Dr Maxime Delavallée, Neurochirurgien
Interview réalisée en mars 2019 |
Pourquoi avez-vous choisi le métier de neurochirurgien ?
Comme souvent dans les spécialités médicales, le choix se fait en deux étapes. D’abord, on choisit la médecine car on a une volonté de soigner et d’aider les patients. Le choix de la spécialité se fait ensuite. Pour ma part, j’avais un intérêt pour les neurosciences et donc, dans ce domaine, on a la neurologie ou la neurochirurgie. J’avais également beaucoup d’intérêt pour tout ce qui était acte chirurgical (fin, précis et délicat) et la neurochirurgie associe à la fois le côté chirurgical pointu et la neuroscience. Voilà pourquoi j’ai choisi la neurochirurgie.
Quelle est votre formation ?
À la fin de la formation de médecine, j’ai passé mon concours en neurochirurgie. Il faut savoir que la neurochirurgie est très prisée, mais il y a très peu de places. En effet, sur plus ou moins 300 personnes candidates, seulement une ou deux seront choisies. C’est un concours où il faut être le premier. Une fois que l’on est sélectionné, alors on peut entamer la formation de neurochirurgie, donc 6 ans de formation complémentaire. Le concours est basé à la fois sur un examen de neurochirurgie et sur les résultats durant les études. C’est clair qu’il faut un CV universitaire qui permet d’accéder à ce genre de spécialité.
Quel est votre parcours professionnel ?
J’ai commencé par un mi-temps à l’hôpital Jolimont et un mi-temps à l’hôpital Saint-Luc. Puis j’ai eu la possibilité de prendre en charge le service à l’hôpital Jolimont. Je suis donc à 2/10ème aux cliniques Saint-Luc et 8/10ème à Jolimont.
En quoi consiste votre métier ?
La neurochirurgie est la spécialité médicale qui prend en charge le traitement chirurgical des maladies du cerveau, de la moelle épinière, de la colonne vertébrale et des nerfs périphériques. Cette spécialité traite tout ce qui est traumatismes (les accidents avec les fractures de colonne), tumeurs, maladies dégénératives (douleurs lombaires, hernie discale, arthrose), anévrismes, malformations des artères, veines et systèmes nerveux, troubles de la circulation du liquide céphalo-rachidien. On prend en charge des patients de tous âges.
Quels sont vos horaires de travail ?
C’est très variable. Une journée habituelle commence à 8h et se termine à 18-19h. Pour une intervention chirurgicale, c’est difficile de savoir quand elle se terminera. On dépasse facilement l’horaire prévu. Il faut également compter les gardes. Quand on est de garde, on est potentiellement appelable la nuit et les week-ends. Il ne faut pas oublier le côté administratif qui prend beaucoup de temps, les réunions de service, etc. On a parfois des semaines bien chargées. On doit aussi suivre des formations continues organisées généralement le soir.
Les formations complémentaires sont très importantes car le domaine évolue très vite. En neurochirurgie, la technologie avance à pas de géant, cela nous demande de nous informer.
Quelles sont les avancées technologiques ?
Les techniques chirurgicales évoluent rapidement, elles sont de moins en moins agressives. On a beaucoup plus de technologies, notamment avec la neuronavigation (chirurgie assistée par ordinateur). Grâce à ces avancées, les patients se rétablissent plus rapidement et ils sont plus vite de retour chez eux.
Avez-vous vu également une évolution au niveau de l’estime que porte le patient à son médecin ?
Nous avons de plus en plus de patients qui s’informent et cherchent l’information. Ils sont plus acteurs de leur santé. Pour la plupart, ils écoutent encore le message qu’on leur donne. C’est vrai qu’aujourd’hui on est noyé sous l’information, mais il faut savoir faire le tri. Le patient n’est pas toujours capable de comprendre ce qu’il lit et nous sommes là pour l’aider. Nous devons beaucoup expliquer aux patients pour les rassurer par rapport aux risques chirurgicaux qui restent très faibles.
Quels sont les professionnels avec lesquels vous travaillez ?
Les neurologues, les oncologues, les rhumatologues et les spécialistes en médecine physique et réadaptation, les radiologues, les pédiatres.
Quels sont les aspects négatifs de votre travail ?
C’est la lourdeur à la fois physique et psychologique. Physique car les interventions peuvent être longues, et psychologique car rien n’est jamais gagné. C’est vraiment une remise en question à chaque intervention. On n’a pas droit à la moindre erreur. Par exemple, pour une tumeur au cerveau, si on se trompe d’un centimètre, ce sont des séquelles irréversibles pour le patient. Nous avons la nécessité d’être optimaux à chaque instant, ce qui peut être fatigant, mais nous y sommes préparés. On n’est absolument pas dans une routine.
Quels sont les aspects positifs de votre métier ?
C’est un métier extrêmement stimulant où l’on aide les gens. Traiter un organe aussi noble que le cerveau, c’est quelque chose d’extrêmement passionnant. Cela demande du temps et de l’énergie, mais c’est très stimulant.
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui désire se lancer dans cette spécialité ?
Avant tout, je lui demanderai si c’est vraiment ce qu’elle veut faire, si elle a ce côté passionné et, si c’est le cas, je ne peux que lui conseiller de se lancer. Il ne faut pas faire ce métier pour la valorisation du fait d’être neurochirurgien, mais vraiment par passion. Maintenant, comme je l’ai précisé, il faut avoir obtenu de très bons résultats durant le parcours universitaire car cela joue pour le concours.
Quelles sont les qualités pour être neurochirurgien ?
Il faut être extrêmement rigoureux, précis, concentré, à l’écoute et se remettre constamment en question. Il y a à la fois un côté très technique, il faut posséder beaucoup de dextérité. Et, enfin, avoir un bon côté relationnel.
Y a-t-il une différence entre un neurochirurgien et un neuropédiatre ?
Oui, le neuropédiatre n’est pas chirurgien, c’est un pédiatre spécialisé en neurologie pour les enfants. C’est l’équivalent d’un neurologue mais pour les enfants. Celui qui doit opérer les enfants reste un neurochirurgien.