Mme Fabienne Rabier, Agronome

Interview réalisée en janvier 2008

Agronome dans le domaine de la biométhanisation au Centre wallon de Recherches Agronomiques

Depuis combien de temps exercez-vous la profession d’agronome en biométhanisation ?

Je travaille dans ce domaine depuis 2003.

En quoi consiste votre activité au quotidien ?

Mon travail consiste principalement à renforcer la biométhanisation en Région wallonne. Je réponds à des demandes d’informations de personnes qui souhaitent se lancer dans de tels projets. Ce sont des informations tant au niveau technique et économique que législatif (Suis-je dans une bonne situation pour envisager la production de biogaz ? Combien cela va-t-il coûter ?, etc.). 

Nous sommes également assez actifs au niveau des projets européens sur la biométhanisation à tous niveaux : prise de contacts, échange d’informations, mise en place du projet et réalisation de celui-ci. Ces projets permettent d’échanger le savoir-faire entre les différents pays d’Europe et de comprendre pourquoi la filière biométhanisation fonctionne dans certains pays et pas dans d’autres. Lorsque le projet se met en place, il faut vérifier et penser à plein de choses : localisation, possibilité de raccordements, environnement, approvisionnement des « matières premières », utilisation du digestat, etc. On travaille beaucoup sur des plans (pour le dimensionnement) et moins au niveau concret (par exemple, nous n’avons pas de digestat au sein de notre société, nous devons donc beaucoup projeter ou aller voir sur place). Mais il arrive que je suive un projet également au niveau technique. Ainsi, nous avons la charge d’un projet en République Démocratique du Congo où nous avons mis en place une installation de biométhanisation. Nous nous sommes occupés de l’étude et nous avons fait appel à une entreprise privée wallonne pour l’installation. Nous sommes également présents pour le suivi de l’installation.

Quelles sont, à votre avis, les qualités personnelles et les compétences attendues dans ce domaine professionnel ?

La biométhanisation se situe au carrefour de plusieurs compétences : l’agriculture, l’énergie et l’environnement. Ainsi, une formation d’agronome apporte un bon bagage dans ces trois domaines. Il est donc important d’avoir une formation générale qui permette de rester ouvert et curieux de tout car beaucoup de choses s’apprennent en travaillant. Au niveau personnel, un bon sens du contact est nécessaire car je suis amenée à rencontrer différents acteurs à différents niveaux de la filière. Il faut pouvoir discuter avec tout le monde et comprendre les attentes de chacun. Cependant, c’est parfois difficile de gérer toutes les personnalités qui entrent en jeu et de pouvoir les faire travailler ensemble pour un même objectif. L’ouverture d’esprit et la curiosité sont nécessaires car le domaine est en évolution permanente. Il faut être constamment à l’affût des nouvelles informations, des nouveaux développements. Si on lâche à un moment donné, on peut passer à côté d’informations essentielles

Quels sont, à votre avis, les avantages et les inconvénients de ce type d’activité ?

Avantage(s) : travailler dans un domaine qui est tout le temps en mouvement, on ne s’empoussière pas trop. Et puis, c’est une problématique qui m‘intéresse et donc j’aime y consacrer du temps ! Les rencontres avec les différents acteurs sont aussi un avantage pour moi.

Inconvénient(s) : /

Quel est l’horaire de travail ?

Je travaille 8 heures par jour, mais c’est un horaire minimum ! Le temps de travail peut être bien plus long lorsqu’il y a des projets à finir ! Il faut être flexible. Ce n’est pas rare de tenir des conférences ou de suivre des colloques en
soirée. Dans le cadre des projets européens, je suis amenée à voyager et donc à m’absenter parfois pendant une semaine.

Comment décririez-vous le milieu de travail ?

Je travaille principalement au bureau où j’ai un contact avec le public (réponse aux questions) et où je réalise les différentes études. Je vais également sur le terrain pour rencontrer les porteurs de projets et visiter soit des installations existantes soit les milieux potentiels pour une future installation de biométhanisation.

Quelles études/formations avez-vous faites pour accéder à cette profession ?

J’ai fait des études universitaires de bioingénieur. J’ai ensuite réalisé un master en gestion de l’entreprise mais cela ne m’aide pas vraiment au quotidien dans mon travail sauf pour certains aspects économiques tels que les calculs de retour sur investissement. Ce n’est cependant pas une formation nécessaire.

Quelles sont les perspectives d’avenir ?

Il y en a beaucoup. Pour un agronome, je pense qu’il y a pas mal de possibilités et ce, dans des domaines très variés : l’administration, l’environnement, l’agriculture, la phytopharmacie, au service du monde agricole, dans les entreprises pharmaceutiques, dans la statistique, dans le secteur bancaire, etc. Au niveau des énergies renouvelables, un agronome a tout à fait sa place !

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite se lancer dans cette voie ?

Il faut qu’il soit motivé et qu’il croit en ce type d’énergie et de développement. Ce n’est pas un secteur facile : il implique beaucoup de remises en question et de nouveaux développements. Il faut donc pouvoir le défendre et, pour ce faire, il faut y croire et être convaincu, tout en ayant les connaissances scientifiques nécessaires.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.