Daniel Ciallella, Électricien général

Interview réalisée en juin 2020

Quel est votre métier, en quoi consiste-t-il ?

En théorie, je suis électricien général, mais je suis surtout électricien du tertiaire. 

Je peux réaliser une installation électrique complète, de la plus petite maison au plus grand bâtiment : maisons de repos, hôpitaux, musées, ensemble d’appartements… Parfois, on peut même aller dans l’industrie.

Quel a été votre parcours de formation ?

Jusqu’à la quatrième secondaire, j’ai suivi des cours en électromécanique. Ensuite, j’ai changé pour faire ce qu’on appelle « froid industriel » ce qui comprend la climatisation et les réseaux frigorifiques. Mais je n’ai jamais vraiment travaillé dans ce milieu. 

Quand j’ai achevé mes études, j’ai cherché après le premier travail qui était à ma disposition. C’est comme ça que j’ai commencé à travailler pour un petit électricien indépendant. Je me suis formé avec lui en PFI (Plan Formation-Insertion) pendant six mois, puis j’ai obtenu un contrat pour ce même patron.

Comment avez-vous évolué au cours de votre carrière ? 

J’ai été licencié de mon premier travail. J’ai cherché deux mois avant de trouver une place pour une PME en électricité à Bruxelles pour qui j’ai travaillé six mois. Puis, j’ai changé à nouveau de place pour une société plus petite et plus proche de chez moi. Je suis resté huit ans. Après cela, je suis passé par plusieurs sociétés, toujours dans l’électricité. 

On peut parler de concurrence pour « obtenir » des électriciens. Certaines sociétés me rappelaient pour revenir chez eux et j’y allais. Puis, je retournais vers un autre patron qui me proposait un poste de chef d’équipe, encore une autre qui me soudoyait avec un meilleur salaire et ainsi de suite, de société, en société. 

Finalement, j’ai eu une place auprès de Logi-technics à Nivelles et j’y suis toujours.

À quoi ressemble votre métier, actuellement ? 

Actuellement, je travaille dans une boîte de sous-traitance. C’est-à-dire que l’entreprise a beaucoup de techniciens dans plusieurs domaines : ascensoristes, plombiers, chauffagistes, électriciens industriels, électriciens du bâtiment… Quand une société commence un énorme chantier, ils nous appellent et demandent ce dont ils ont besoin. Par exemple, s’ils ont besoin de quatre électriciens pendant huit mois, Logi-technics répond à la demande.

Nous sommes assez libres de nos mouvements, l’entreprise a confiance en nos compétences. J’ai un téléphone de société, une camionnette de société avec tout l’outillage dont j’ai besoin. Ce n’est pas le cas de tout le monde, c’est quelque chose que je n’avais pas connu avant. 

Je change souvent de chantier, de bâtiment, de type d’installation. Quand on est électricien industriel, on peut facilement travailler quinze ans au même endroit, mais dans le bâtiment ou dans le tertiaire, c’est très varié.

On travaille souvent seul, c’est rare que l’on doive travailler avec des collègues de notre société. Ça peut arriver, mais ce n’est pas forcément au sein de la même équipe. Par exemple, j’étais le seul électricien sur un chantier d’Anvers, il y avait une autre personne de Logi-technics, mais c’était un chauffagiste. La plupart des techniciens ont plus de quinze ans d’expérience, assez pour faire confiance et nous laisser opérer seuls.

Vous avez eu des chantiers ou des projets insolites ?

Je me souviens d’une pépinière où on a dû installer tout un réseau de domotique. Le propriétaire pouvait préparer son bain grâce à son téléphone : il pouvait faire couler l’eau, pour que le bain soit près à une heure précise et même contrôler la température ! 

Il a transformé son salon en petite salle de cinéma, avec l’écran qui descendait du plafond, les baffles à installer étaient hors de prix, on tremblait en les montant, tant on avait peur de les abimer. Et l’éclairage des pièces pouvait se contrôler vocalement. Il suffisait de dire « 50% » pour que l’intensité de la lumière de la pièce se règle à 50%. Je crois que c’est l’un des trucs les plus fous sur lesquels j’ai travaillé.

Le musée royal de Bruxelles aussi, c’était un peu dingue. On faisait des installations « incendies », une petite installation facile. Ce qui était inédit, c’était que nous étions toujours avec un garde armé à côté de nous, en permanence. C’était pour éviter qu’on ne vole des œuvres ou qu’on casse quelque chose. 

Quels sont les aspects positifs du métier ?

Au début, on ne les voit pas forcément, mais on s’en rend compte avec le temps et l’expérience.

Avec l’expérience, on devient ingénieux pour régler les petits problèmes sur les chantiers. 

Pour ma part, avoir un véhicule de société est devenu un énorme point positif.

On ne reste jamais longtemps sur le même chantier. Les endroits et les installations sont variés. 

Et les points négatifs ?

Le métier peut devenir contraignant et il faut que tu sois solide, physiquement. Par exemple pour faire des saignées dans les murs. Surtout au début de la carrière, parce qu’on est plus jeune, si tu es tout frêle, tu vas t’épuiser.

Les délais sont parfois très courts, c’est stressant. On a parfois l’impression qu’il faut avoir terminé avant même d’avoir commencé.  

Les patrons sont exigeants. Il faut respecter les horaires, les règles.

Il ne faut pas attendre qu’on dise “merci” pour notre travail. Les clients peuvent être très difficiles et critiquer simplement pour payer moins cher. Une prise qui est déplacée de deux centimètres à gauche par rapport à ce qui avait été demandé ? Ils vont le faire remarquer et refuser de payer. Il faut donc avoir un bon contact avec le client, mais aussi se montrer ferme.

Quelles sont les principales qualités qu’il faut avoir pour ce métier ? 

Il faut être courageux ! Si on n’a pas envie de se lever pour être à l’heure, on peut oublier. Il faut un petit peu de physique quand même. Sinon, on se fatigue très vite. 

Et il faut avoir une très bonne mémoire ! Tout ce qu’on apprend dans sa carrière, on en a l’utilité plus tard. On peut avoir fait une installation spécifique et devoir reproduire cette installation ailleurs quinze ans plus tard. 

On est parfois amené à travailler en équipe. Il faut aussi pouvoir être sociable et s’entendre avec tout le monde, même si on n’apprécie pas tout le monde. Sinon, autant préférer travailler tout seul.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.