Interview anonyme, Ingénieur chimiste

Interview réalisée en avril 2011

Quand avez-vous terminé vos études ?

Je suis né en 1934. Je suis ingénieur chimiste et je continuerai à travailler tant que cela me restera possible ! Ingénieur, c’est une passion, une curiosité de tous les instants sur les sujets les plus divers. Je crois qu’on ne devient pas ingénieur par hasard, il faut une tournure d’esprit. Nous sommes des probabilistes, alors que les juristes sont des déterministes.

Quel a été votre parcours professionnel depuis votre sortie des études ?

C’était la grande époque de la sidérurgie. J’ai été immédiatement engagé chez Hainaut Sambre (fin d’activité en 1981) pour m’occuper des hauts fourneaux, comme ingénieur d’exploitation. Ensuite, je suis passé au bureau d’études, puis chef de projet. Mais je me rendais compte que la sidérurgie était en plein déclin et que, quelque part, j’en étais un peu prisonnier.

J’ai donc entamé un master en management à l’UCL, au cas où... Une fois diplômé, Hainaut Sambre m’a proposé de reprendre les services de sécurité du bassin de Charleroi, ce qui représentait quand même encore 6000 personnes, à l’époque. J’ai accepté, à condition de pouvoir tout réorganiser à ma manière, ce qui a été accepté. Quand je suis parti, on était tombé à un taux de 6 accidents par million d’heures de travail, contre 135 quand j’étais arrivé.

Rattrapé par la pension, j’ai dû quitter mon poste, mais, comme je ne me voyais pas rester inactif, j’ai fondé la COGETRASEC (Conseil en Gestion des Conditions de Travail et de Sécurité) au sein de laquelle je suis toujours actif.

Avec l’expérience qui est la vôtre, comment voyez-vous l’évolution du métier d’ingénieur ?

Les possibilités qu’il offre sont pratiquement illimitées, si on refuse d’être cloisonné et que l’on garde l’esprit ouvert. L’ingénieur moderne ne doit pas rester cloîtré dans son labo. De nos jours, il faut être réellement polyvalent.

Vous serez amené à faire de la technique, bien sûr, mais aussi du financier, de l’organisationnel et même du social. L’importance de ces différents aspects fluctuant avec l’évolution de la carrière.
En outre, ces aspects varient suivant la spécialité et l’orientation civile ou industrielle que vous aurez choisie.

Les différences entre “industriel“ et “civil“ existent encore ?

De mon temps, elles étaient certes plus marquées, tant du point de vue de la longueur des études que du point de vue financier. À l’époque, un “industriel“ ne gagnait que 85 % du salaire d’un “civil“. Ces différences ont diminué, mais elles demeurent encore.

On dit qu’un ingénieur civil cherche et qu’un ingénieur industriel applique. Je pense que dans la vie active, c’est devenu moins vrai, même si le pragmatisme reste, sans doute, une des qualités essentielles des ingénieurs industriels.

Et quelles sont les qualités communes dont doivent faire preuve tous les ingénieurs ?

Ténacité et précision, surtout. Quand on fait un calcul, il doit être correct. Il faut toujours tout contrôler et ne pas se satisfaire des apparences. Si le pont que vous avez construit s’écroule, vous n’allez pas dire que votre méthode était bonne, mais qu’il s’agit d’une malheureuse erreur de calcul !

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent se lancer dans des études d’ingénieur ?

Premièrement : ne pas avoir peur. Deuxièmement : avoir le culte de l’effort. Troisièmement : toujours avoir un objectif précis en ligne de mire. Enfin, et peut-être surtout, être mobile. Avec la mondialisation et le développement ahurissant des moyens de communication, il faut être prêt à voyager.
 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.