Mr Philip, Opérateur de marché

Quelle est votre formation ?

En 1988, j'ai fait un master en Sciences Economiques et Sociales aux Facultés Universitaires Notre-Dame de la Paix à Namur.

Master of Business Administration, University of San Diego, San Diego, California, USA en 1990.

Pour info, il n'est pas toujours nécessaire d'être universitaire, une école supérieure de commerce peut convenir.

Quel est votre parcours professionnel ?

En 1990, j'ai travaillé pendant 4 ans chez Deway en tant que sales-trader. Une combinaison d'opportunités de carrière, mais aussi des changements internes chez Deway ont motivé mon départ. Depuis 1994, j'occupe la même fonction chez Petercam.

Quelles sont les missions d'un trader ?

Tout d'abord, il faut distinguer le trader pour compte propre et le trader pour compte de client.

Le trader pour compte propre : le trader dans ce cas intervient pour un compte trading maison, c'est-à-dire sur les fonds propres de la firme ; le trader "travaille" des positions dans un but de faire du profit.

Le trader pour compte de clients : il s'agit ici d'exécuter des ordres de clients dans le marché ; le but ici est de défendre au mieux les intérêts des clients et d'obtenir meilleure exécution possible.

Un trader est actif sur un marché particulier : actions, obligations, devises, produits dérivés, commodités, etc., et pour chacun de ces marchés sur un segment spécifique ex : actions du secteur bancaire sur Euronext, dollar/yen, etc.

Quelles sont les qualités indispensables pour bien exercer votre métier ?

Certaines qualités sont propres au segment sur lequel un trader opère : par exemple, les traders en produits dérivés sont universitaires et très "matheux", un trader en actions n'aura peut-être pas de diplôme mais sera alors très "fûté", etc.

Certaines qualités doivent toujours être présentes : vivacité d'esprit, résistance au stress, sang-froid, esprit d'équipe, curiosité intellectuelle, prise de décision rapide, à l'aise avec les chiffres, soigneux, précis, bon communicateur, extraverti, pas d'aversion au risque.

En résumé, et c'est ce qui rend les beaux profils rares, c'est toujours une combinaison de caractéristiques a priori paradoxales : décider très vite dans le stress et sous pression, mais le faire quand même dans un cadre très précis et très bien réfléchi à l'avance ; être seul face à son écran pour agir, bien qu'au service de clients et en constante interaction avec ses collègues (dans une salle de marchés, les personnes sont assises très proches les unes des autres) ; bien gérer le risque, tout en en prenant.

Travailler constamment dans l'urgence et à l'affût d'opérations fructueuses n'est-il pas trop stressant ?

Le stress est omniprésent, c'est une évidence. Certains ne s'y font pas.

Il y a le stress de la fonction : exécuter des ordres ou gérer des positions dans des marchés qui ne cessent de fluctuer ; stress d'une position profitable ou d'une exécution qui satisfait aux critères des clients.

Il y a d'autres stress : le bruit et la proximité dans une salle de marché, les relations souvent tendues.

Mais ce stress est également grisant : les bons traders sont bien meilleurs "sous stress" que quand il fait calme !!

Le tout est de rendre le stress positif.

Vos horaires sont-ils compatibles avec une vie privée ?

A ce niveau-ci, Bruxelles est bien mieux que Londres, Paris ou New York.

Les horaires sont exigeants, mais compatibles avec une vie privée.

On parle d'un horaire 7h30/8h00 jusque 18h/19h. Le côté le moins facile est le non-stop (les marchés ne ferment pas à midi) ; des journées chaudes de 10 ou 11h non-stop sont en effet très fatigantes et ne laissent pas beaucoup d'énergie pour le soir !

Pouvez-vous nous faire part d'une anecdote d'une opération professionnelle dont vous soyez particulièrement fier ou satisfait ?

La conclusion d'un grand deal, mais la confidentialité ne me permet pas de détailler.

Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?

Avantage(s) : il existe quelques avantages à ce métier dont l'évolution en milieu jeune et dynamique, les relations à un très haut niveau avec le management des sociétés cotées, une vue internationale et multisectorielle ; on brasse énormément d'informations. C'est un métier grisant.

Inconvénient(s) : le stress, l'agressivité du milieu, le fait de ne rien faire de tangible (tout est sur écran), ce qui veut dire qu'on a pas la satisfaction de "voir ou toucher son produit fini" comme dans l'industrie.

Comment la profession a-t-elle évolué depuis vos débuts ?

Pour info, mes débuts datent en 1990.

Tout d'abord, l'apparition du "screen trading", c'est-à-dire l'avènement des plateformes électroniques a bouleversé la profession. En effet, nous travaillons en aveugle sur l'écran : anonymat des marchés.

D'autre part, le changement dans l'importance des nouvelles et surtout la rapidité avec laquelle les marchés réagissent. Il y a 10 ans, les résultats de sociétés ou les nouvelles macroéconomiques étaient "digérées" et, après analyse, les réactions sur le marché se faisaient. Aujourd'hui, les traders attendent la publication de statistiques macroéconomiques ou les résultats de sociétés le doigt sur le clavier.

Le monde financier s'est également très professionnalisé. Il est devenu beaucoup plus pointu et plus sophistiqué.

Que conseilleriez-vous aux personnes désireuses de s'orienter vers ce métier ?

Je ne reviens pas sur les qualités à avoir.

Il faut surtout être intéressé par les marchés, par la vie économique ; il faut manger et digérer de l'information en permanence.

Il faut avoir beaucoup de dynamisme et de volonté, pouvoir encaisser les coups.

Tout candidat à une vie bien organisée, de type fonctionnaire, ou confortable dans les horaires ou son espace (avoir son petit bureau, etc.), qui rêve d'un monde où tout est beau, doux ou gentil : S'ABSTENIR !!!

Un autre conseil important : commencer la carrière dans une société connue pour son professionnalisme, à la réputation bien établie. Les débuts, l'écolage sont de première importance. Il y a encore des "amateurs" dans le marché. Le côté pécuniaire ne doit pas être le critère de choix.

Quel est votre mode de rémunération ?

Ici aussi, la discrétion s'impose.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.