Mme Furnelle, Psychanalyste

Interview réalisée en janvier 2005

Depuis quand êtes- vous psychanalyste ?

Je pratique la psychanalyse. C'est une pratique et non un titre que l'on porte une fois pour toute puisqu'il s'agit d'un travail permanent de remise en question, de réflexion, de questionnement à vie. Je pratique depuis une quinzaine d'années. J'ai commencé par une pratique psychothérapeutique et au fil du temps, je me suis autorisée à une pratique de la cure type. Depuis près de 20 ans, je travaille dans le cadre d'une institution qui s'appelle le questionnement psychanalytique.

Comment s'est construit votre parcours ?

Au départ, je réalise des études d'assistante sociale durant lesquelles j'ai rencontré des personnes très intéressantes comme Mr Turner, Mme Dupont, Mme Almasi qui m'ont parlé de Freud, de Winnicott, de Mélanie Klein. J'ai commencé à lire des ouvrages de ces auteurs et j'y ai découvert un nouveau monde, celui de l'inconscient. Ces professeurs nous apprenaient à lire ces textes. C'était passionnant. J'ai commencé un travail personnel en parallèle à de nombreuses lectures. Après ces études, j'ai souhaité travailler dans le domaine de la santé mentale confirmé par un stage réalisé en dernière année. J'ai suivi deux années en cours de jour, la spécialisation en santé mentale. J'obtiens ainsi un diplôme d'assistante sociale en psychiatrie. Je décroche un emploi dans le cadre de la toxicomanie en œuvrant à la mise sur pied d'un centre dans la région de Charleroi. Après cette expérience, j'ai été engagée dans un centre de santé mentale pour enfants. J'ai continué mon parcours de formation en thérapie familiale avec Sigy Hirch et Maggy Simeon tout en démarrant une analyse personnelle. Je travaillais avec des familles présentant des problèmes multiples, économique, éducatif, avec la justice, des familles disloquées. La double écoute était importante. Néanmoins, dans cette approche pragmatique, il me manquait une dimension, celle de l'inconscient. La psychanalyse amenait des éléments d'approche supplémentaires. Je suis des séminaires et une formation en psychanalyse d'enfants à Chapelle aux Champs, à l'époque où l'on pouvait choisir un cursus à la carte. Après cela, dans les années 80, je décide de m'inscrire dans cette association du groupement psychanalytique qui se formait juste à cette époque. Cette association offrait des possibilités de réflexions, des groupes de travail intenses, d'échanges cliniques sur les textes où chacun s'attelle directement.

Dans quelles institutions pratiquez-vous ?

J'ai une pratique privée en partie et en santé mentale également. Je travaille comme psychothérapeute dans un centre dans l'équipe pour enfants et adolescents. C'est un milieu géographique mixte, je reçois des enfants de la classe moyenne mais également de situations défavorisées des environs tels que Schaerbeeck, St Josse, Evere. Ce sont des situations généralistes comme les troubles scolaires, l'hyperkinésie, les angoisses nocturnes, les problèmes psychosomatiques. J'utilise des outils d'expression comme les dessins, la plasticine, etc. Dans le cadre privé, je travaille avec des adultes.

Peut-on dire que la psychanalyse est surtout conseillée pour certains types de problématiques ?

La psychanalyse est plus adaptée aux névroses au sens large, hystérique, obsessionnelle, d'angoisse, les phobies, les problématiques suicidaires dans le cadre d'état limite etc. Il s'agit d'élaborer la question de l'angoisse notamment. Pour ce qui concerne la psychose, il n'est pas question de travailler de la même manière, il s'agira plus d'étayage dans ces cas là.

Peut–on dire qu'un psychanalyste a un terrain de pratique privilégié ?

Certains analystes sont peut-être plus à l'aise avec une situation plutôt qu'une autre. Certaines situations sont peut-être plus difficiles à entendre que d'autres. Certains diront qu'ils ne peuvent travailler avec les enfants et privilégieront la pratique avec les adultes. Certains diront qu'ils auront plus de difficultés de travailler avec des obsessionnels qui amènent les choses de manière plus rigidifiées, qui amène les choses en surface.

Quels sont les savoirs-faire et les savoirs-être attendus dans cette pratique ?

Ce qui est important c'est d'avoir l'humilité par rapport au savoir, rester humble par rapport à d'autres analystes qui ont amener leurs réflexions. Il n'est pas rare qu'un texte qui a été travaillé un jour, travaillé à nouveau quelques années plus tard soit lu d'une autre manière et continue à questionner. Le savoir c'est le savoir de l'inconscient qui ne peut pas se figer une fois pour toute. Nous devons être à l'écoute de cet autre savoir. Le savoir n'est pas confirmé une fois pour toute, il est constamment élaboré. Nous devons savoir que nous sommes divisé, il s'agit là d'une question complexe. En tant qu'analyste nous sommes soumis à cette loi de la division du sujet. Lacan a écrit de nombreux séminaires pour remettre en question cette notion d'être.

Comment évolue le parcours ?

Chacun à son cheminement. La personne choisit un superviseur, un analyste qui a un long parcours et qui fait partie de l'institution du questionnement ou d'une autre école de psychanalyse. Il faut bien entendu amener des situations cliniques. Du fait des participations aux cartels, aux séminaires et autres on peut dire que nous sommes en formation permanente.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.