Brigitte Welter,
Médiatrice scolaire à la commune de Saint-Gilles (Bruxelles)

Interview réalisée en octobre 2013

En quoi consiste le métier de médiateur ?

C’est la personne qui va essayer de créer des liens entre les personnes ou entre le public et une administration. Le principe est toujours de tisser des liens, essayer de créer du dialogue entre les différentes parties et, dans la mesure du possible, de trouver une solution qui puisse convenir à chacun.

Pourquoi les gens s’adressent-ils à vous en tant que médiatrice scolaire?

Je pense que ce que les personnes apprécient c’est que la médiation scolaire est un espace neutre et indépendant. Ce sont les principes de base de la déontologie du travail. On va écouter, donner des informations, notamment des informations juridiques par rapport à tout ce qui est Décret Missions, législation scolaire, organisation de l’enseignement. Les personnes vont être libres de prendre leurs décisions toutes seules même si on peut les accompagner. C’est un espace ouvert où on ne va pas être intrusif dans la vie des gens. On ne va pas leur demander leur nom, leur prénom, leur adresse, leur âge. C’est vraiment un espace disponible et c’est un service ressource. On ne fait pas de suivi, on ne donne pas de rendez-vous. Le jeune, les parents ou les deux à la fois viennent nous trouver parce qu’ il y a cette neutralité, cette indépendance.

En dehors de cela, on met également des projets collectifs sur pied. Notamment pour favoriser l’expression, l’échange, la réflexion en groupe.

Pour tout ce qui est collectif, nous travaillons avec des partenaires. Principalement avec les associations qui ont des écoles des devoirs primaires et secondaires. Nous avons surtout un public de l’enseignement secondaire. Le principe de la médiation est toujours de tisser des liens que ce soit entre partenaires ou entre le public et des partenaires qui pourraient leur apporter du soutien. 
Il y a aussi un troisième axe important, c’est celui de la recommandation. On observe parfois des situations problématiques et récurrentes. On essaie d’analyser. On fait de l’observation de terrain. Et on avance parfois des propositions au niveau des changements de décret ou des propositions plus pédagogiques qu’on fait alors aux instances responsables (principalement la Communauté française).

Est-ce qu’on peut obliger une personne à faire appel aux services d’un(e) médiateur(trice) ?

C’est toujours sur base volontaire. Le médiateur est vraiment une personne ressource à disposition du public.

Quel a été votre parcours ?

J’ai une formation de psychopédagogue. Mais j’accueille principalement des stagiaires qui ont fait des études d’assistant social. Quand j’ai été engagée au service de médiation scolaire, je me suis formée avec mon collègue qui avait déjà mis tous les jalons de la médiation. Moi je me situe en tant que travailleuse sociale. Mais ce qui fait la différence avec un psychologue ou un assistant social dans un cadre plus classique, c’est qu’ici on ne fait pas de suivi. D’un côté, je pense que ça convient bien au public pour certaines questions. D’un autre côté, pour nous c’est parfois un peu frustrant car on ne sait pas toujours ce que deviennent les jeunes. C’est parfois dans la rue ou par hasard qu’ils viennent nous dire où ils en sont. Il s’agit vraiment d’être à la disposition et d’être un service ressource.

Il est possible de faire un agrément auprès de la « Commission Fédérale de Médiation ». Qu’apporte le fait d’être agréé(e) ?

Disons qu’il y a différentes formations pour faire de la médiation. On utilise des outils qui sont bien spécifiques au travail. Moi j’ai plutôt fait de l’auto-formation, puis de la formation avec mon collègue. Il existe un post-graduat en promotion sociale mais il me semble qu’il est arrêté. Il y a différents lieux qui existent, plutôt dans l’idée d’un post-graduat ou d’une post-formation. Il y a différents types de médiations et il y a différents types de formations à la médiation. Certaines sont  assez coûteuses. Cela peut aller jusqu’à 1000 euros pour pouvoir s’inscrire à un cycle. C’est un investissement important. Il y a différentes formules. Cela dépend aussi de l’axe de travail dans lequel vous allez vous orienter (plutôt familial ou se rapportant à des conflits de voisinage ou institutionnel). Des juristes aussi travaillent comme médiateurs dans des services plus administratifs tels que la médiation de la Communauté Française, de la Région Wallonne, de l’énergie, des banques. Il y a différents secteurs.

Quelles sont les difficultés de votre travail ?

Nous allons vers les écoles et parfois elles ne comprennent pas notre rôle. On ne vient pas en tant que défenseur du jeune, on vient vraiment pour essayer d’ouvrir un espace de parole pour essayer de trouver des solutions qui puissent être valables pour les deux parties. Mais souvent lorsqu’ils voient un travailleur social arriver, ils ne le vivent pas toujours très bien. Puis, une fois qu’ils comprennent la dynamique, cela se passe mieux. Mais d’une façon générale, les écoles n’aiment pas qu’une personne extérieure vienne un peu mettre son nez dans leur réalité. Certaines écoles s’appuient sur le service pour faciliter la communication et, pour d’autres, ce n’est pas facile car on peut observer parfois des dysfonctionnements. « L’école a-t-elle bien respecté le Décret Missions ? », par exemple. Or nous ne sommes pas là pour faire des rapports. Mais ça n’est pas toujours bien vécu.

Quels en sont les avantages ?

Dans ce cadre-ci, c’est le fait d’être extérieur à l’école. Mais je pense que les médiateurs dans les écoles ont vraiment aussi toute leur utilité. Le fait d’être disponible, à l’écoute, non jugeant fait que le public est vraiment très gratifiant. Il nous remercie. On voit que les jeunes et les parents ont besoin d’espaces de parole. Souvent ils nous remercient alors que parfois on a fait qu’écouter. Et le fait d’être disponible et très flexible au niveau des moments d’accueil aide aussi.

Quelles qualités faut-il avoir pour être médiateur(trice) ?

Je pense qu’il faut beaucoup d’empathie. Dans ce cadre-ci, on est vraiment dans le travail social. Donc on retrouve un peu les qualités d’un travailleur social que sont l’écoute et l’empathie. Il faut aussi se tenir bien informé. Il faut toujours être proactif au niveau de l’information pour informer précisément le public, ne pas donner d’informations floues ou basées sur des rumeurs. Il faut donc être assez précis dans tout ce qui est analyse des textes, des décrets, etc. 

La simplicité et l’humilité aussi. On n’est pas là pour écraser de notre savoir mais bien pour être une personne ressource. En tant que médiateur, il faut savoir s’effacer pour laisser la parole aux autres. Il faut laisser les différentes parties trouver des solutions d’elles-mêmes. On ne peut pas dire ce qu’ils doivent faire. Il faut être en retrait et permettre aux personnes d’être acteurs. 

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.