Mme Margaux Collon,
Responsable qualité en logistique

Interview réalisée en février 2019

Pouvez-vous nous présenter votre entreprise familiale ? 

La Maison Collon est spécialisée dans la fabrication d’épices, de sauces, marinades et boyaux. 

En quoi consiste votre fonction de responsable qualité ? 

Elle consiste à garantir la qualité de nos produits alimentaires. Ceux-ci doivent obligatoirement obéir aux prérequis exigeants et intangibles en termes de qualité et de sécurité. Sur notre site de production à Villers-le-Bouillet, je veille à ce que des contrôles de qualité et d’hygiène soient effectués continuellement et à ce que quotidiennement des nettoyages soient effectués rigoureusement. 

Je me charge aussi de la communication sur la sécurité alimentaire et m’attache à systématiser le partage des bonnes pratiques d’hygiène (BPH) et des bonnes pratiques de fabrication (BPF). 

Autre fonction, et non des moindres : la traçabilité. De la réception des matières premières à la vente de nos produits, je veille à ce que cette traçabilité soit irréprochable. Pour cela, j’exerce un triple contrôle. Je m’occupe du véhicule (pays, provenance, propreté du camion, scellés, etc.), de son chargement/déchargement et du produit lui-même (lots, fournisseurs, emballages, palettisations, etc.). 

En quoi cette traçabilité est-elle si importante ? 

Les contrôles tout au long de la production ainsi que cette traçabilité fine nous permettent de garantir un suivi précis des ingrédients entrant dans nos fabrications, de tracer les produits dits potentiellement allergènes (œufs, moutarde, etc.), et ainsi d’éviter les contaminations croisées.  D’ailleurs, notre société a mis en place un processus de minimisation du risque d’allergènes toujours dans une optique de protection du consommateur. Aujourd’hui, la plupart de nos produits sont sans allergènes et sans gluten. La Maison Collon répond à plusieurs normes standards exigées en matière de qualité, sécurité et traçabilité alimentaires, dont les plus importantes sont IFS Food et BRC.

Pouvez-vous nous donner quelques exemples de problèmes "logistiques" que vous avez  rencontrés récemment ? 

Lors de la réception de plusieurs palettes de légumes frais, nous avons constaté que la palettisation de notre fournisseur avait été mal effectuée. Toutes les palettes s’étaient renversées durant le transport ! Nous avons alors enclenché toute une série de procédures : vérification complète de la marchandise (emballage, lot, quantité, etc.), prise de photos attestant du problème, notification du refus de la marchandise, enregistrement de la plainte dans les documents appropriés en interne et classement des échanges (e-mails) avec le fournisseur. 

Un autre exemple : un de nos fournisseurs n’avait pas mis le bon agrément AFSCA (Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire est l’agence belge chargée de surveiller la sécurité de la chaîne alimentaire et la qualité de l'alimentation) sur des seaux. L’AFSCA, qui nous rendait une visite surprise ce jour-là, s’en est rendu compte et a fait une saisie sur tous les seaux de ce fournisseur. Nous avons dû montrer les conventions, les notes d’envoi, la traçabilité de tous les seaux entrés au sein de la société depuis un mois. Nous avons eu comme ordre de renvoyer les seaux saisis au fournisseur afin qu’il remette le bon agrément. Plus tard, l’AFSCA est repassée pour lever la saisie et vérifier tous les documents de transports liés aux mouvements des seaux de ce fournisseur. 

De façon générale, comment faites-vous pour résoudre ces problèmes ? 

Dans chaque cas, nous devons rédiger une plainte, l’enregistrer et la dater. Pour finir, nous devons clôturer la plainte ce qui n’est pas toujours évident lorsque la partie adverse reste évasive ou ne répond pas. 

Comment avez-vous été amenée à exercer cette fonction ?

Un peu par hasard, la personne qui s’occupait de la qualité au sein de notre entreprise est partie vivre à l’étranger et il fallait donc quelqu’un pour la remplacer. Je travaillais alors au service achat et prospection. Je me suis beaucoup documentée. Il faut aussi savoir que l’on est tenu de suivre chaque année une ou deux formations pour être en règle.  

Quel serait le profil type d’un responsable qualité ? 

Il faut être extrêmement rigoureux et organisé dans l’élaboration et le classement de ses dossiers ! Les contrôles de l’AFSCA sont très fréquents et inopinés ! Il faut pouvoir leur présenter les documents à tout moment. Il faut aussi une bonne résistance au stress car ce n’est jamais évident de subir un tel contrôle. Il faut aussi être  flexible. Dans certaines entreprises, des responsables qualité peuvent travailler sous le régime de pauses. Enfin, il faut pouvoir accepter certaines remarques qui émanent de clients ou d’autorités compétentes en la matière.  

Outre les réglementations, voyez-vous d’autres éléments indispensables à maîtriser ?

La plupart des fiches techniques de nos fournisseurs sont rédigées dans une autre langue que le français, il faut donc avoir de solides connaissances en anglais et néerlandais. 

Qu’est-ce qui vous paraît compliqué dans l’exercice de votre métier ? 

Les réglementations évoluent sans cesse. Par exemple, un additif que l’on ne pourrait subitement plus utiliser. Il faut continuellement se tenir informé de l’évolution du marché et des fiches techniques des fournisseurs afin d’être le plus précis et conforme possible à la déclaration des ingrédients et donc à la législation. Ensuite, il faut bien faire passer le message aux fournisseurs et à nos clients ! Il faut savoir que certains clients réalisent des tests ADN des produits pour vérifier l’exactitude des ingrédients insérés dans le produit et comparer ensuite la conformité avec votre déclaration ingrédients ! 

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.