Mr Sébastien Olive, Paléontologue

Quel est votre parcours ?

Après avoir obtenu mon Baccalauréat en France, j’ai suivi un bachelier en Biologie (3 ans) et un Master en Systématique, Evolution et Paléontologie de 2 ans. Cette formation est dispensée par le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris et est accessible également en ayant suivi un bachelier en Géologie. J’ai par la suite travaillé en tant que médiateur scientifique au Palais de la découverte (Paris) et au MNHN (Paris) avant d’occuper le poste d’attaché de conservation en paléontologie au Muséum de Nantes (France). Depuis maintenant 2 ans, je suis doctorant au Département de paléontologie de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique et à l’Université de Liège.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir paléontologue ?

Ma première envie a été de suivre une formation en archéologie car l’Histoire, le passé, et essayer de le reconstruire et de mieux le comprendre, m’ont toujours fasciné. Je me suis rendu compte par la suite que la paléontologie répondait à toutes ces attentes, en adoptant une démarche plus scientifique et cartésienne que celle suivie en archéologie ; ce qui correspondait plus à ma personnalité et à ma formation.

Concrètement, en quoi consiste votre métier ?

Mon métier consiste à étudier les fossiles et à comprendre l’environnement dans lequel ils vivaient (relations trophiques, relations de parentés, locomotion etc.).

Concrètement, les fossiles sont collectés lors de campagnes de fouilles qui peuvent aller de quelques jours à plusieurs mois, en Belgique ou dans d’autres pays. Ces fossiles constituent le matériel indispensable à mon travail, la base de toute étude. Il n’est pas toujours nécessaire d’aller sur le terrain pour collecter les fossiles car il existe, dans les collections des musées, un matériel paléontologique important, et qui n’a parfois jamais été étudié, ramassé et stocké par nos prédécesseurs.

Le matériel collecté doit ensuite être dégagé en laboratoire, c'est-à-dire que le fossile doit être extrait de la gangue rocheuse dans laquelle il est prisonnier (ou du moins être le plus apparent possible au sein de cette gangue). Ceci est réalisé au moyen de fines aiguilles (par grattements) ou bien au moyen de micro-burins à air comprimé (de petits marteaux piqueurs, en résumé). Une fois les fossiles dégagés, ces derniers sont soumis à différentes études en fonction de ce que le paléontologue recherche. Selon ses axes de recherche, le paléontologue utilisera les fossiles de manière différente. Les os longs peuvent par exemple être sciés transversalement afin d’étudier la structure de l’os. Autre exemple : en comparant nos fossiles à ceux déjà publiés dans des revues, on peut attribuer nos trouvailles à tel ou tel groupe d’animaux. Il est également possible de reconstituer l’environnement dans lequel vivaient nos animaux et/ou plantes fossiles grâce à la composition de la paléo faune/flore, grâce à la géochimie et beaucoup d’autres choses. Il existe certains fossiles qu’on ne retrouve qu’en mer, par exemple, et le fait de les trouver en plein milieu de la Belgique nous indique que la mer était là auparavant.

Comment un paléontologue s’y prend-il pour choisir/ trouver les chantiers, les sujets de recherche ?

Les sites de fouilles sont le plus généralement trouvés grâce à la prospection. En cherchant dans les terrains géologiques correspondant à l’âge qui nous intéresse (les géologues nous aident pour cela), il arrive que nous tombions sur un site présentant peu ou beaucoup de fossiles. Il arrive également parfois que des personnes trouvent un fossile au hasard de leurs promenades. Si ces personnes appellent un paléontologue, et en fonction de l’intérêt de la découverte, un nouveau site pourra être exploité.

En ce qui concerne le choix des sujets de recherche, cela dépend des envies du paléontologue, de ce qu’il serait intéressant d’étudier, de ce qui n’a pas encore été étudié mais aussi de la faisabilité du sujet de recherche (du matériel disponible notamment). Par exemple, en ce qui me concerne, ma recherche est focalisée sur le phénomène de sortie des eaux par les vertébrés (les vertébrés étaient uniquement aquatiques avant de conquérir la terre ferme). J’étudie ce sujet car il me plait mais aussi car il existe, dans les collections de l’Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique, un grand nombre de fossiles en rapport avec cette thématique.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans ce métier ? Le moins ?

Ce qui me plait le plus dans ce métier sont les missions de fouilles. La "recherche du trésor" reste un rêve d’enfant et constitue bien souvent une aventure très excitante.

Il est nécessaire, pour réaliser ces recherches et missions sur le terrain, de trouver des moyens de financement. Nous devons donc remplir des dossiers de financement, ce qui constitue un gros travail administratif. Cette partie de mon travail est celle qui me plait le moins.

Quelles sont, d’après vous, les connaissances et compétences à posséder pour devenir paléontologue ?

Il est nécessaire, en paléontologie et plus généralement dans tous les domaines de la recherche, d’être curieux. En effet, nous sommes souvent confrontés dans ce métier à de nouvelles choses (nouveau fossile, nouvelle technique etc.), et il est par conséquent nécessaire d’avoir la curiosité de s’informer sur cette nouveauté via de la lecture, des discussions avec les collègues, etc.

Il est également nécessaire d’être passionné car les débouchés sont peu nombreux. Il faut donc s’accrocher.

Quelles sont les conditions de travail ?

Ce métier nécessite beaucoup de déplacements, pour les missions de terrain mais également pour les congrès, etc. Le travail en laboratoire et de bureau est majoritaire. Il ne faut pas s’imaginer que le paléontologue occupe la majeure partie de son temps sur le terrain. Le travail de terrain est variable en fonction du paléontologue mais il peut aller jusqu’à deux mois par an environ. 

Quels sont les principaux débouchés dans ce domaine en Belgique ?

Les principaux débouchés en Belgique sont chercheurs dans un musée ou dans une université mais les places sont très peu nombreuses et rares. A l’université, la charge de recherche est cumulée avec une charge d’enseignement.

Travaillez-vous en collaboration avec d’autres professionnels ?

Nous travaillons avec de nombreux autres professionnels. Cela dépend de l’orientation donnée à sa recherche mais il est possible de travailler avec des géologues, des biologistes, des chimistes, des mathématiciens etc. Il nous arrive souvent également de travailler avec des muséologues dans le cadre de la conception d’une exposition en rapport avec la paléontologie. Il nous arrive également de travailler avec des enseignants sur des projets divers et variés.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui envisagerait de devenir paléontologue ?

S’accrocher car les débouchés ne sont pas nombreux. Cultiver sa curiosité et son esprit critique.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.