Ce professionnel est à la fois un archéologue et un plongeur. Il dirige des fouilles archéologiques subaquatiques dans le but de trouver des traces du passé. Il s’intéresse aux sites archéologiques situés en dessous de la surface de l’eau, qu’il s’agisse de l’océan, de la mer, de rivières ou de lacs. On y trouve une importante diversité de vestiges. Les plus connus du grand public sont les navires de commerce ou de guerre échoués suite à une avarie[1], une tempête ou un fait de guerre. L’étude de ces épaves permet de comprendre la vie quotidienne des hommes de bord, la richesse de leurs échanges commerciaux, ainsi que les techniques civiles et militaires de construction navale. Cependant, de nombreuses autres ressources culturelles sont également découvertes sous l’eau : vestiges de barrages de pêche, de quais, d’écluses ou de gués[2], traces d’habitats installés sur les rivages marins ou lacustres[3], épaves d’avions, etc. On retrouve également des cités entières enfouies dans les fonds marins suite à des tremblements de terre ou de cyclones (ex. : Port Royal en Jamaïque).
L’archéologie subaquatique poursuit les mêmes objectifs que ceux de l’archéologie appliquée à des sites terrestres. A partir d’objets ou reliquats retrouvés sur les sites, elle permet de mieux connaître l’histoire d’un lieu et des personnes qui y ont vécu. Le champ chronologique est très étendu, allant de la préhistoire à l’époque contemporaine.
Les fouilles en milieux subaquatiques se déroulent en plusieurs étapes, coordonnées par l’archéologue plongeur. En premier lieu, il effectue des recherches dans les archives. Cette plongée dans l’histoire joue un rôle déterminant pour localiser un naufrage et identifier une épave. Les ressources étudiées sont de natures variées : anciennes cartes marines, cadastres, récits de témoins ou de rescapés, correspondances, journaux d’époques, études des courants marins, etc. Dans le domaine de l’archéologie « préhistorique », les archives sont celles du sol : vestiges archéologiques sur les côtes, ruines, etc.
Commence ensuite la phase de prospection subaquatique qui est effectuée en plongée. Chaque élément archéologique repéré est signalé en surface par un flotteur. Si nécessaire, des photographies aériennes peuvent également être réalisées. Au-delà de ces techniques de prospection visuelle, l’archéologie subaquatique utilise surtout des techniques de pointe utilisées en géophysique et qui permettent de détecter des anomalies dans les fonds marins. Parmi celles-ci, le sonar à balayage latéral[4] ou le magnétomètre[5]. Une fois le profil sous-marin du site dressé, un carroyage est effectué. Il s’agit du découpage systématique du site en zones carrées et de l’identification unique de chacun de ces carrés. L’archéologue numérote et enregistre ainsi chaque objet découvert selon sa position sur la grille. Des photographies sont réalisées à chaque étape de la fouille. Si le site est intéressant, des centaines de photos sont prises pour construire un modèle 3D de l’épave a posteriori. On parle alors de photogrammétrie. Les vestiges archéologiques sont dégagés à l’aide d’un aspirateur à sédiments. Lorsque l’équipe décide de remonter à la surface certains artéfacts[6] pour les étudier, elle utilise de grands paniers. Il faut éviter d’exposer directement à l’air les objets découverts car cela peut provoquer des déformations, des désagrégations, voire des éclatements. Pour chaque matériau, un protocole de conservation strict est donc établi.
La dernière étape du travail de l’archéologue consiste à analyser et archiver les objets découverts. Il rédige un rapport de fouille et communique ses résultats dans des articles ou lors de conférences.
[1] Dommage survenu à un navire ou aux marchandises qu'il transporte.
[2] Endroit d'un cours d'eau assez peu profond pour qu'on puisse le traverser sans nager (www.larousse.fr)
[3] En bord de lac ou d’un étang.
[4] Instrument qui émet des ondes acoustiques vers le fond marin et enregistre leur intensité. Lorsqu’il est installé sur un robot autonome, il permet de prospecter au-delà de 400 mètres de profondeur.
[5] Appareil qui détecte les variations de champs magnétiques. Il permet de repérer des objets en métal sous les sédiments (ancres, canons, etc.).
[6] Objet façonné par l'homme et découvert à l'occasion de fouilles archéologiques.
Compétences & actions
- Posséder des connaissances en histoire, histoire de l’art et archéologie
- Effectuer des recherches documentaires
- Identifier et classer des objets en fonction des époques, des civilisations
- Maîtriser les techniques de fouilles sous-marines et de plongée
- S’informer sur la région, le lieu des fouilles
- Manipuler les différents outils
- Travailler en équipe
- Gérer un budget, rédiger des contrats
- Constituer des dossiers de demande de subsides
- Avoir un brevet de plongée sportive
Savoir-être
- Rigueur et méthode
- Sens de l’observation
- Capacités d’analyse
- Esprit de synthèse
- Curiosité
- Goût pour l’aventure
- Bonne condition physique
- Polyvalence
- Habileté manuelle et méticulosité
- Respect des règles de sécurité
- Bonne maîtrise des langues étrangères
Cadre professionnel
L’archéologue subaquatique peut travailler sur des sites en Belgique (ex : fleuves, rivières, mer du Nord) ainsi qu’à l’étranger. Les campagnes de fouille peuvent durer de quelques jours à plusieurs semaines.
Il commence souvent son expérience professionnelle en tant que bénévole sur divers chantiers. Il est généralement employé par une université ou par un institut de recherches.
L’équipe qui réalise les fouilles se compose d’un archéologue responsable des fouilles, de plusieurs archéologues, de plongeurs professionnels, d’étudiants en archéologie et de l’équipage du bateau si les fouilles se déroulent en pleine mer. En fonction de la mission, des biologistes, des ingénieurs ou des cartographes accompagnent parfois les archéologues.
Plusieurs nationalités différentes se côtoient généralement lors de l’expédition. La connaissance d’une ou plusieurs langues étrangères est donc un atout pour communiquer de manière claire.
L’archéologie en milieu aquatique se pratique dans un environnement hostile. Elle est donc beaucoup plus complexe que l’archéologie terrestre. Les immersions dépendent des caprices du temps, de la visibilité, des courants marins, de la profondeur à laquelle se trouve l’objet étudié, etc. Plus celui-ci est enfoui profondément, plus le temps de travail sous l’eau est limité. Afin d’exercer dans de bonnes conditions, l’archéologue-plongeur utilise un équipement spécialisé. Ainsi, pour conserver sa chaleur corporelle, il revêt une combinaison étanche qu’il enfile au-dessus de sous-vêtements chauds. Il porte également un masque qui recouvre tout son visage. Pour communiquer avec ses collaborateurs en surface ou les plongeurs qui l’accompagnent, il emploie des systèmes de communication sous-marine.
En Belgique, pour pouvoir entreprendre des fouilles, l’archéologue doit obtenir un permis officiel délivré sur base de ses compétences pratiques, techniques et scientifiques. Un brevet de plongée sportive est requis. Le niveau exigé (1, 2, 3 ou 4) varie en fonction de la mission (profondeur des plongées prévues, présence de courants marins, etc.).