Mr Morgan Di Salva,
Critique littéraire

Interview réalisée en avril 2014

Comment êtes-vous arrivé à la critique littéraire ?

J'ai étudié l'Histoire contemporaine à l'Université Libre de Bruxelles. Après avoir été libraire, je cumule désormais une activité d'animateur dans un centre culturel et de journaliste/copywriter free-lance. Ponctuellement, je suis commissaire d'exposition dans le domaine de la bande dessinée ou des beaux-arts.


Comment concevez-vous votre métier ? 

Je suis rédacteur en chef adjoint pour le site d'informations ActuaBD.com depuis 2011. Comme journaliste ou copywriter, je mets ma plume au service du média où je m'exprime. Il s'agit donc de concevoir des textes clairs, qui donnent un contour précis à une lecture.

Quelles différences existe-t-il entre une chronique et une critique de livre ? 

Je dirais qu'un critique sera sans doute plus volontiers polémiste, il suscitera débat et question auprès des lecteurs, là où un chroniqueur restera dans le domaine de l'information factuelle. Mais, à mon sens, les frontières sont minces entre les deux. Nous publions beaucoup de critiques de BD, et à mon grand regret, elles sont trop souvent tièdes. Je pense que les gens apprécient un regard tranché, pour autant qu’il soit honnête. Cet œil critique n’est malheureusement pas la tendance majoritaire des médias culturels actuellement. 

Comment se passe votre journée de travail ?

Elles sont tous les jours différentes !

On dit parfois que les critiques sont des auteurs frustrés…

C’est parfois vrai… Mais on peut être un bon critique sans caresser de rêves éditoriaux. Il faut être curieux, aimer lire, aimer écrire, supporter la critique et être capable de se remettre en question. Le problème majeur que l’on rencontre dans ce domaine, c’est la tentation de vouloir se mettre plus en évidence que l'œuvre que l'on critique. 

Constatez-vous aussi une surproduction dans le secteur du livre ? 

Oh que oui ! De plus en plus de livres et albums sortent. Il devient compliqué de ne pas rater un excellent bouquin. C'est un sentiment frustrant. Il s'agit de mieux s'organiser pour couvrir un maximum de sorties.

Qu’aimez-vous le plus dans votre travail ?

L'écriture et la critique sont des muscles, plus on les utilise, mieux ils fonctionnent. C'est un sentiment très exaltant. 

Et ce qui vous ennuie ?

Le vertige de l'actualité et du flux continu des sorties, cette sensation que le torrent ne s'arrête jamais. 

Les horaires d’un critique sont fluctuants, comment le vivez-vous ? 

Ce n'est pas toujours simple, mais j'imagine que c'est le cas pour toute activité complémentaire. Je pense qu'il est sain de se poser des limites, de s'organiser des tranches horaires. Moi, je compartimente ma vie. C’est difficile à estimer, mais disons que, comme free-lance, je consacre environ deux soirées complètes à écrire par semaine.

Est-il facile de devenir un critique reconnu ?

C'est plus difficile qu'on ne le croit, et il n'est pas évident de gagner sa vie en ne faisant qu'écrire. Moi, je n'y arrive pas. Il faut s’accrocher et être prêt à en baver… Être rigoureux, passionné, tenace et patient. Et on finit par émerger.
 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.