Mr Etienne Stiernon,
Négociant en bois

Interview réalisée en septembre 2007

Quelle est votre formation, votre parcours professionnel ?

J'ai un master en sciences économiques. Après avoir satisfait à mes obligations militaires, j'ai entamé ma carrière dans la grande distribution chez Wickes, société reprise ensuite par Gamma. J'ai d'abord travaillé en Belgique puis au siège central européen à Breda et enfin au siège international à Londres. En 1997, suite à une modification d'actionnariat, mon père m'a demandé de reprendre le flambeau et j'ai accepté.

Comment pourrait-on décrire la profession de négociant en bois ? En quoi consiste-t-elle ? Quelles sont ses particularités ?

Le négoce bois consiste à assurer les achats, le stockage, la distribution et la transformation des produits en bois mais aussi des produits connexes. Ainsi, le négociant en bois est amené à élargir sa gamme de produits afin de répondre le mieux possible aux besoins des clients qui, dans les métiers du bâtiment, sont amenés à placer ou à utiliser eux-mêmes des produits qui ne relèvent pas au départ de la profession de menuisier ou de couvreur. Le secteur du bois est en pleine mutation : on est à la veille d'une phase de consolidation et, de surcroît, c'est un métier fort particulier. Selon moi, il n'y a plus réellement d'école assurant une formation complète : il s'agit plutôt d'un savoir qui se transmet de génération en génération.

Dans la filière bois, à quel niveau se situe votre société SA Stiernon & Fils ?

Le négociant en bois se trouve à l'avant-dernière étape, juste avant l'utilisateur final, qu'il soit homme de métier ou particulier.

Quelles sont vos tâches principales ? Comment se compose votre emploi du temps ?

Comme tout négociant, notre but est d'assurer en amont de bonnes sources d'approvisionnement au point de vue qualité, prix et continuité ainsi qu'un stockage idéal des produits tout en étant constamment à la recherche de nouveautés. Pour la phase de commercialisation, nous veillons à la disponibilité des produits dans les entrepôts pour les enlèvements ainsi que l'assurance d'un accueil et d'un conseil agréable pour le client. Enfin, une structure de transport est nécessaire afin de livrer les clients dans les meilleures conditions à l'intérieur de notre zone de chalandise.

Quelles qualités incontournables faut-il réunir pour exercer cette profession ?

Avant tout, des affinités avec la matière "bois", qui est assez particulière et avec le monde de la construction en général. De plus, un bon sens pratique est nécessaire pour être compris par les personnes confrontées à des situations concrètes. Enfin, je citerais aussi l'humilité, la proximité.

Présente-t-elle certains avantages ou des inconvénients (notamment horaires, risques pour la santé, etc.) ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?

Oui, elle présente des avantages indéniables en matière de relations humaines. En général, il y a une bonne ambiance avec le personnel ainsi qu'avec les clients. Le bois est un produit tout à fait à part, exceptionnel. On peut en tirer de nombreuses applications. C'est également un métier qui exclut toute routine : un jour ne ressemble pas à l'autre. Mais, c'est aussi un métier difficile. Les horaires, comme pour tout indépendant, sont contraignants. D'autre part, il y a quelques risques pour la santé, malgré d'énormes efforts qui ont permis de réduire de manière drastique les accidents dans les négoces et les scieries. Quant aux difficultés, elles résident dans les délais de paiement et le recrutement de personnel qualifié car la formation est selon moi insuffisante. Enfin, il y a eu une modification complète du circuit de distribution qui voit parfois certaines étapes de la filière être court-circuitées.

Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

Sa diversité, sa polyvalence, le contact avec le matériau et la proximité avec les clients.

La profession a-t-elle évolué ? De quelle manière ?

Oui, elle a évolué. Le négoce connaît de nombreuses mutations. Au départ, il n'y avait que du bois chez un négociant. A présent, on trouve beaucoup de produits connexes, ce qui a pour conséquence qu'un particulier a parfois l'impression de se trouver dans un magasin de matériaux. Par ailleurs, on constate une diminution constante du nombre de négoces. Traditionnellement, ce type d'activité se transmet de génération en génération mais il arrive parfois que la société s'arrête, faute de succession. Enfin, la clientèle a aussi énormément changé. Ainsi, le menuisier, qui était notre principal client, est de moins en moins fabricant mais de plus en plus utilisateur et poseur de produits.

Pensez-vous qu'il s'agit d'un métier d'avenir ?

Je le pense mais sous d'autres formes que le négoce bois traditionnel actuel. La proximité, le service, la valeur ajoutée, les exclusivités produits, et un ciblage pointu de la clientèle comptent parmi les éléments déterminants qui assureront un avenir prometteur à notre métier.

Quel conseil pourriez-vous donner à une personne intéressée par ce métier ?

Je lui conseillerais avant tout de développer continuellement sa connaissance du monde de l'entreprise mais aussi celle de ses produits. L'environnement économique général évolue beaucoup plus vite que par le passé et l'apparition de nouveaux produits dans notre secteur s'est également accélérée. Il lui faudra encore être constamment à l'écoute du marché (clients, fournisseurs, concurrents) afin d'anticiper la demande et de détecter les menaces et les opportunités. La patience, le courage, l'humilité et la ténacité lui permettront enfin d'éviter les écueils qui se dresseront sur son parcours.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.