Mme Brigitte Van Doren,
Ostéopathe D.O.
Pouvez-vous décrire votre activité au quotidien ?
Les patients font appel à l’ostéopathie librement ; j’entends par là, sans prescription médicale et de leur propre initiative. Leurs symptomatologies sont très diverses :
- troubles ostéoarticulaires : ce qui concerne les articulations, les muscles, les tendons, que ce soit chronique, subaigu ou aigu. Il s’agit, par exemple, de ‘’blocages articulaires’’ tel que lumbago, torticolis, fixations intercostales, de tendinites, séquelles d’entorses, etc.
- troubles fonctionnels : lorsque l’organisme n’assume plus correctement son rôle dans le fonctionnement du corps. Il s’agit, par exemple, de reflux gastro-œsophagien, de colon irritable, otites, conjonctivites, troubles respiratoires, etc.
Tout ceci, strictement dans les limites de nos compétences qui sont bien précisées tout au long de notre formation.
Dans notre cabinet (nous sommes 5 ostéopathes à travailler ensemble), nous soignons les nourrissons, enfants et adultes ; nous incluons également le traitement pré et post natal. Nous considérons toujours le patient dans sa globalité ; nous mettons en liens les plaintes du patient avec toutes les tensions/dysfonctionnements que nous constatons lors de notre examen. Cette approche est basée sur ‘’les principes de l’ostéopathie’’ que je vais juste évoquer :
- L’autoguérison, autodéfense, autorégulation du corps ;
- L’unité du corps ;
- L’inter-relation entre la structure et la fonction.
A cela, nous ajoutons l’importance du système circulatoire, essentiel à la nutrition des tissus de l’organisme et nous insistons sur l’aspect préventif de l’ostéopathie.
J’insiste fortement quant à la complémentarité indispensable des diverses disciplines de prise en charge du patient : médecins, paramédicaux et tout autre professionnel de la santé ; chacun a ses compétences. Ceci me semble un respect essentiel pour la personne soignée. Nous sommes quotidiennement en contact avec d’autres soignants ; ces échanges sont précieux et nous permettent, entre autre, de réorienter le patient quand nécessaire. N’oublions pas que le but de tout thérapie/médecine, outre de soigner, est de rendre le patient autonome, responsable de sa propre santé et informé.
Voici comment se passe une consultation :
- Nous écoutons la demande du patient et l’interrogeons quant à ses antécédents (= faire l’anamnèse) ;
- Nous lisons les examens médicaux réalisés (imageries médicales, examens de sang et autres) ;
- Nous rassemblons toutes les données des autres soignants lorsqu’ils nous transmettent des informations ;
- Nous passons à l’examen physique du patient : aspect articulaire, musculaire, abdominal et digestif, tensions diverses ; nous rassemblons toutes ces données (= faire le diagnostic ostéopathique) ;
- Nous corrigeons les dysfonctionnements trouvés, ceci par des méthodes structurelles et/ou viscérales et/ou fluidiques (dont fait partie l’ostéopathie crânienne et fascia thérapie) ;
- Nous ré examinons le patient afin de s’assurer du résultat de notre traitement ;
- Nous terminons par le bilan de la séance et quelques conseils complémentaires.
Quelles formations avez-vous suivies ?
Après mes études de kinésithérapie à Bruxelles, j’ai immédiatement commencé mes études d’ostéopathie en Angleterre, à Maidstone ; cette formation pouvait se faire en 6 ans, en temps partiel mais n’existe plus depuis 1990, environ. Nous faisions 4 séjours de 8 à 10 jours, par an, en Angleterre (parfois à Lyon). En 6ème année, nous avions un examen clinique général reprenant toutes les matières enseignées, devant un jury international.
Nous avions également un mémoire de fin d’études à présenter et à défendre publiquement. Nous étions, alors, ostéopathe D.O.(Diplômé en Ostéopathie). Nous avions, ensuite, 2 ans pour nous démarquer totalement de la profession de kinésithérapeute ; ceci afin de reconnaître chacune des deux professions, de permettre la clarté aux patients et de fonctionner en complémentarité. Ces deux derniers points sont encore, à ma connaissance, d’actualité.
Quels sont les éléments qui ont créé et qui maintiennent votre motivation dans cette profession ?
La façon de considérer l’aide que nous pouvons apporter aux patients, basée sur l’anatomie, la physiologie, la pathologie, la biomécanique ; à cela vous ajoutez la vision ostéopathique qui réunit les symptômes afin de comprendre le patient dans sa globalité. Ceci nous amène à chercher la cause et à la traiter. Il est donc évident que ni les patients, ni notre prise en charge, ni nos traitements ne sont identiques : pas de routine !
Nous recherchons en permanence des solutions, des informations afin de répondre au mieux à la demande qui nous est faite. D’où la grande importance de collaborer non seulement avec des collègues soignants mais également avec le patient.
L’ostéopathie associe les connaissances théoriques, l’écoute, le toucher et ce, avec une vision mécanique non rigide. Le tout étant basé sur la recherche d’une harmonie dans le fonctionnement et le mouvement du corps humain. Chaque traitement fait appel aux principes que j’ai énoncés plus haut, ce qui caractérise notre approche thérapeutique et dont je ne me lasse pas, que du contraire !
Quelles sont les qualités personnelles indispensables pour exercer ce métier ?
Tout d’abord, adhérer aux conceptions de nos principes (autoguérison, unité du corps, inter relation structure/fonction). Bien évidemment, il ne faut pas avoir peur du contact. Même s’il est préférable d’avoir une ‘’bonne main’’ dès le départ, l’enseignement reçu et la pratique nous aident à affiner notre sensibilité tactile. Une bonne vision dans l’espace afin de pouvoir visualiser les positions articulaires (physiologiques et/ou pathologiques) et envisager les corrections. Pouvoir aborder le volet théorique : anatomie, physiologie, pathologie, biomécanique, embryologie, radiologie, histologie et autres aspects plus spécialisés l’enseignement médical. Avoir l’envie de comprendre ‘’la logique’’ du fonctionnement et donc du dysfonctionnement de l’être humain.
Qu’est-ce que le cracking en ostéopathie ?
Je suppose que vous voulez parler du bruit que l’on entend lors de certaines manipulations ? Il s’agit d’une méthode de correction structurelle qui vise à rendre à une articulation sa mobilité ; à ce moment, nous pouvons entendre un "crac".
Pouvez-vous donner un exemple concret de lien structure/fonction ?
Certaines lombalgies chroniques sont liées à un colon spastique.
Ou encore, la plupart des patients souffrant de colique néphrétique (pierre dans un conduit rénal) sont en lumbago.
Quel est l’horaire de travail ?
Nous sommes tous indépendants, nous n’avons donc aucun horaire imposé. C’est à chacun à gérer son emploi du temps en fonction de la demande, de nos possibilités et de certains évènements de notre vie. De toute manière, il est nécessaire de s’organiser afin d’assurer une certaine disponibilité à nos patients. Nous travaillons en équipe et nous couvrons donc chaque jour complet de la semaine tout en veillant à garder des rendez-vous pour les cas plus urgents.
Nous faisons appel au service de garde de notre Union Professionnelle pour le week-end et les jours fériés.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui s’intéresse à cette profession ?
Rencontrer plusieurs ostéopathes me semble une démarche importante de même que de rencontrer quelques patients suivis en ostéopathie.
Il m’est arrivé de permettre, avec le consentement du patient, qu’un futur étudiant en ostéopathie puisse assister au traitement mais à la seule condition qu’il soit déjà un professionnel de la santé (kinésithérapeute, par exemple).
Quant à l’enseignement, il faut savoir qu’il n’existe pas de programme unique qui reprennent les cours et matières donnés. J’entends par là que vous pouvez trouver une institution qui se base plutôt sur la théorie articulaire (structurelle), une autre plutôt sur l’aspect fluidique, etc…
Tout ce que je peux souhaiter aux futurs étudiants, c’est qu’ils veillent à être formés de façon la plus complète possible et qu’ils n’hésitent pas à suivre des formations complémentaires.