers), nous effectuons encore une vérification de sûreté afin de voir s'il n'y a pas d'objet indésirable qui traîne. Nous procédons ensuite à l'embarquement vérifiant que les règles de sécurité liées à l'attribution des sièges sont respectées. Quand tout le monde est installé, on compte les passagers et on ferme les portes.
On prépare ensuite la cabine pour le décollage, on fait le briefing des passagers, on veille à ce que tout soit bien assuré et verrouillé. 
Pendant le vol, nous veillons au bien-être des passagers et au respect des consignes. Nous servons repas et boissons, distribuons jouets et bonbons aux enfants. On prépare ensuite la cabine pour l'atterrissage.
Quand tout le monde à débarqué on vérifie à nouveau que personne n'ait rien oublié. On range le matériel et on prépare à nouveau l'équipement pour le vol suivant. Après avoir quitté l'avion on fait le débriefing du vol et on clôture les inventaires et comptes du bar et de la vente de produits hors taxes.

Qu'est-ce qui plaît dans cette fonction ?

La variété. Chaque vol est différent, les passagers changent, les destinations aussi. Même les collègues diffèrent. Et puis c'est gai d'échapper à la grisaille belge et d'aller voir le soleil même si ce n'est que pour quelques heures.

Et quels seraient les côtés plus négatifs ?

Personnellement je n'en vois pas ! Mais plus sérieusement, il s'agit quand même de bien s'organiser pour être bien reposé surtout quand on enchaîne trois nuits d'affilée !
Il y a aussi des vols le week-end et les jours fériés et l'on est parfois en décalage avec les amis puisque l'on travaille quand les autres sont en congé. Certains souffrent du décalage horaire et d'autres pas, nous ne sommes pas tous égaux devant la nature ! Personnellement, je n'en ai jamais souffert mais il faut savoir parfois dormir sur commande, même au milieu de la journée.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un désireux de devenir steward ?

Foncez sans hésiter ! Etudiez les langues ! Personnellement, je ne changerais de métier pour rien au monde !

Un steward gagne-t-il bien sa vie ?

Moins bien qu'avant, c'est sûr. La démocratisation des prix des voyages et l'arrivée des compagnies low-cost y étant pour beaucoup. Mais dans l'ensemble, cela reste attractif, sans compter les avantages type billets réduits... ou gratuits !

Etes-vous payé comme un salarié ou par vol effectué ?

Personnellement, j'ai un statut d'employé et donc un salaire fixe. J'ai aussi une prime par heure de vol.

A votre avis, trouve-t-on facilement de l'emploi ?

Les compagnies recrutent en permanence, surtout en prévision de la saison d'été pour les charters. Il faut aussi voir en dehors des frontières. Grâce aux TGV et autres Thalys, Paris, Amsterdam, Londres et Francfort ne sont plus si loin. 

Quelle est, selon vous, la proportion de stewards par rapport au nombre d'hôtesses ?

Il y plus ou moins 30/40% de stewards selon les compagnies. Ça fait partie des charmes du métier !

Existe-t-il une hiérarchie au sein des stewards et hôtesses ?

Bien sûr. L'aviation est un monde très hiérarchisé. Chaque équipage est placé sous la direction d'un ou d'une chef·fe de cabine. Les postes sont attribués en fonction de l'ancienneté.

Jusqu'à quel âge comptez-vous exercer cette fonction ? 

Aussi longtemps que ma santé me le permettra ! On peut prendre sa pension après 23 ans de carrière et en général peu de gens continuent au delà de 55 ans. On peut aussi combiner avec du travail au sol, comme de l'instruction.
 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.