Tania, Feras, Jérémy et Ismaël,
Animateurs

Interview réalisée en janvier 2008

Animateurs dans la Maison de Jeunes à Namur.

Qu’est-ce qui vous a motivé à devenir animateur et comment avez-vous appris ce métier ?

Jérémy : quand j’étais plus jeune, je fréquentais moi-même cette Maison des Jeunes. J’ai fait un bachelier AESI en éducation-physique mais je n’avais pas envie de travailler comme enseignant, je préfère organiser des animations sportives, des cours de danse. 

Feras : je venais aussi dans cette Maison des Jeunes avant d’y travailler. J’ai appris le métier sur le terrain. Le fait de connaître les jeunes permet de rentrer dans le milieu et de s’intégrer plus facilement.

Tania : j’ai fait un bachelier AESI en langues germaniques mais je n’aime pas l’autorité et je ne me voyais donc pas enseigner. J’ai appris le métier d’animatrice sur le tas et grâce à l’expérience de mes collègues. 

Ismaël : je suis un ancien jeune de la Maison de jeunes. J’appréciais le rôle des animateurs, ça m’a donné envie d’apprendre et de jouer ce rôle à mon tour. 

Quels sont les objectifs de cette Maison de Jeunes ? 

Ismaël : un des objectifs est l’accueil gratuit des jeunes de 12 à 26 ans sans conditions, sans discrimination philosophique, morale, religieuse, sociale ou économique. 

Tania : l’éducation à la santé est un des objectifs clés de cette Maison des Jeunes. A travers l’accueil, les ateliers et les actions ponctuelles, nous tentons de contribuer au développement et à l’épanouissement du bien-être physique, psychique et social des adolescents. 

Feras : l’éducation à la citoyenneté est aussi une des finalités de cette Maison des Jeunes. Dans l’ensemble, on essaie donc de leur apporter certaines choses, il y a un souci d’éducation.

Quels types d’activités organisez-vous ?

Jérémy et Feras : nous organisons des cours de danse : break dance, new style, danse orientale, des animations sportives et des cours de renforcement musculaire. Ça permet aux jeunes de prendre soin de leur corps et de leur santé.

Tania : nous proposons des activités de prévention en matière de santé, comme par exemple, sur les assuétudes, le sida. 

Ismaël : nous organisons des actions qui visent au bien-être psychique, c'est-à-dire qui permettent de s'exprimer, de communiquer, de se sentir bien dans son corps et dans sa tête. Des activités comme le café philosophique, l'atelier graff, etc. poursuivent cet objectif. 

Tania : nous préparons et animons des stages, des sorties, des rencontres thématiques. Nous développons des actions qui visent au bien-être social, c'est-à-dire qui permettent l'insertion et la promotion sociale, la découverte des autres, une meilleure égalité des chances, l'intégration de tous. L'atelier d'aide à la recherche d'un emploi, l'atelier Internet entre autres donnent à chacun l'accès au travail, à la culture. 

Ismaël : c’est un espace de vie, un lieu convivial où les jeunes apprennent à se connaître, passent des bons moments ensemble. 

Jérémy : je tiens à souligner que les activités proposées varient d’une maison de jeunes à l’autre. Le travail n’est donc pas le même. Dans certaines MJ, ils organisent par exemple des concerts, ils font du rap. Par ailleurs, le contact avec les jeunes peut être très différent d’un endroit à l’autre. Les jeunes qui viennent ici sont calmes et probablement plus facile à gérer qu’à d’autres endroits.

Concrètement, pourriez-vous illustrer le déroulement d’un projet ?

Tania : on réfléchit à des activités en équipe et on demande aux jeunes ce qu’ils aimeraient faire. On essaie que le projet joue un rôle au niveau éducatif. 

Feras : on dépend aussi des subsides. Il y a peu de moyens et ils n’arrivent pas toujours au bon moment. Certaines fois, on n’a pas les moyens pour réaliser un projet et d’autres fois, on reçoit des subsides alors qu’on n’a pas d’idée en cours, on doit alors réfléchir à un projet pour concrétiser le subside.

Ismaël : c’est arrivé récemment, on a reçu des subsides mais nous n’avions pas de projets. On a alors eu l’idée de développer un journal de la MJ par les jeunes et pour les jeunes. J’ai trouvé une dizaine de jeunes que ça intéressait et nous avons pris contact avec un journaliste professionnel. Nous l’avons rencontré et il a expliqué aux jeunes la manière de faire des interviews, des photos. Les jeunes ont écrit des articles. Ils ont fait les mises en page sur les ordinateurs. La prochaine étape est la visite d’une imprimerie pour voir tout le cheminement du journal. Nous continuerons probablement en développant de nouveaux titres. 

Qu’est-ce qui vous fait apprécier ce métier ?

Feras : le contact avec les jeunes, le dynamisme, le fait de les voir évoluer. Ils ne veulent ou ne savent pas toujours faire certaines choses et progressivement, ils y arrivent. Certains sont là depuis 10 ans, ils grandissent ici et ça me fait plaisir de les voir cheminer. 

Tania : on a une certaine reconnaissance de la part des jeunes. J’aime aussi le fait que les jours ne se ressemblent pas. Ça change tout le temps, c’est diversifié. 

Y a-t-il des inconvénients dans votre fonction d’animateur ? 

Tania : en contrepartie de la variété et du caractère non routinier du métier, les horaires sont souvent variables, ce qui demande une certaine souplesse et est peu conciliable avec une vie de famille. On doit être libre quand les jeunes le sont, c'est-à-dire après l’école : le soir, le week-end. De plus, on fait des heures supplémentaires et il arrive qu’on travaille 7 jours sur 7. Il y a de nombreux imprévus. Par exemple, on participe à un spectacle sur les violences familiales qui se déroulera le week-end. Les jeunes ne sont pas prêts, on doit donc ouvrir la Maison en plus des horaires habituels. On sera occupé samedi pour la répétition générale et dimanche pour le spectacle. 

Feras : par ailleurs, le salaire n’est pas terrible et il n’y a pas de possibilités d’évolution, à part éventuellement coordinateur de Maison des Jeunes. Le salaire est un peu plus élevé et il y a une part de travail plus administratif à réaliser. 

Quelles qualités sont nécessaires pour être animateur en MJ ?

Feras : il faut être diplomate, savoir parler aux jeunes, être à l’écoute de leurs difficultés et les entendre. Certains jeunes viennent ici pour fuir leur maison, pour trouver une reconnaissance parce qu’ici, ils sont quelqu’un et ils peuvent s’exprimer. 

Tania : il ne faut pas être timide mais au contraire aimer les contacts, s’exprimer et avoir du caractère. Il faut toujours aller à l’avant des projets, être disponible, flexible et patient avec les jeunes.

Ismaël : l’animateur doit prendre en compte l’avis des jeunes, s’intéresser à ce qu’ils veulent, donner des conseils. Mais il faut aussi savoir garder une certaine distance vis-à-vis d’eux. 

Jérémy : le métier est plus facile quand on a une âme de leader. Il faut que dans l’équipe d’animation, certains l’aient pour dynamiser le groupe, maintenir un certain cadre. Ici, c’est Feras qui est le pilier central à ce niveau-là.

Quels conseils donneriez-vous à une personne attirée par la fonction d’animateur ?

Jérémy : c’est un métier qu’on choisit par vocation, il faut avoir la flamme ! 

Feras : effectivement, il faut vraiment aimer, être content de voir les jeunes et pas seulement faire ça sans plus, simplement pour avoir un travail. Dans le contexte particulier de l’animateur en MJ, j’ajouterais aussi qu’il faut avoir l’esprit jeune. 

Tania : il ne faut pas qu’ils se disent qu’ils vont occuper la même fonction d’animateur en MJ toute leur vie. C’est un travail épuisant mentalement et qui ne s’accommode pas vraiment à une vie de famille, comme expliqué précédemment. 

Ismaël : on n’a pas les mêmes objectifs à 20 ans et à 40 ans. On ne se voit pas animateur en MJ à 40 ans.

Feras : dans l’ensemble, je trouve que c’est un chouette métier ! Le plus grand plaisir que l’on a, est de voir que ça marche pour certains jeunes, qu’ils évoluent. C’est une belle satisfaction ! 

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.