Mr Yves Baré, Agent sportif

Interview réalisée en décembre 2008

Ancien joueur et entraîneur de football, Yves Baré s’est reconverti en agent de joueurs.

De combien de footballeurs êtes-vous l’agent ?

La liste est longue : environ 40 joueurs pros.

Quel fut votre parcours professionnel ?

J’ai longtemps été joueur de football, notamment au RFC Liégeois. J’ai aussi été international à plusieurs reprises. Ma reconversion s’est effectuée dans un premier temps dans le domaine des assurances. J’exerçais le métier de représentant. J’ai longtemps tenu un magasin de sport, de 1960 à 1984. J’ai aussi été entraîneur au RFC Liégeois et au FC Seraing de 1972 à 1986, de promotion en Division 1.

Pourquoi êtes-vous devenu agent ?

J’étais saturé d’entraîner. Je voulais passer à autre chose. Or il se fait que durant ma carrière d’entraîneur, des joueurs me posaient des questions et me demandaient des conseils sur l’orientation à donner à leur carrière. Cela m’a donné l’idée d’en faire ma profession.

Quelle formation avez-vous suivie pour devenir agent ?

Aucune formation n’est organisée en la matière. Il y a simplement un examen à passer auprès de l’Union Belge de football. Le candidat doit fournir un CV détaillé de sa carrière professionnelle et sportive. L’examen en lui-même porte sur les règlements en vigueur à l’Union Belge et à la FIFA.

Quel est, selon vous, le rôle d’un agent ?

Aider et gérer la carrière du ou des joueurs dont il s’occupe. Négocier ses contrats avec son club ou un autre club acquéreur. Lui dénicher un club lorsqu’il en cherche un. Répondre aux différentes sollicitations extérieures dont il pourrait faire l’objet pour lui permettre d’être uniquement concentré sur ses performances sportives. Le « soulager » de tout ce qui est administratif, en quelque sorte.

Comment entrez-vous en contact avec les joueurs susceptibles de vous intéresser ?

La plupart des joueurs viennent à moi. J’ai apparemment acquis une certaine réputation dans le milieu. J’accepte de devenir leur agent si, selon moi, ils ont un potentiel intéressant. Nous ne signons pas de contrat. La parole suffit. Nous ne sommes donc pas tenus de rester ensemble. C’est d’ailleurs peut-être pourquoi tant de joueurs changent régulièrement d’agent durant leur carrière.

Quelles difficultés pouvez-vous rencontrer dans l’exercice de votre métier ?

Comme dans tous les milieux, il y a des gens corrects et d’autres qui ne le sont pas. J’ai depuis longtemps éliminé de mes contacts tous les ingrats et les incorrects, qu’ils soient clubs ou joueurs.

Comment êtes vous rétribué ?

Ce sont les clubs qui me rémunèrent. Ce qui souligne un paradoxe : l’agent doit défendre les intérêts du joueur chez l’employeur qui le rétribue !

Comment se passe une négociation entre un club, l’agent et le joueur ?

Tout d’abord, il est impératif que le joueur rencontre l’entraîneur afin de voir quelles sont ses intentions à son égard. Le veut-il vraiment ? Le courant doit passer entre eux. Ensuite, et ça c’est plutôt de mon ressort, il faut sentir la détermination du club à vouloir le joueur. L’intérêt est-il réel ? Lorsque ces deux conditions sont remplies, il faut rentrer dans le vif du sujet : la négociation en vue de l’établissement du contrat.

Quelles sont les connaissances indispensables que doit avoir tout bon agent ?

Comme dans de nombreuses professions, l’expérience est primordiale. Je ne conçois pas qu’un agent de joueurs n’ait aucune expérience dans le milieu du foot. Il faut en connaître les différents rouages. Avoir été joueur, entraîneur et/ou manager de club procure de gros avantages. Ensuite, je citerais la connaissance des langues étrangères et notamment de l’anglais, la langue universelle du football, mais aussi du néerlandais en Belgique. La profession recèle aussi un important volet administratif.

Quelle mise en garde feriez-vous à un joueur courtisé par plusieurs clubs ?
Quels sont les critères qu’il doit prendre en compte prioritairement ?

Le choix sportif tout d’abord. Les objectifs du club cadrent-ils bien avec les siens ? Est-ce que ce club lui permettra de s’épanouir en tant que footballeur et en tant qu’homme ? Se focaliser uniquement sur le salaire ou sur l’éventuelle réputation du club serait une erreur. La patience est aussi une vertu essentielle dans ce sport. Il n’est pas nécessaire de se ruer sur la première offre que l’on reçoit. Il vaut peut-être mieux refuser une offre moyenne un jour pour en accepter une meilleure le lendemain. Et puis, pour le joueur en fin de contrat ou tout simplement sans contrat, il faut garder l’espoir tout en étant suffisamment lucide sur ses qualités : il n’a peut-être pas le niveau pour aller jouer à Manchester United ou au Real Madrid.

Et quelle autre mise en garde feriez-vous cette fois à quelqu’un qui serait intéressé par exercer votre profession ?

Si, comme but premier, c’est l’aspect financier qui prime, autant ne pas commencer.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.