Mr Patrick Toussaint,
Ingénieur civil en chimie et science des matériaux

Interview réalisée en septembre 2006

Ingénieur civil en chimie et en sciences des matériaux, responsable marketing et développement pour les aciers chez Industeel (ArcelorMittal) à Charleroi.

Peut-on en savoir plus sur votre formation, votre parcours ?

Je suis ce qu'on appelait Ingénieur civil métallurgiste (actuellement ingénieur civil en chimie et sciences des matériaux), et j'ai eu l'opportunité de réaliser une thèse de doctorat en sciences appliquées. Après cette formation, je suis entré en 1998 au service de la Fabrique de Fer de Charleroi, aujourd'hui Industeel Belgium, en tant que spécialiste "développement de produits nouveaux".

Quelle pourrait être votre définition du génie mécanique ?

C'est l'art de réaliser un objet fonctionnel en faisant usage de la meilleure manière de mettre en oeuvre un ensemble de matériaux. Il faut donc se dire : "A quoi cela sert ?", et considérer ensuite en même temps "Avec quoi et comment va-t-on le faire ?". Le génie mécanique pour moi entre dans ce processus par son art de connaître les diverses méthodes de "mise en forme".

Quel regard portez-vous sur votre profession d'ingénieur civil en chimie et en sciences des matériaux ? Qu'est-ce qui la caractérise ?

C'est une activité somme toute peu connue, assez peu valorisée par rapport à des métiers considérés de plus "haute technologie". C'est cependant essentiel car le spécialiste en matériau est celui qui connaît l'art d'élaborer le support physique de notre monde industrialisé, et également ses propriétés ainsi que ses limites. Je travaille dans une société qui livre dans le monde entier des aciers pour applications potentiellement dangereuses, en toute sécurité et avec des matériaux qui n'existaient pas il y a 10 ans. C'est passionnant !

Quelles sont vos tâches principales ?

Faire le relais entre le monde extérieur et les usines, en identifiant les besoins techniques pour de nouvelles applications, en définissant les programmes de recherche et développement, en suivant la mise en oeuvre chez les utilisateurs et en promouvant nos solutions techniques à leurs problèmes d'engineering.

Est-ce qu'il s'agit d'un travail où la prise de responsabilités est importante ?

Oui, car il faut savoir notamment déconseiller les fausses bonnes idées, et identifier les opportunités du futur. Il y a là un aspect "communication" très important, qui engage toute l'entreprise.

Quelles qualités sont demandées aux personnes qui travaillent dans ce domaine ?

L'imagination, la créativité, la curiosité de comprendre "comment ça marche ?", et l'art de convaincre.

Est-ce que vous avez l'impression qu'il s'agit d'un métier en perpétuelle évolution, qu'il faut sans cesse s'adapter, se former ?

Je fais de la métallurgie. Ce n'est pas considéré comme "très sexy" si vous me passez l'expression. Pourtant, comme je l'ai déjà dit, la majeure partie des questions qui se posent aujourd'hui n'étaient qu'à peine imaginées il y a même 5 ans.

Quelles sont les contraintes du métier ? Comporte-t-il des risques pour la santé ?

Il faut être disponible. Le vrai risque est celui de la fatigue et comme je parcours souvent le monde, il faut évidemment être un peu attentif.

Ce métier est-il fort recherché sur le marché de l'emploi ? Constate-t-on une pénurie ?

Nos clients et partenaires, et même nous, avons de plus en plus de mal à trouver des personnes qui s'y connaissent en matériaux. Parfois, cela crée des problèmes car les interlocuteurs ne savent plus vraiment de quoi ils parlent.

Dans quel type d'entreprises un ingénieur civil en chimie et en sciences des matériaux peut-il travailler ?

Toutes, vraiment toutes, et partout. Mais toutes ne sont pas encore prêtes à s'en rendre compte, même si on constate un lent revirement vers une disparition des compétences lorsque le personnel plus ancien part à la pension. Donc, se préparer à cela est une bonne idée !

Quelles difficultés peut-on rencontrer dans l'élaboration d'un produit ?

Tout ce dont on se dit a posteriori que c'est évident et dont on se demande pourquoi on n'y avait pas pensé d'abord et qu'on n'avait jamais imaginé a priori ! La principale difficulté pour quelque chose de nouveau, c'est de convaincre les décideurs de mettre les moyens dans une idée à laquelle on croit et de leur faire accepter que cela ne se déroulera jamais exactement comme prévu. Si c'était le cas, ce ne serait même pas la peine de faire du développement ! Quelqu'un d'autre l'aura déjà réalisé avant vous !

Qu'est-ce que vous auriez envie de dire à une personne qui veut se lancer dans cette profession ?

Je lui dis : “Fonce ! Il y a et il y aura des milliers de choses à faire !“

Cela constitue-t-il un métier d'avenir selon vous ?

Certainement, le monde évoluant, il faut être conscient de la nécessité de pouvoir bouger.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.