Etienne,
Responsable brancardage en milieu hospitalier

Interview réalisée en septembre 2024

Pouvez-vous décrire les principales missions de votre service et votre rôle en tant que chef de service des brancardiers ?

Les missions principales d’un brancardier consistent à accompagner et assurer le brancardage des patients (valides, en chaise roulante ou en lit) vers les lieux désignés tels que les consultations ou les salles d’examens médico-techniques. Cela se fait dans le respect des règles d’hygiène, de sécurité et de dignité, tout en veillant à l’état des perfusions et de l’appareillage. À la fin de l’examen, nous ramenons les patients en chambre. Nous assistons également les patients, si nécessaire, lors de l’habillage et du déshabillage.

Une autre partie du travail consiste à descendre les défunts à la morgue et à accompagner les familles lors des visites, en assurant d’une présentation respectueuse et soignée du défunt.

Nous aidons également le personnel des unités pour la mobilisation des patients et nous intervenons lors des urgences internes quand cela est nécessaire.

En tant que chef, mon rôle consiste à planifier les horaires ainsi que les congés de l'équipe, tout en m'assurant du suivi des formations internes, comme la réanimation cardio-pulmonaire. Une de mes responsabilités est de gérer les conflits entre les travailleurs.

Je suis également chargé de définir des objectifs clairs pour l'équipe et de veiller à ce qu'ils soient atteints. Il est de mon devoir de détecter les dysfonctionnements au sein du service et de chercher à y remédier, notamment par des formations ou des remises à niveau si nécessaire.

Je m'assure du respect des procédures en place, tout en établissant de nouvelles si la situation l'exige. De plus, je veille à ce que les cinq valeurs institutionnelles (le respect, la bienveillance, la collaboration, le professionnalisme et le progrès) soient respectées par tous.

Enfin, je m’assure de la bonne utilisation du matériel fourni par l’institution, afin de garantir un environnement de travail efficace et sécurisé.

Quelles sont les compétences et qualités les plus importantes pour un brancardier dans un environnement hospitalier ?

La compétence principale est d’avoir une bonne résistance physique et mentale. En effet, il doit être capable de transporter des patients lourds ou agités et de supporter les horaires décalés. Il doit également aider les patients à se déplacer en respectant les règles de confort, de sécurité et d’intimité.

Il doit également disposer d’un bon sens du contact et de l’écoute afin d’établir un climat de confiance avec les patients. Le milieu dans lequel évolue le brancardier recouvre une large composante d’instabilité et d’imprévisibilité, il doit donc de fait, savoir être disponible et opérationnel à tout moment.

Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans la gestion d’une équipe de brancardiers ?

Le principal défi me semble résider dans la capacité à cibler précisément la personnalité des uns et des autres car selon moi, une équipe ne se gère pas en tant que groupe homogène mais comme une somme d’individualités en appréhendant les sensibilités de chacun d’une façon tout à fait personnalisée.

S’assurer du bien-être des travailleurs de l’équipe, même si cette responsabilité n’incombe pas directement au chef de service, me semble inéluctable dans le cadre de la satisfaction personnelle de la personne mais surtout pour établir une réelle solidarité dans le groupe. Dans le cas contraire, on peut observer un repli de la personne sur elle-même qui, en s’extrayant insidieusement alors du groupe, met en péril cette solidarité, pourtant nécessaire.

Comment gérez-vous les périodes de surcharge de travail ou les absences au sein de votre équipe ?

Les périodes de surcharge sont très rares étant donné que dans le calcul des ressources nécessaires, cette donnée est intégrée.

En cas d’absentéisme, des rappels sont faits aux personnes en récupération ou des transferts sont effectués entre les différents sites de l’hôpital dans le cadre de missions ponctuelles.

Comment coordonnez-vous votre service avec les autres départements de l’hôpital pour assurer un transport fluide des patients ?

Le mode de communication et de coordination se fait par téléphone et via un document qui se trouve dans chaque service et qui reprend les informations nécessaires au bon déroulement du transport du patient.

Avez-vous des protocoles spécifiques pour le transport des patients nécessitant des soins intensifs ou urgents ?

En effet, des codes couleurs (vert, jaune, orange) sont attribués pour chaque patient. Chaque couleur déterminant un type de prise en charge différent :

  • Vert : transport ne nécessitant aucune mesure particulière ;                                                       
  • Jaune : remise du patient de « main à main », il ne peut rester seul ;                                       
  • Orange : le transport du patient doit impérativement se réaliser avec l’accompagnement d’un médecin ou d’un·e infirmier·ère.

Quels sont les plus grands défis auxquels vous et votre équipe faites face au quotidien ?

Les défis sont d’ordres physiques (patients lourds, matériel qui fonctionne mal, etc.) mais aussi relationnel avec le personnel des autres services (unités de soins, consultations).

Comment voyez-vous l’évolution du rôle des brancardiers dans les prochaines années, avec l’évolution des technologies et des besoins hospitaliers ?

Je ne prévois pas de réelles modifications dans la fonction, à proprement parler, mais plutôt un matériel roulant davantage performant pour le confort du patient mais aussi dans la manutention par le brancardier, ce qui améliorera ses conditions de travail.

Quelles améliorations souhaiteriez-vous apporter à votre service si les ressources étaient disponibles ?

J’espère finaliser un projet de numérisation des demandes de transports avec l’IA qui implémenterait un régulateur virtuel permettant ainsi de diminuer les conflits liés à la difficulté de cette tâche qui consiste à redistribuer (en principe équitablement) l’ensemble des demandes vers les collègues mais permettrait aussi une traçabilité pointilleuse.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.