Alexandre Quenon,
Doctorant en électricité

Interview réalisée en juin 2024

Quel est votre métier, quelle(s) appellation(s) lui donnez-vous ?

Mon diplôme est celui d’ingénieur électricien, c’est mon métier. Dans mon cas, j’ai une spécialisation dans le multimédia et les télécommunications. 

Actuellement, je réalise un doctorat en tant qu’assistant à l’université. Je donne surtout cours sur l’électronique, car j’y ai développé des compétences pendant mes études et le début de ma carrière. 

Quel a été votre parcours de formation ?

En secondaire, j’aimais déjà beaucoup les maths et les sciences. Je savais que j’allais m’orienter vers des études de ce genre. 

En 4ᵉ, je me renseignais déjà sur les études d’ingénieur, je faisais des stages. Par la suite, j’ai choisi de suivre des études à la Polytech de Mons parce que j’aimais l’idée de pouvoir faire de tout, de rester un peu touche-à-tout : maths, physique, chimie, électronique, etc. 

Au début, j’aspirais plutôt à me tourner vers la géologie. Puis, en deuxième année de bachelier, un projet sur l’électronique m’a séduit et je me suis tourné vers l’électricité et l’électronique. Beaucoup découvrent ce qui les passionnent et les motivent pendant leurs études. 

Ensuite, mon premier travail a consisté à concevoir des circuits électroniques. Une entreprise venait avec un projet, avec des critères précis, mon travail était de proposer un circuit qui respectait leur demande. 

C’est après que j’ai décidé de me lancer dans un doctorat et ainsi découvrir la recherche. 

Est-ce un métier où l’on travaille seul ?

Oui et non. Pour préparer les cours, nous formons une équipe, avec un titulaire de cours. Moi, j’encadre plutôt les travaux pratiques, ce qui suscite beaucoup d’interactions avec le technicien de notre équipe, par exemple. D’un autre côté, il y a des moments où on est vraiment seul. Pendant les travaux de recherche, notamment. Ça peut être plus dur moralement, mais j’ai cherché d’autres interactions. Par exemple, réaliser des expériences, j’ai fait appel à une physicienne, avec laquelle j’ai collaboré. 

Un autre aspect du métier, c’est aussi l’aide à la communauté. Et là aussi, nous ne sommes pas souvent seuls. On communique à d’autres en quoi consiste notre travail ou nos études (comme nous sommes en train de le faire maintenant) ou alors on propose des solutions à des problèmes qui viennent de l’extérieur, on réalise des missions d’expertise. Dans ces cas-là, on rencontre beaucoup de gens différents, on doit apprendre à leur expliquer ce que l’on fait tout en restant à leur niveau. C’est enrichissant.  

Et puis, il y a aussi les conférences et les formations doctorales, pour lesquelles on voyage à l’étranger et où l’on rencontre d’autres personnes d’autres horizons.  

Quelles sont les qualités à avoir pour ce métier ? 

D’abord, garder une curiosité scientifique : se renseigner, consulter des articles… C’est ce qu’on appelle la veille technologique. Il faut aimer et vouloir comprendre le fonctionnement des choses du quotidien. 

Ensuite, conserver un esprit critique. Pas dans le sens de ne jamais croire ce qu’on nous dit, mais de ne pas s’arrêter à cela. Il faut pouvoir retourner une théorie dans tous les sens, en trouver les failles, les limites… 

Enfin, rester humain. Ce que nous faisons servira à d’autres personnes, pour lesquelles nous devons demeurer à l’écoute. Pour le grand public, notre travail peut sembler étrange ou obscur. Nous nous devons de transmettre les connaissances sans prendre les gens de haut. 

Avez-vous connu de grandes évolutions dans votre métier, qu’est-ce qui a changé ?

D’une façon générale, l’apparition de l’intelligence artificielle a fait changer les choses, elle arrive même dans des secteurs que l’on ne soupçonnait pas. Cela entraine pas mal d’interrogations sur le sujet. Il y a toujours eu des vagues d’évolution auxquelles on est confrontés, mais là, ça s’accélère. Attention, il ne faut pas en avoir peur. On doit l’accepter quand cela a de l’intérêt et si cela a de l’intérêt, pas seulement parce que c’est un phénomène de mode. 

Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?

Dans le cadre du doctorat, un des avantages, c'est de communiquer avec des publics variés. On développe une communication utile pour notre travail de tous les jours. Parler avec des personnes qui ne sont pas forcément ingénieurs ou n’ont pas les mêmes connaissances demande de pouvoir s’adapter. 

Cela amène à un inconvénient, c’est qu’on a tendance à développer un certain ego parce que l’on sait beaucoup de choses dans un domaine précis. D’ailleurs, un autre inconvénient, c’est qu’on peut parfois se mettre des œillères. On se concentre que sur son domaine ou sa spécialité alors qu’il y en a plein d’autres. De temps en temps, la solution pourrait être trouvée plus simplement en s’intéressant à une autre spécialité, mais on passe à côté en s’entêtant à rester seulement dans ce qu’on maitrise le mieux. 

Un gros avantage pour moi, c’est la stimulation intellectuelle. J’ai besoin d’avoir quelque chose de nouveau à comprendre, de trouver des solutions à certains problèmes, je ne peux pas répéter tous les jours la même chose. Et on ne fait jamais la même chose. Par ailleurs, on peut toucher à énormément de domaines qui peuvent faire rêver. Par exemple, lors de mon travail précédent, j’avais pu travailler pour l’aérospatial ou l’automobile et concevoir des circuits pour certains de leurs projets. On peut travailler sur des choses qui sont en adéquations avec nos attentes, nos ambitions ou nos valeurs. 

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite se lancer dans ce métier ?

Tout d’abord, de ne pas regarder les programmes de cours comme on regarde un menu de restaurant. On aura le temps d’expérimenter plus tard le domaine qui plait le mieux. L’essentiel, c'est de prendre le temps de rencontrer les personnes de terrain, de découvrir le métier en discutant avec des personnes qui ont travaillé en tant qu’ingénieur. On peut aussi se renseigner en lisant des revues ou des livres qui expliquent des applications de notre travail de façon concrète, mais vulgarisée, compréhensibles par tous. Il ne faut pas hésiter à bidouiller soi-même, à se lancer en façonnant de petits projets chez soi. On peut aussi participer à des petits stages autour de l’informatique, de l’électricité, de l’électronique… Afin de découvrir cet univers avant de se décider. 

Surtout, il ne faut pas se laisser influencer par ce que l’on voit à la télé. Les séries ou les films ne reflètent pas vraiment ce que l’on fait au quotidien, ou de manière très exagérée. C’est pour ça qu’on doit découvrir un métier par soi-même.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.