Mr Hervé Charles,
Professeur en réalisation audiovisuelle

Quelle place le secteur multimédia occupe-t-il actuellement sur le marché de l’emploi en Belgique et quelles sont ses perspectives d’avenir pour les 10 prochaines années ?

Actuellement, le multimédia orienté vers l’Internet (programmation de sites Web etc.), est en nette progression et c’est ce qui se développe principalement. Par contre, le multimédia sur support (construction de CD-Roms, etc.) est en chute libre. En terme d’emploi, il est difficile de citer des chiffres parce que la plupart des gens qui travaillent dans le multimédia exercent d’autres activités. Par exemple, la majorité des sociétés de multimédia sont, à l’origine, des sociétés de graphisme ou de photographie qui ont à présent un département multimédia et souvent, elles travaillent de concert avec des programmateurs indépendants auxquels elles font appel ponctuellement.

S’il fallait établir une typologie des entreprises qui évoluent dans le multimédia, il semble que l’on puisse en dégager 2 grandes sortes : primo, les acteurs du marché qui construisent l’offre (fournisseurs d’accès, constructeurs informatiques, etc.). Secundo, des sociétés qui étoffent leur offre grâce aux nouvelles technologies avec d’une part, des sociétés de communication au sens large (publicité, audiovisuel, édition, publicité, etc.), versées dans le multimédia, d’autre part, des entreprises des secteurs dits traditionnels qui ont développé en leur sein un département multimédia. Cette catégorisation est-elle correcte ?

La plupart de ces sociétés nouvelles sont issues des fournisseurs d’accès qui dans un premier temps fournissaient simplement une connexion sur abonnement, c’est ce qu’on appelle les ISP (Internet Services Provider). Ensuite, ces sociétés ont développé d’autres services : création de sites, hébergement, etc. Et ensuite, il y a eu un boom énorme. Le point de départ a donc été l’accès à Internet (pour les sociétés et les particuliers) et les problématiques techniques qui lui sont inhérentes.

Il y a aussi des indépendants, informaticiens à la base, à qui on a demandé de développer des sites Web et qui, à présent, font une sorte de consultance en multimédia. En fait, il existe une frontière importante entre ceux qui ont la maîtrise technique et ceux qui ont la maîtrise communicationnelle et il y a des sociétés qui regroupent les différentes forces vives. D’après moi, les sociétés qui sont les plus efficaces sont celles qui gèrent l’entièreté des choses ou bien celles qui sont issues de l’édition et de la publicité. Parfois, c’est une question de terme : une grande agence de publicité peut avoir développé un département multimédia devenu indépendant par la suite. Il y a aussi quelques "aventuriers" qui ont ouvert leur propre société en se disant qu’ils allaient se lancer dans l’édition multimédia.

En ce qui concerne le dernier type de société que vous citez (ayant développé en leur sein un département multimédia), ça me semble une portion très congrue par rapport aux sociétés d’édition, de publicité et d’audiovisuel qui elles ont développé leur département multimédia parce qu’elles ont cette réflexion de communication. Même au sein de grandes banques qui ont pourtant leur journal d’entreprise, c’est exceptionnel.

Actuellement, de quels horizons proviennent les personnes qui travaillent dans le secteur multimédia ?

D’une part de l’informatique, évidemment, pour les contraintes plutôt techniques, et d’autre part de la communication au sens large, avec une prédominance de graphistes.

Et d’après vous quel serait le profil idéal afin de travailler dans ce secteur ?

La création d’un site nécessite beaucoup d’heures de travail, d’argent et de forces vives, c’est donc un travail qui ne peut se faire qu’en équipe, comme dans le cinéma, parce qu’il demande énormément de compétences, à la fois techniques et graphiques. Celles-ci sont à présent subordonnées à la puissance des logiciels qu’on utilise. Les logiciels de création  de sites Web évoluent très vite et on n’est plus obligé de taper des lignes de codes. Dans les premiers traitements de texte, il fallait encore taper b/b pour mettre un mot en gras alors que maintenant il suffit de cliquer sur une petite touche. C’est la même chose pour les sites Web : avant il n’y avait pas d’interfaces mais des lignes de codes, puis des lignes de lettres. On y a ensuite intégré des images, des sons, etc. A présent, pour faire un lien, il suffit de cliquer et c’est fait. Cette évolution des logiciels pourrait impliquer qu’un plus grand nombre de personnes conçoivent des sites mais derrière, il y a toute la gestion du site : comment le placer sur un serveur, comment y avoir accès, comment le protéger du piratage, comment analyser le trafic, comment faire une mise à jour très rapide, etc. Et là, il s’agit de problèmes informatiques. L’idéal serait donc une personne avec une formation en informatique et ensuite, une formation de graphiste au sens large, donc de créateur d’images afin de réaliser les logos, les petits boutons sur lesquels il faut pousser, les animations 3D, etc.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.