Dr Alain Clabots, Vétérinaire rural

Quelle est votre formation ?

J'ai fait l'école vétérinaire qui compte actuellement 6 ans d'études.

Quel a été votre parcours professionnel ?

J'exerce mon métier depuis 25 ans. J'ai d'abord effectué des remplacements pendant quelques mois avant de m'installer à Grez-Doiceau d'où ma famille est originaire. Ensuite, mon épouse a repris une pharmacie dans la région et j'y ai transféré mon cabinet en 2000.

Qu'est-ce qui vous a motivé à devenir vétérinaire rural ?

Mes parents étaient fermiers et j'aurais également aimé travailler dans la ferme. Mais les conditions économiques étaient difficiles, c'est pourquoi j'ai choisi de devenir vétérinaire puisque cela restait proche de ce domaine-là et que je pouvais de cette façon conserver une proximité avec la nature et les animaux.

Vous considérez-vous plutôt comme un vétérinaire rural ou urbain ?

Au départ, je travaillais surtout dans le milieu rural, mais aujourd'hui, j'ai aussi une clientèle urbaine. L'environnement a évolué, il s'est urbanisé, les fermes disparaissent de plus en plus, donc il y a moins de vaches, c'est ce qui m'a poussé à diversifier ma clientèle.

Quelles sont les différences les plus importantes entre le vétérinaire rural et urbain ?

Le métier de vétérinaire rural est plus exigeant physiquement, mais aussi du point de vue du contact avec le client : pour les fermiers, le vétérinaire est leur homme de confiance et nous avons un rapport direct. C'est une approche très différente de celle de la clientèle urbaine. N'oublions pas non plus que les fermiers éprouvent de grandes difficultés économiques à cause de leurs bas revenus, nous devons donc avoir une approche pédagogique aiguisée.

Même relativement à nos honoraires, nous devons tenir compte de leur réalité. Les interventions sont pourtant plus urgentes et se font dans des conditions plus difficiles, ce qui induit un investissement temporel et financier très différent. De plus, les responsabilités sont plus importantes : les bêtes coûtent cher, elles représentent une grande valeur pour le fermier, donc quand l'une d'entre elles meurt, son revenu s'en ressent !

Quelles sont les qualités requises pour exercer le métier de vétérinaire rural ?

Etre issu d'un milieu rural est un plus ! Mais la formation est la même pour tous, il y a un cours de gynécologie rurale des grands animaux inclus dans le programme général et le vétérinaire urbain doit donc réussir les mêmes examens que le vétérinaire rural.

Est-ce un métier difficile ou dangereux ?

C'est parfois difficile dans certains cas. Nous devons prendre des précautions particulières, notamment avec les grands chiens dangereux ou avec les chevaux qui peuvent donner des coups de sabot ou encore avec les taureaux. Il m'est arrivé de me faire mordre par un chien blessé à la hanche, qui n'obéissait plus car il souffrait trop. Une autre fois j'ai été mordu par un berger allemand agressif que le maître ne contrôlait pas et qui n'avait pas de muselière. A une autre reprise, j'ai également reçu un coup de corne d'un taureau et un coup de sabot d'un cheval en pleine figure ! Je connais d'ailleurs un collègue qui a été défiguré de cette façon-là et un autre qui a été tué ! Mais c'est quand même plutôt rare que cela devienne grave à ce point. Pour éviter ce genre de problèmes, nous essayons de prendre des précautions, comme de mettre une muselière à un chien dangereux ou de lui faire une piqûre de calmants, tout comme au cheval d'ailleurs.

Nous sommes aussi plus sujets à des accidents de voiture, car quand il y a une urgence, le temps compte et les conditions climatiques, surtout la nuit, peuvent rendre les routes dangereuses. Mais ce n'est pas le seul métier comportant ce genre de risques.

Comment s'organise votre journée et le service de garde n'est-il pas trop pesant ?

En général, je consacre mes matinées aux opérations et aux visites à domicile, tandis que l'après-midi est surtout réservée aux rendez-vous.

Concernant les services de garde, il y a 10 ans, j'étais seul pour répondre aux urgences. Mais aujourd'hui, j'ai trois associés dans la région et nous nous répartissons les gardes selon un rythme de tournantes.

Pensez-vous qu'il s'agit d'une profession d'avenir ?

A une époque, il y a eu pléthore à ce sujet, mais je crois qu'il reste des possibilités pour les débrouillards. Les vétérinaires urbains pour petits animaux sont déjà très nombreux et la demande n'évolue plus à cause des difficultés économiques, raison pour laquelle certains font d'ailleurs l'impasse sur les vaccinations.

Du côté rural, les fermes sont en voie de disparition ; les normes administratives auxquelles les fermiers sont astreints sont fort rigoureuses. C'est devenu difficile pour les jeunes de se lancer dans le métier, car ils doivent louer ou acheter un local, et en plus du matériel de base, ils doivent aussi acquérir un équipement de plus en plus sophistiqué et composer un stock de médicaments. Bref, les investissements sont importants. Avant, il existait un prêt sur diplôme mais plus maintenant. Ce n'est donc pas facile d'obtenir un crédit sans avoir prouvé que cela rapportera !

On parle beaucoup de vétérinaires comportementalistes ? Cela fait-il partie de votre formation ?

Oui, mais on peut toujours se perfectionner par après également. Certains vétérinaires suivent aussi des séminaires, souvent à l'étranger et particulièrement aux Etats-Unis, pour acquérir une formation supplémentaire, en homéopathie par exemple. Mais ce n'est pas un diplôme officiel, on le fait plutôt par intérêt.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.