Maître chien, Commandant de l'unité chenil Interforce.

L'armée travaille-t-elle beaucoup avec les animaux ?

Nous possédons un cheptel de 516 chiens (510 de garde et 6 détecteurs d'explosifs), ainsi qu'une dizaine de faucons, qui sont employés sur l'aéroport de Beauvechain pour éloigner les oiseaux.

Dans quel cadre travaillez-vous avec les chiens ?

Nous les employons majoritairement pour la garde et la défense des installations militaires. Mais nous avons aussi actuellement six maîtres-chiens et des chiens détecteurs d'explosifs en mission à l'aéroport de Kaboul.

Quelle formation doit-on suivre pour devenir maître-chien à l'armée ?

Nous assumons nous-même les formations. Cela débute par sept semaines de cours (plus sept semaines supplémentaires pour ceux qui souhaitent devenir chefs de chenil). Ce sont d'une part des cours théoriques axés sur la défense, les mesures et comportements à adopter en cas d'intrusion, mais aussi la connaissance du cadre légal et du règlement de légitime défense, auxquelles viennent s'ajouter des notions vétérinaires.

Pour le côté pratique, la première phase est celle de la prise de contact du maître-chien avec l'animal. Ensuite, il devra apprendre à patrouiller, d'abord sans le chien, puis avec lui. Ces exercices se déroulent dans les bois afin qu'ils soient le plus réalistes possible. Quant aux chiens, nous les achetons lorsqu'ils ont déjà un certain niveau d'éducation: ils doivent avoir un bon mordant, résister aux bruits de coups de feu et une bonne base d'obéissance. Nous les formons ensuite durant huit mois.

Achetez-vous une race de chiens en particulier ?

Oui, 95% de notre cheptel est constitué de bergers malinois et 5% de bergers allemands. Les premiers sont plus agiles et résistants et les deuxièmes plus réfléchis. Mais ce sont tous deux des bons chiens de garde.

Les maîtres-chiens sont-ils recrutés sur base volontaire ?

Oui, il s'agit d'un des métiers les plus recherchés au sein de l'armée, donc nous recevons beaucoup de candidatures. Mais c'est aussi une fonction de reclassement à laquelle on ne peut accéder qu'après avoir servi durant 15 ans au sein d'une unité combattante.

Quelles sont les qualités dont le candidat doit disposer ?

Il doit d'abord posséder une bonne endurance physique, car il aura parfois de longs kilomètres à parcourir, mais aussi une bonne résistance au stress, de la disponibilité, un esprit de groupe et de la discipline.

Comment se déroule la journée type d'un maître-chien ?

Durant la semaine, il travaille de 16h à 8h. Sa mission consiste à effectuer des rondes et surveiller les points sensibles des quartiers militaires. Les week-ends, les horaires vont de 8h à 20h. Ensuite, les maîtres-chiens ont une pause de quatre jours durant lesquels ils peuvent rentrer chez eux.

Pour les détecteurs d'explosifs à l'étranger, le statut est différent : ils travaillent un jour sur deux et principalement la nuit. Mais nous pouvons aussi être appelés, sur demande de la police fédérale, à effectuer des détections d'explosifs dans le civil et notamment lors de la venue de personnalités à l'aéroport de Melsbroek. Notre mission consiste alors à fouiller l'avion et à sécuriser le périmètre.

Quelles sont les difficultés et les satisfactions rencontrées dans ce métier ?

La principale difficulté provient de l'attachement du maître-chien à l'animal. Lors des remplacements pour cause de vieillesse ou de maladie du chien, par exemple. Mais aussi lorsqu'on doit éloigner un animal parce qu'on se rend compte qu'il n'est pas apte à la fonction, alors que cela fait déjà un certain bout de temps qu'il s'entraîne avec son maître.
Les maîtres-chiens ne considèrent pas leur animal comme un outil de travail, c'est aussi leur compagnon. Ce pourquoi, nous ne séparons jamais un chien qui est resté avec le même maître durant plus de trois ans. Le côté gratifiant, c'est que le maître-chien n'est jamais seul et beaucoup reprennent même leur chien à domicile, c'est meilleur pour la socialisation de l'animal. Lorsque le chien atteint l'âge de la retraite, nous le leur donnons s'ils le souhaitent.

Pensez-vous qu'il s'agit d'une profession d'avenir ?

Oui, car il est prouvé que les méthodes de surveillance électronique ne sont pas fiables à 100% et que la présence humaine et animale est davantage dissuasive.
S'enfuir d'un chien est plus compliqué que de s'échapper d'un système électronique. Je peux vous dire qu'à l'armée, des places comme ça, on s'y accroche !

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.