Mme Sandra Di Tullio,
Conseillère, psychologue clinicienne, responsable du "Service d'Assistance Policière aux Victimes" (SAPV) au sein de la police locale de La Louvière

Interview réalisée en avril 2018

Qu’est-ce qui vous a amenée à vous tourner vers une fonction civile à la police ? 

Lors de mon dernier stage au sein des urgences de l'hôpital de Tivoli à La Louvière, j'ai trouvé ma vocation dans le soutien aux patients et leurs proches qui transitaient par ce service. Ces personnes étaient en détresse face aux blessures d'un proche ou au décès de celui-ci. Les psychiatres ne s'occupaient pas de l'état émotionnel des familles. J'y ai trouvé une place spécifique en qualité de psychologue. Lorsque j'ai terminé mes études en octobre 2002, j'ai eu l'opportunité de passer des examens pour un poste au service d’assistance policière aux victimes au sein d'une zone de police. C'est cette aide immédiate aux victimes qui m'intéressait.

Pouvez-vous décrire la fonction que vous occupez au sein de la police ?

Je suis CALog de niveau A et plus précisément, conseillère-psychologue clinicienne, responsable du "Service d'Assistance Policière aux Victimes" au sein de la police locale de La Louvière depuis 15 ans. 

J'ai débuté en étant de garde 7 jours sur 7, 24h sur 24. Actuellement, je travaille selon des horaires de bureau avec la possibilité d'être rappelée les weekends et jours fériés (7 jours sur 7, mais avec des plages de garde réduites). En fonction des zones de police, les horaires peuvent varier : certains SAPV (Service d'Assistance Policière aux Victimes) sont rappelables 24h/24 et collaborent avec d'autres zones de police ; certaines ne sont pas de garde les weekends, etc. Le SAPV compte normalement 2 temps-plein afin que nous nous partagions la garde une semaine sur deux. 

Quelles sont les principales missions du "Service d'Assistance Policière aux Victimes" ?

Le service intervient dans l'urgence dans tous les cas de victimisation grave (accidents de la route, braquages, morts violentes, violences conjugales, viols, agressions, disparitions inquiétantes, conflits de voisinage, etc.). Dans les cas de décès (suspects, suicides, accidents, crimes, etc.), le SAPV peut présenter les corps des défunts aux familles qui le souhaitent.

Il ne s'occupe pas du suivi à plus long terme. Néanmoins, il oriente les victimes vers des services d'aide spécialisée en fonction de la problématique rencontrée. Le service poursuit également des missions d’information et de sensibilisation du personnel policier sur diverses thématiques liées à la victimologie. Enfin, nous sommes aussi amenés à participer à des réunions avec les partenaires du réseau pour développer une politique en faveur des victimes.

Selon vous, quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?

Il faut faire preuve de disponibilité ainsi que d’une grande capacité d'adaptation. En effet, il n'y a pas 2 interventions identiques et on ne sait jamais pour quel type de fait nous allons être appelés.

Il faut également savoir gérer son stress, faire preuve d’empathie (mais, avec toutefois, une certaine capacité de "distanciation émotionnelle" face à la souffrance vécue par les victimes), écouter activement, appréhender l'ordre des priorités face à des situations "chaotiques" (parfois gestion de nombreuses personnes en "crise aiguë").  

Avez-vous suivi une ou des formations particulières avant votre entrée en fonction ?

Après mes études, j'ai suivi une formation d’1 an à l'Institut Belge de Victimologie (Bruxelles). Avant d'être engagée, j'avais suivi une formation en soins palliatifs. Au fil de ma carrière, j'ai suivi des formations continuées obligatoires ainsi que de nombreuses formations dans divers cadres (suicides, violences conjugales, etc.).

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.