Interview anonyme,
Ingénieur civil en aéronautique
Ingénieur civil dans une firme aéronautique de la région de Charleroi.
Quelles études avez-vous faites ?
J'ai une formation d'ingénieur civil à l'Université de Liège en électricité à courant faible, autrement dit en électronique. L'ingénieur civil peut choisir toute une série d'options différentes. Les plus représentées en aéronautique sont sans doute la mécanique, l'électromécanique, l'électricité et l'électronique.
Y a-t-il des spécialisations en aéronautique ?
Dans certaines universités, il existe des cours d'aéronautique qui se donnent au cours d'une année de formation complémentaire. On suit les cours d'un professeur et on porte alors un peu sa réputation. Pour ma part, je n'étais pas spécialisé en aéronautique quand je suis entré ici.
Quelles qualités faut-il avoir pour entreprendre ces études ?
Il ne faut pas se lancer dans des études d'ingénieur civil si on ne possède pas la fibre technique et si on n'aime pas les maths.
Les études vous ont-elles bien préparé au métier que vous exercez ?
Je pense que, pour ce qui est des connaissances, l'ingénieur civil est bien préparé à son métier. Il y a toute une série de choses par contre qu'on n'apprend pas au cours des études : je pense à tout ce qui concerne les relations humaines, par exemple.
Le sens des relations humaines est-il capital ?
Oui, plus on monte dans la hiérarchie, plus on doit passer du temps à discuter de problèmes qui ne sont pas purement techniques, mais bien des problèmes d'organisation, de conditions de travail, etc. J'ai appris sur le terrain, comme beaucoup d'autres.
Voyez-vous d'autres lacunes dans la formation ?
Le jeune sortant de l'université a parfois d'importantes lacunes dans les langues étrangères, puisqu'il n'y a aucune exigence à ce niveau pour les examens.
Bien sûr, nous sommes amenés, au cours des études, à lire beaucoup de documents en anglais et l'étudiant ressent donc logiquement le besoin d'approfondir ses connaissances en langues. Cependant, l'étudiant un peu négligent peut ne pas s'y attarder et se retrouver alors en début de carrière avec une grosse lacune.
Pour ma part, ce qui me sert le plus ici, c'est l'anglais, mais la plupart des ingénieurs civils doivent connaître le néerlandais et c'est d'ailleurs un critère d'embauche dans beaucoup d'entreprises.
Parlez-nous de vos fonctions ?
Elles ont évolué au fil des ans. J'ai d'abord reçu certaines formations et j'en ai donné d'autres. Mes tâches, au début, consistaient à développer certains moyens de test pour les appareils de l'avion. Ensuite, j'ai dû assurer ce qu'on appelle le support technique à la production, c'est-à-dire résoudre les problèmes qui se posent au niveau de la production.
Enfin, j'ai pu me consacrer à l'étude de projets de modernisation des avions par l'installation de nouveaux équipements à bord. Suite à des demandes venant soit du constructeur de l'avion, soit de l'utilisateur, nous réalisons des études et nous remettons des projets.
C'est le travail d'un ingénieur qui a déjà une certaine expérience. Cette activité-là semble se développer, car les avions coûtent tellement cher qu'on essaie maintenant de prolonger leur vie le plus longtemps possible en les modernisant. C'est un phénomène qu'on observe dans le monde entier. Nous recevons de plus en plus de demandes et nous avons donc constitué un bureau qui étudie les projets et dont je suis le responsable.
En quoi cela vous passionne-t-il ?
Je travaille sur des projets que je connais du début et la fin. Ce serait moins motivant pour moi d'être hyper spécialisé, de travailler sur une petite partie d'un programme dont je ne connaîtrais pas le résultat final. Beaucoup d'ingénieurs le font et ils le font bien, mais ils sont peut-être un peu plus fonctionnaires que moi ! Ici, j'ai beaucoup d'initiatives à prendre, ce qui est à la fois stressant et épanouissant.
Un ingénieur civil trouve-t-il facilement du travail ?
Je pense que oui. Les études sont assez ardues et attirent peut-être un peu moins les personnes.