Mme Lucie Philippe, Projectionniste

Interview réalisée en septembre 2010

Projectionniste au Plaza Art, petit cinéma de quartier situé en plein cœur de la ville de Mons.

Quelle est votre parcours ?

Mon parcours n’a rien à voir avec le métier de projectionniste ! J’ai un master en architecture d’intérieur que j’ai faite à l’ESAPV à Mons (actuellement Art2). La première année qui a suivi mes études, j’ai fait des expos : je faisais de la création d’objets que j’exposais. J’ai ensuite cherché du boulot dans ce secteur pendant environ un an. Ensuite, j’ai été contacté par le Plaza où j’avais travaillé comme étudiante donc ils me connaissaient déjà bien. Ils m’ont proposé un poste de projectionniste que j’ai tout de suite accepté. J’ai été formée pendant trois ou quatre mois, "sur le tas", par ma collègue.

Il n’y a donc pas de parcours prédéfini pour devenir projectionniste. Mais selon vous, quelles sont les compétences, les qualités à posséder ?

Je pense qu’il faut avant tout aimer le cinéma, même si ce n’est pas une obligation ! Il faut pouvoir gérer son stress, avoir une bonne condition physique car, même si ce n’est pas spécifiquement un métier d’homme, il faut quand même avoir de la force pour manipuler les machines. Il faut aussi avoir beaucoup de précision et être ponctuel. Au Plaza, on travaille en pellicule et donc, quand on change de bobine, il faut être précis. Il faut aussi toujours garder à l’esprit qu’on a une clientèle à contenter et pour laquelle les détails sont importants lors de la vision d’un film (une bonne image, un bon son, un bon cadrage, etc.). Les connaissances techniques s’apprennent sur le tas. Il n’y a pas d’école dans laquelle on apprend à se servir des machines et à régler les problèmes qui peuvent survenir.

Qu’est-ce qui vous a attiré vers ce métier ?

Ce n’est pas vraiment le métier de projectionniste qui m’attirait au départ. Je voulais travailler dans le cinéma parce que j’aime ça et au Plaza Art car il s’agit d’un endroit unique pour moi. Quand on m’a proposé ce contrat, je n’ai donc pas refusé. L’aspect physique et technique du métier ne me faisait pas peur, je me suis donc lancée.

Concrètement, en quoi consiste votre travail ? Une journée type ?

Au Plaza Art, le projectionniste est un des premiers arrivés sur place. Il ouvre les salles, prépare ses machines, ses films. Nous avons trois salles de projection, il faut donc vérifier par rapport à la programmation que les bons films soient dans les bonnes cabines. Il faut ensuite charger les lancements de films. Selon les horaires, il y a un petit calcul à faire pour que tout se lance au bon moment avec toujours un petit décalage de 5 ou 10 minutes qui permet aux retardataires d’arriver et de s’installer. Il faut à chaque fois charger, décharger, rembobiner les films. Quant le film est terminé, il faut être présent pour arrêter la machine, le son, éclairer la salle. Au niveau du timing, il faut donc être assez précis car généralement, les films des trois salles sont projetés à la même heure. Il faut donc parfois un peu courir entre les cabines.

En tant que projectionniste, êtes-vous concernée par les évolutions technologiques qui touchent le secteur ?

Non, au Plaza Art, on reste avec la bobine. Le fait de garder la pellicule donne une âme, un certain cachet que le public aime bien retrouver en venant chez nous ! C’est plus vivant, plus authentique. 

Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans votre travail ?

Le contact avec les gens, le fait de faire quelque chose d’authentique, de travailler dans un ancien cinéma. J’aime aussi le fait de rendre le film plaisant pour les autres. Il y a aussi la satisfaction d’avoir bien fait les choses à la fin de la journée.

Le moins ?

De m’imaginer qu’il puisse y avoir des problèmes avec la machine ! Je n’ai pas encore une grande expérience et donc, quand il y a vraiment un problème, je suis seule et c’est stressant !

Quel est votre horaire de travail ?

A la projection, on fait ses 38h en trois jours ce qui me laisse quatre jours libres. Le week-end, on n’assure qu’un seul des deux jours. Les projections ont lieu en général l’après-midi et en soirée, voire jusqu’en début de nuit. Pour un jeune, je pense que ces horaires ne posent pas problème mais lorsque l’on veut une vie de famille, ça peut être le cas.

Quelles sont les difficultés qu’un projectionniste peut rencontrer ?

La gestion du stress et des situations imprévues n’est pas évidente. Il faut toujours se dire que c’est avec les erreurs qu’on apprend. Quand il y a un problème avec une machine, on panique, on pense aux spectateurs dans la salle qui attendent et qui se retournent pour voir ce qu’il se passe. Petit à petit, on apprend à gérer ces situations. Lorsqu’il y a un souci, il faut trouver des astuces, être débrouillard et trouver une solution.

Quels sont les conseils que vous pourriez donner à une personne qui souhaite se lancer dans le métier ?

Il faut s’accrocher, ne pas baisser les bras à la première erreur, à la première difficulté. Travailler dans des cinémas en tant qu’étudiant peut être une bonne chose pour s’imprégner de l’ambiance.

Avez-vous une anecdote à raconter ?

Dernièrement, j’ai eu plein de problèmes avec la machine au moment d’une projection. Pratiquement toute la salle s’est retournée vers la cabine de projection pour voir ce qu’il se passait. J’ai du relancer au moins trois fois le film ! Ça aura au moins permis aux retardataires d’arriver !

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.