Mr François Dussenne,
Soigneur d'arbres

Pourriez-vous brièvement présenter votre société ?

J'ai créé ma société, Arboritech SPRL, en 1990. Ses activités principales sont l'élagage et l'abattage. Les spécialités sont la taille douce des grands arbres qui respecte la biologie et l'architecture de l'arbre (précurseur en Belgique) et le démontage de gros arbres dangereux sur poulies et cordes.

Il s'agit d'une SPRL unipersonnelle n'employant pas de salariés. Je travaille avec des collaborateurs indépendants tant pour me seconder dans les travaux aériens que pour tout ce qui est travail des sols (évacuation, traitement du bois, nettoyage, etc.).

L'équipe de base se compose d'un grimpeur et de deux hommes de sol mais s'étend sur les plus gros chantiers jusqu'à six grimpeurs et trois hommes au sol.

De quels horizons proviennent les hommes qui y travaillent ?

Les personnes qui y travaillent proviennent d'horizons très divers.

C'est un métier qui ne dispose pas encore d'accès à la profession et qui requiert seulement un désir et un investissement personnel de formation toutefois indispensable. Cela laisse la porte ouverte même à des personnes ayant eu des difficultés scolaires, ce qui est un plus, pour peu que l'on considère qu'il exige une connaissance des règles de l'art.

En quoi votre fonction consiste-t-elle ?

Je suis gérant de la société et, à ce titre, c'est moi qui établit les devis et les factures et qui organise les chantiers. Je suis également le grimpeur principal et suis donc présent et actif sur tous les chantiers.

Comment se déroule une journée de travail ?

La journée commence toujours par le chargement du matériel nécessaire au chantier de la journée dans le camion. Dès l'arrivée sur chantier, 8h30 en général, les tâches sont réparties et les priorités ainsi que le déroulement sont établis.

Le matériel est alors mis en place (camion, broyeuse de branches, tronçonneuses, cordes, etc.).

Nous faisons un break d'une heure à midi et la journée se termine le plus souvent vers 18h.

Sur le chemin du retour il faut décharger les copeaux dans un lieu de recyclage (8 à 12 m3 par jour) et une fois arrivé à l'atelier, le camion est déchargé et le matériel rangé.

Quels sont vos parcours scolaire et professionnels ?

J'ai mon diplôme des secondaires supérieures (CESS). J'ai également suivi une spécialisation en taille et soin des arbres dans un centre de formation en France (Châteauneuf du Rhône en Drôme) sur une période de huit mois. Suite à cette formation, j'ai créé ma propre entreprise.

Votre formation a-t-elle été suffisante pour exercer votre profession ?

Je pense que ma formation a été suffisante pour entrer dans la profession, mais étant donné l'évolution constante propre à une profession nouvelle, il est indispensable de se tenir au courant et de participer aux séminaires qui sont d'ailleurs assez fréquents.

D'après vous quel est le profil idéal pour exercer ce métier ?

Il est indispensable pour être un bon professionnel d'avoir au moins une formation de base telle qu'elle est dispensée en France et dans deux ou trois écoles en Belgique, notamment à l'IFAPME. Il s'agit d'une formation de grimpeur-élagueur. On y enseigne non seulement les techniques de grimpe et de sécurité mais également et surtout les connaissances en biologie végétale et architecture de l'arbre indispensables pour faire un travail de qualité.

Il faut aimer la nature, être sportif, ne pas craindre la hauteur et disposer d'une large dose de volonté qui doit être animée par la passion.

Quelles sont les perspectives d'avenir de cette profession ?

C'est une profession qui progresse très rapidement et qui a de l'avenir. Les élagueurs seront cependant appelés à être de plus en plus pointus et qualifiés. On ne pourra plus se contenter à l'avenir, à mon avis, d'avoir de l'audace et de savoir manipuler une tronçonneuse.

Le grimpeur-élagueur de demain devra apporter des réponses et solutions prenant en compte tous les aspects de son impact sur l'arbre et l'environnement, les critères de santé, d'esthétique, de sécurité de gestion à long terme, etc. On fait de moins en moins appel à des "coupeurs de bois" mais de plus en plus à de "tailleurs d'arbres".

En conclusion : pour moi, la meilleure façon d'appréhender un arbre dans lequel on évolue est d'arriver à ce poser dessus comme un oiseau, un écureuil ou un papillon. Ce n'est pas seulement une attitude physique mais surtout un état d'esprit qui libère des appréhensions d'une part mais également des instincts de domination et de conquêtes.

Un jour d'été 93, n'ayant pas encore été intégré cet état d'esprit, j'escaladais en conquérant un peuplier du Canada en France. Sûr de moi et de mes capacités physiques, je négligeais les consignes de sécurité qui prévalent pour un déplacement sûr et serein. Sans que je me rappelle pourquoi, j'ai soudain perdu l'équilibre et chuté d'une hauteur de 18 mètres. Je n'ai repris connaissance qu'aux soins intensifs à l'hôpital. Depuis ce jour je n'ai plus jamais négligé la sécurité. Les techniques de cordes actuelles permettent de se déplacer en légèreté et sécurité jusqu'à la cime et aux bouts des branches. Se poser comme un papillon sur une branche c'est, pour un grimpeur-élagueur d'aujourd'hui, connaître et maîtriser toutes les techniques de déplacement en sécurité dans l'arbre.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.