Mr Alain Bronckart,
Commissaire d'exposition et galeriste
Interview réalisée en juin 2009 |
Peintre, dessinateur, sculpteur, chroniqueur artistique, commissaire d'expositions et galeriste.
Quel est votre parcours scolaire ?
J'ai étudié à l'Institut des Arts décoratifs de Liège. J'ai donc un diplôme de l'enseignement secondaire supérieur. J'ai ensuite étudié la peinture à l’École des Beaux-arts Saint-Luc, à Liège et les cours du soir en architecture d'intérieur. Ayant vite trouvé un emploi de dessinateur dans une bijouterie, j'ai abandonné mes études supérieures. Ceci étant dit, le début de cette formation abandonnée a eu des influences positives dans ma vie professionnelle notamment au niveau de la scénographie des expositions.
Pourquoi avoir choisi cette voie artistique ?
Depuis tout petit je me sentais l'âme d'un artiste. Je dessine depuis toujours et aime le monde de la radio depuis longtemps. Très vite, l'orientation professionnelle avait perçu mon attirance pour le monde des arts.
Vous êtes à la fois peintre, dessinateur et sculpteur, pouvez-vous nous parler de ces différentes disciplines ?
Difficile pour un artiste de parler de son propre travail... Je dessine donc depuis toujours en privilégiant pendant longtemps le noir et blanc. C'est depuis peu de temps que la couleur est apparue dans mon travail de peintre. Voici ce qu'écrit Lucien Rama, critique d'art, au sujet de mon travail :
« Le désordre comme forme de perfection
D’un séjour en Alsace, il a ramené le chatoiement des couleurs. Des couleurs, à la fois douces et fortes qui, partout, éclatent en rayonnements lumineux. Et si les formes restent fondamentales, ses sources se chargent au philtre de ses voyages et de ses multiples rencontres : l’art aborigène, mexicain, africain.
En ce sens, peindre pour Alain Bronckart, c’est un peu célébrer la vie au travers d’un état d’écriture où plusieurs mémoires se superposent dans la globalité de ses perceptions. Bleus et roses, jaunes, siennes et ocres brûlants étendent leur résonance, leurs vibrations et apprivoisent la lumière dans la mémoire du temps.
On retrouvera tout au long de ses dernières créations, ce dessin incisif et précis, cette picturalité puissante, ce chromatisme volontaire, cette planéité, digne des grands fresquistes viennois comme Auguste Klimt.
L’univers de ce peintre en devenir reste spirituel et sa force plastique prend source dans le symbole.
On y distingue un cerf-volant, une colombe bleu-céleste, annonciatrice d’espoir, ailes déployées. Ne cherchez plus l’auteur des minutieux mandalas. Seul un vrai peintre sait offrir à notre perception une telle charge émotive puisée depuis les traces premières de la vie.
La simplification de ses formes concourt à renforcer la force de ses dernières créations. Depuis toujours, Alain Bronckart, dessine un peu comme il respire. L’homme est avant tout un observateur quelque peu panthéiste, de la ligne mais il endosse aujourd’hui aisément les oripeaux de l’artiste pour nous étonner. Et c’est ce que nous aimons en lui…
C’est en tout cas, le sceau, l’empreinte d’un créateur sincère. Et parfois la sérénité dans le désordre est parfois une forme de perfection. (Lucien Rama - Privilège Mars 2009). »
En ce qui concerne la sculpture, à la demande de la Ville de Hannut, j'ai créé un projet de sculpture en acier cor-ten de 3m X 2m, installée en 2010 sur le rond-point de la Route de Huy. Elle est composée de 2 parties dont une est mobile. Elle est le symbole de l'union de 2 éléments qui s'aiment, qui se rapprochent et qui fusionnent. Le grand cercle découpé en plein cœur est le symbole de la maternité, d'une ouverture sur le monde. J'ai conçu ce projet en pensant au thème du jumelage de Hannut avec la Ville de Kaplan en Louisiane.
Où puisez-vous généralement votre inspiration ?
La nature est source d'inspiration inépuisable. Mais c'est au fond de moi-même que je vais puiser le maximum de ce que je vais exprimer, parfois et souvent inconsciemment, sur la toile ou le papier.
Vous êtes également galeriste. Concrètement, comment s’organise votre travail ?
La Galerie d'art était une passion qui, faute de rentabilité, a dû être fermée fin 2008. Je ne suis pas un homme d'affaire et je n'ai jamais sélectionné un artiste en me disant qu'il serait rentable pour la Galerie. Je choisis les artistes en fonction de mes propres émotions, sans tricher, ce sont de véritables coups de cœur. Je me considère comme passeur d'art et non marchand.
Je reste organisateur d'événements artistiques et je préfère cela nettement au métier de galeriste. Je ne crois plus au concept de galeries d'art (en Belgique en tout cas).
Sur quels critères vous basez-vous en ce qui concerne le choix des artistes que vous accueillez dans votre galerie ?
Mes choix sont toujours de réels coups de cœur. J'aime une œuvre quand elle est création et qu'elle me surprend. J'aime me dire : "Tiens je n'ai jamais vu cela, c'est vraiment un travail très personnel".
J'aime aussi soutenir les jeunes artistes. A chaque sélection, j'ai toujours au moins un jeune artiste débutant parfois toujours aux études. Je suis membre du jury dans plusieurs écoles d'art en Belgique et j'en suis fort heureux car je sais être ainsi à l'affut de nouveaux talents. J'apprécie également les artistes confirmés et reconnus internationalement. Ils m'aident à partager ma passion et mon amour pour l'art.
Parlez-nous de vos autres casquettes…
Je suis également commissaire d’exposition. Le commissaire est l'auteur, le créateur de l'exposition.Chaque expo est toujours un défi. Le rôle du commissaire est de sélectionner des artistes et des œuvres, de choisir les textes relatifs au catalogue ou à l'invitation. Il est le directeur artistique.C'est lui qui met en scène les œuvres, il est un véritable scénographe. Personnellement, j'adore la mise en place des œuvres. C'est un rôle magnifique qui me fait vibrer à chaque fois ! Je crois pouvoir dire que c'est un art que je maîtrise bien. Le fait d'avoir reçu une formation d'architecte d'intérieur est un plus indéniable.
Je suis également un ancien animateur radio de la RTBF. J'ai aussi fait un peu de télévision (pas trop heureusement). La radio est une autre passion, forte elle aussi. J'ai animé l'émission "Voisins Voisines" et "Musique à la Carte" sur Vivacité. Ensuite, j'ai eu très longtemps une chronique artistique à la radio. Je parlais de mes coups de cœur et des expos qui m'avaient particulièrement touchées. Mon seul souci était de partager mon enthousiasme avec les auditeurs. Pas facile pourtant de parler art à la radio... on n’en parle d’ailleurs plus ! L'art n'est pas populaire.
Quelles sont les qualités requises pour exercer tous ces métiers ?
Disponibilité, passion, sensibilité, curiosité, patience, aptitude à communiquer, écoute, ouverture d'esprit, sens de l'organisation, qualités humaines et relationnelles, créativité, accueil.
Est-ce que cette diversité est importante pour vous ?
Cette diversité est une richesse. J'aime ces métiers parce qu'ils me passionnent et qu'ils ont tous un point commun : la créativité.
Quels seraient les conseils que vous donneriez à une personne qui voudrait se lancer ?
Ne pas avoir peur de se lancer, de bien mesurer ses ambitions et de se fixer des objectifs en conséquence. Ne pas craindre l'échec. Réfléchir à la vie que l'on a envie d'avoir. Foncer !
Des projets pour la suite ?
La création de bijoux m'intéresse particulièrement. Une micro-sculpture est déjà disponible. J'aime assez l'idée de créer des "pendentifs" qui, quand ils ne sont pas portés, se transforment en petites sculptures à poser sur un meuble. Je vais aussi participer à la création d'une ligne de bijoux créés par des artistes et distribués par un grand bijoutier belge.