Quelle formation avez-vous suivi ?

J'ai étudié aux HEC de Liège et ai obtenu un master en sciences commerciales et financières avec orientation fiscalité (actuellement, master en sciences de gestion ou encore Banking & Asset Management).

Est-ce que votre formation correspond aux exigences du métier ?

Cette formation fournit les bases indispensables à l'exercice du métier de fiscaliste.

Quelles sont les formations complémentaires utiles ?

Les formations complémentaires sont fort utiles car si le master fournit d'excellentes bases pour l'avenir, il doit être suivi d'autres études en vue de répondre aux questions toujours plus complexes des clients. En effet, le droit fiscal est complexe. En fiscalité, la valeur ajoutée qui peut être apportée aux clients implique généralement une spécialisation dans une des branches du droit fiscal, à savoir, d'une manière synthétique : l'impôt sur les revenus, la TVA, le droit d'enregistrement et de successions ou les douanes et accises. Il existe même au sein de certaines de ces branches des personnes spécialisées dans certains domaines plus particuliers. On remarque de plus en plus des spécialistes en matière immobilière, en fiscalité des sociétés ou des personnes physiques, etc.

En ce qui me concerne, j'ai d'emblée préféré l'impôt sur les revenus. Face à un contexte économique de plus en plus international, il m'a paru utile d'appréhender le droit fiscal international ainsi que le droit fiscal européen. Aussi, j'ai obtenu un certificat de droit fiscal international et de droit fiscal européen à l'Université de Liège.

En outre, confronté régulièrement à des questions de clients sur certains produits bancaires et d'assurances, j'ai aussi suivi le module Finance organisé en Maîtrise Spéciale en Gestion Fiscale à l'Ecole Solvay à Bruxelles et ai obtenu un certificat.

Pourriez-vous définir votre fonction en quelques points ?

Au sein de Ernst &Young (actuellement, EY), ma fonction consiste tout d'abord à rendre des conseils en matière de fiscalité nationale et internationale aux clients. Voici à titre d'illustration la nature de conseils d'ordre fiscal qui peuvent être rendus : la mise en place d'une structure de commissionnaire à la vente, l'intérêt actuel du rachat d'actions propres, la séparation du patrimoine immobilier d'une société industrielle et la notion de besoins légitimes à caractère économique ou financier, etc.

Ma fonction consiste également à superviser les travaux de certaines personnes de l'entreprise dans laquelle je travaille. Elle consiste aussi à "coacher" certaines d'entre elles (le coaching est une sorte de tutorat organisé).

Quelles en sont les aptitudes et qualités indispensables ?

Certainement la capacité de lire un texte c'est-à-dire l'aptitude à comprendre un texte.

La capacité d'analyse tant de la question posée par le client que du texte de loi (arrêté royal, commentaires administratifs, etc) est essentielle à l'exercice de la fonction de fiscaliste.

En outre, la rigueur et la précision sont, bien entendu, des qualités indispensables. Elles permettent notamment de rédiger un conseil dans un langage compréhensible pour les clients.

Quelles sont les connaissances linguistiques requises ?

L'anglais est indispensable pour communiquer avec les autres fiscalistes du réseau. En effet, lorsqu'un client belge demande une information sur le régime fiscal applicable en Chine, notre bureau contacte le bureau de Pékin en anglais et non en chinois. L'anglais est nécessaire pour le contact avec les clients anglophones ou avec ceux qui ne parlent pas le français ou le néerlandais.

Le néerlandais est également important à tout le moins pour la lecture de la doctrine et des arrêts et jugements écrits en néerlandais ; il convient de maîtriser cette langue.

Enfin, la connaissance d'une autre langue est un atout. En ce qui me concerne, il s'agit de l'italien. Cette connaissance est fortement appréciée par les sociétés italiennes implantées en Belgique.

Quels sont les avantages, les inconvénients et les particularités de votre fonction ?

Cette question est particulièrement difficile car elle dépend de la façon de voir de chaque personne.

Avantage(s) : il me semble que la fonction de fiscaliste dans un Big 4 (expression pour désigner les cabinets d'audit, comptable et fiscal qui disposent d'un réseau mondial), offre une diversité de cas et donc la possibilité d'appliquer un bon nombre de principes étudiés. En outre, eu égard à la complexité du droit fiscal et des questions posées par le client, cette fonction laisse une marge de progression considérable au fiscaliste.

Par ailleurs, l'évolution rapide de la législation fiscale (ce qui nécessite que le fiscaliste se forme d'une manière continue) laisse la voie ouverte à la créativité et ce, essentiellement, au plan international.

Inconvénient(s) : on pourrait citer que les horaires ne sont pas fixes. Cette incertitude s'explique par la masse importante de travail et également par des questions dont la réponse est "pour hier".

Le métier a-t-il évolué durant votre carrière ? De quelle manière ?

Dans les Big 4 (expression pour désigner les cabinets d'audit, comptable et fiscal qui disposent d'un réseau mondial), le métier a évolué vers une hyper spécialisation. Il est fini le temps où un fiscaliste rendait des conseils en TVA le matin, en ISoc l'après midi et en IPP le soir.

De nos jours, les Big 4 sont organisés en lignes de services. Chez Ernst&Young (EY), les principales lignes sont le Corporate Tax, le Global Employment Services, l'International Tax Services, la TVA et les Douanes et Accises.

Au sein de certaines lignes, il existe des cellules spécialisées dans, par exemple, le prix de transfert, la fiscalité immobilière ou la fiscalité des produits financiers.

Cette spécialisation doit permettre de fournir aux clients un service à forte valeur ajoutée.

En tant que fiscaliste, existe-t-il des possibilités d'évolution professionnelle ? Dans quelles conditions ?

Dans un Big 4, une personne sans expérience professionnelle de fiscaliste commence au bas de l'échelle. L'évolution dans la hiérarchie est liée à l'expérience professionnelle et aux capacités de la personne. La personne se voit évoluer notamment par la complexité des dossiers qui lui sont confiés.

De nombreuses formations sont organisées ou prises en charge par l'entreprise pour permettre d'exécuter au mieux les travaux qui sont confiés à la personne, mais aussi pour évoluer dans son métier.

Sur le plan hiérarchique, quelle est la place du fiscaliste dans la société ?

Le fiscaliste d'une grande entreprise est souvent une personne indispensable au directeur financier. Elle pourra donc faire partie du département financier de l'entreprise.

Quelles sont les perspectives d'avenir ?

La fonction de fiscaliste permet à l'entreprise de se conformer aux obligations fiscales que chaque contribuable doit remplir. Elle peut permettre, le cas échéant, de réduire la pression fiscale et ainsi d'accroître ses bénéfices. Pour ces deux raisons, les entreprises sont intéressées par la fonction de fiscaliste. Cette fonction peut être exercée soit dans un cabinet de conseils soit dans lesdites entreprises. Il me semble qu'il existe donc un avenir pour le métier de fiscaliste.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.