Mme Anne Masson, Designer textile
Interview réalisée en janvier 2007 |
En quoi consiste votre activité au quotidien ?
Le design textile consiste à créer de la matière souple, du tissu, à l’aide de différentes techniques : le tissage, les techniques de maille et de tricot, la sérigraphie, la technique d’impression et de finissage du tissu. C’est l’étape avant un produit fini. Le matière souple est destinée à être travaillée dans l’ameublement ou le design, dans la mode ou le vêtement.
Je partage mon temps entre une activité d’indépendante et une activité d’enseignement (responsable de l’option design textile à la Cambre à Bruxelles). Comme indépendante, je diffuse une collection d’accessoires et d’objets d’intérieur. Il existe beaucoup de connexions entre mes deux activités au niveau de la réflexion, des contacts,… Mon associé et moi travaillons dans notre atelier avec nos outils qui permettent de tisser et de tricoter pour créer des échantillonnages et pour faire la mise au point des prototypes. En général, nous sous-traitons la production. Nous avons aussi un autre atelier qui s’occupe exclusivement de recherche.
Quelles sont les qualités attendues dans votre profession ?
L’envie de créer, la curiosité. Il est également important d’aimer chercher, de vouloir toujours découvrir de nouvelles choses. Pour le versant de la création, il faut une certaine persévérance, être indépendant dans son travail, faire preuve d’initiatives. Il faut avoir un appétit et un moteur pour tout cela.
Quels sont les avantages et inconvénients de votre métier ?
Avantage(s) : ils sont nombreux : la polyvalence de mon activité, la liberté d’action, les domaines attenants à mon activité, les contacts avec les clients et les fournisseurs et les multiples portes d’entrée pour travailler avec le tissu. Ce que j’apprécie par-dessus tout, c’est la richesse culturelle et historique du tissu. Il faut dire aussi que je travaille dans un secteur en perpétuelle évolution, ce qui peut représenter à la fois un avantage et un inconvénient.
Inconvénient(s) : ils sont plus liés au statut d’indépendant qu’au métier lui-même. Ce n’est pas un métier qu’on fait du bout des doigts, on doit le faire à 200%. Le stress peut également être un inconvénient, surtout si on travaille pour le domaine de la mode car les rythmes et les calendriers sont extrêmement stressants.
Quel est l’horaire de travail ?
Je travaille trois jours par semaine à la Cambre pour exercer mon activité d’enseignante. Le reste du temps, week-end compris, je le passe à exercer ma profession d’indépendante de designer textile : création, administration, gestion de la structure et contacts avec les fournisseurs et les clients. Il n’y a pas vraiment d’horaires car quand je rentre chez moi, je dois préparer mes cours du lendemain, plancher sur les créations, sur les échantillons, etc.
Quel a été votre parcours professionnel ?
Durant mon adolescence, j’ai été en contact avec le textile dans un atelier privé, par pure curiosité. Ensuite, j’ai réalisé quelques stages en Angleterre dans un atelier de tissage. Finalement, j’ai réalisé des études en design textile qui m’ont permis de réaliser des stages dans un bureau de style, à Paris. Toujours pendant mon parcours scolaire à la Cambre, j’ai rencontré un créateur de mode avec qui j’ai travaillé en duo pendant cinq ans. On sortait des collections hommes et femmes à notre nom, je m’occupais de la partie maille. J’ai ensuite commencé à enseigner à la Cambre et j’ai poursuivi une collection d’accessoires en maille en nom propre. Maintenant, depuis quatre ans, je travaille avec mon associé pour notre collection d’accessoires et d’objets intérieurs "Chevalier-Masson".
Que diriez-vous à une personne qui souhaite se lancer dans cette voie ?
D’avoir un moteur interne, une motivation pour chercher au-delà de ce qui existe, de ne pas s’arrêter au panorama existant. J’ajouterai qu’il est nécessaire d’avoir un feeling créatif, ça ne veut pas dire savoir dessiner mais avoir les idées, l’imagination. Le domaine de l’art est un jardin personnel à cultiver, il faut bouger, voir des choses, s’intéresser au monde autour de soi.