Quelles langues utilisez-vous dans votre travail de traductrice ?

Je travaille personnellement à partir du néerlandais, de l'anglais, de l'allemand et de l'italien vers le français. En ce qui concerne les traductions vers d'autres langues que le français, je travaille avec plusieurs sous-traitants qui, comme moi, réalisent des traductions uniquement vers leur langue maternelle.

Etes-vous spécialisée dans un ou plusieurs domaines ?

Oui, bien sûr, chaque traducteur travaille dans des domaines bien précis. En ce qui me concerne, mes domaines de spécialité sont les suivants : administration, coopération et développement, éducation, écoles européennes, emploi, affaires sociales, formation professionnelle, relations extérieures, textes à caractère général, information et communication, philosophie et religion, politique, publicité, sciences sociales, tourisme.

Quelle a été votre formation scolaire ?

J'ai d'abord fait des secondaires générales avec option langues à partir de la 5ème puis j'ai fait un master en traduction à l'Université de Mons.

Combien d'heures de langues aviez-vous dans le secondaire ? Selon vous, était-ce suffisant pour aborder vos études supérieures ?

Je suivais 12 heures de langues (néerlandais-4h anglais-4h allemand-4h), mais lors de mon entrée à l'Université, j'avais choisi la combinaison allemand-italien. Avoir déjà étudié l'allemand m'a été, en effet, fort utile. Toutefois, je pense que, même si, au départ, on n'a pas choisi l'option langues en secondaires, l'on peut se diriger vers la traduction si on le souhaite, car la formation est extrêmement poussée et beaucoup de règles de base sont revues.

Pourquoi avoir entamé ces études en traduction-interprétation ?

Parce que j'aimais vraiment les langues et que, parmi les études de langues, la traduction était l'aspect qui m'intéressait le plus. Je n'avais en effet nullement l'envie d'enseigner les langues.

Pourquoi la traduction et non l'interprétation ?

Nous avons suivi des cours d'initiation à l'interprétation et j'ai tout de suite compris que cela ne me convenait absolument pas. Nerveusement, c'est très épuisant.

Quelles sont les différentes possibilités pour un traducteur de trouver un emploi ?

Disons qu'il y a assez bien de possibilités : enseignement, secrétariat, traduction proprement dite comme indépendant, traducteur dans une entreprise, au siège social d'une banque, dans une organisation internationale.

Comment travaillez-vous ? On prend contact avec vous, on vous envoie un texte à traduire ?

Oui, tout à fait. Lorsque j'ai commencé en janvier 1997, je recevais beaucoup de textes par fax. Dès avril, je disposais de l'Internet et dès ce moment, la majorité des textes m'ont été envoyés par e-mail.

Ce ne doit pas être facile pour un jeune traducteur de se faire connaître s'il veut travailler comme indépendant. Comment peut-on s'y prendre ?

Personnellement, j'ai procédé comme suit : j'ai envoyé des offres de services dans la majorité des agences de traduction belges. J'avais en effet besoin de "me faire la main", et les agences offrent cette possibilité car elles proposent tout un éventail de textes. L'on peut ainsi découvrir les sujets avec lesquels l'on a davantage d'affinités. De plus, les agences de traduction ont déjà leur propre clientèle, ce qui permet, dès le début, d'avoir beaucoup de travail assez rapidement.

Par la suite, après avoir acquis des connaissances et une solide expérience dans divers domaines, j'ai commencé à envoyer des offres de services à des sociétés travaillant dans mes domaines de spécialité. Disons que le problème d'avoir ou non du travail sur le marché belge de la traduction réside dans le choix des langues. Le néerlandais, l'anglais et l'allemand sont les 3 principales langues du marché belge de la traduction. Sans au moins l'une de ces 3 langues, il est assez difficile de réussir.

Hélas, lors des portes ouvertes dans les écoles de traduction, certains départements linguistiques tentent d'attirer les étudiants vers des langues qui, lorsque l'on est indépendant, ne donnent absolument pas de travail ou presque pas.

Quels sont les délais qui vous sont impartis ?

Disons qu'ils sont généralement assez courts, mais en moyenne, l'on évalue à 300 lignes, soit 10 pages, le volume qu'un traducteur peut traduire par jour.

Avez-vous un rythme de travail stressant ?

Parfois oui. Je travaille tous les jours de 9h à 18h, mais pas les week-ends. Il m'arrive de devoir travailler en soirée ou le week-end pour boucler des travaux urgents. Toutefois, j'ai la chance d'avoir beaucoup de travail, ce qui me permet de prendre environ 8 semaines de congé par an, mais croyez-moi, c'est plus que nécessaire car la traduction est une activité cérébrale qui demande une concentration extrême si l'on veut fournir un travail de qualité à ses clients.

Quels sont les aspects positifs de votre métier ?

Ils le sont tous. Le fait d'être indépendant, d'être son propre patron, de prendre des congés quand on le souhaite, de voir les fruits de son propre travail. Même si les traductions à réaliser exigent de s'imposer un certain rythme de travail, l'on a quand même la possibilité de se libérer en cas de besoin ou d'envie (pour faire un sport, par exemple), car l'avantage est que l'on ne rencontre pas ses clients. Il n'y a donc aucune obligation de rester à son bureau lorsque le travail est fini. De plus, l'on évite le stress d'un supérieur hiérarchique.

Quels sont les aspects négatifs ?

Disons que c'est un travail assez fatigant et il faut vraiment être passionné par la traduction pour faire ce métier à plein temps. Un aspect susceptible de ne pas plaire à certaines personnes est l'absence de contacts sociaux dans le cadre de la profession, mais personnellement, j'ai toujours pu combler ce manque par les nombreux contacts que j'ai les week-ends, via des clubs de sport, notamment.

Le traducteur n'est-il pas une personne très isolée derrière ses textes à traduire ?

Non, car nous avons des collègues qui font le même travail que nous. De toute façon, ce travail exige beaucoup de calme et de concentration et il ne doit pas être aisé de travailler avec beaucoup de personnes autour de soi.

Quelles langues choisir ?

Tout dépend de la manière dont on envisage son votre avenir. Les langues les plus demandées sont les langues les plus employées dans les relations commerciales, à commencer par les langues nationales. Bien sûr, si vous maîtrisez des langues rares, vous pourrez sans doute vous faire payer plus cher, car le client n'aura parfois d'autre recours que de s'adresser à vous. Mais du fait de la rareté de la pratique de la langue en Belgique, le nombre de textes à traduire risque d'être plutôt restreint.

Selon vous, quelles sont les qualités essentielles pour devenir traducteur ?

La principale est la maîtrise de sa langue maternelle puisque généralement, l'on ne traduit que vers sa langue maternelle pour la qualité des services au client.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.