Mr Fabrice Renard,
Responsable de la protection animale

Quelle est votre formation de base ?

Je n'ai pas de formation spécifique.

Comment avez-vous eu l'idée de créer la SPA ou d'y travailler ?

La SPA a été créée en 1923 par trois personnes désireuses d'aider les animaux après la guerre. Il y avait beaucoup de chiens errants et c'est ce qui les a conduits à les accueillir et les soigner.

Quel système d'adoption avez-vous mis en place à la SPA ?

Beaucoup de gens prennent des animaux puis n'en veulent plus, alors ils nous les apportent et ce n'est plus leur problème. Nous prenons aussi tous les chiens et chats perdus ou abandonnés dans la rue. Quand une personne vient adopter un animal, elle remplit des papiers, mais celui-ci reste toujours la propriété de la SPA. S'il s'agit d'un animal trouvé dans la rue, il peut être adopté au bout de cinq jours, mais son maître peut encore le récupérer pendant 45 jours, ce qui est plutôt rare car lorsqu'un animal est perdu, les maîtres qui y tiennent viennent nous voir immédiatement. Ensuite, des bénévoles effectuent des visites de contrôle dans leur région pendant les premiers mois. Plus de 3600 animaux sont adoptés chaque année.

Comment avez-vous appris à vous occuper d'animaux ?

Je travaillais dans l'hôtellerie avec mes parents lorsque j'ai trouvé un chien que j'ai amené à la SPA. Une personne m'a proposé du bénévolat, puis j'ai été engagé. La première démarche pour gérer tous ces animaux passe par la visite du vétérinaire, c'est lui qui détermine le travail des employés et des ouvriers avec l'aide d'assistants. Il organise les soins à donner, la nourriture, les vaccins et recherche d'éventuels tatouages (depuis 1998, les propriétaires d'animaux tatoués sont identifiables), ensuite il décide de la mise à l'adoption lorsque l'animal est prêt.

Quel est votre statut ? 

Je suis employé.

Est-il possible de vivre d'une SPA ?

La SPA a constamment besoin d'aide financière (environ un million d'euros par an), nous n'avons pas de subsides de l'état et vivons des dons provenant de testaments et des cotisations de bienfaiteurs. Nous ne faisons pas de bénéfices et nous sommes d'ailleurs souvent plutôt en perte. Le salaire de base n'atteint pas 1000 euros par mois pour un employé ! Chez nous, nous avons 30 employés et plus ou moins 50 bénévoles.

En quoi consiste votre fonction ?

Je suis juste en-dessous de la direction du chenil, elle-même composée d'une présidente et du chef vétérinaire. Ma fonction est surtout basée sur l'inspection : je vérifie les plaintes pour sévices ou maltraitances et j'essaie d'abord de faire rectifier ce qui ne va pas. Ensuite, si la situation perdure, j'ai le pouvoir de retirer les chiens maltraités à leur maître, avec l'aide de la police si nécessaire. J'essaie d'en sauver le plus possible.

Comment se déroulent les journées dans une SPA ?

Les ouvriers nettoient les cages et aident les employés pour les soins. Ces derniers ont surtout un travail administratif et ils sont aussi chargés de l'accueil, de l'encodage des entrées et des sorties des animaux. Mon travail consiste à recevoir les plaintes et à rechercher les propriétaires des animaux maltraités ou perdus. Je suis donc le plus souvent sur la route. Je peux aussi, bien que plus exceptionnellement, être appelé parce qu'un animal dangereux se promène dans la nature, comme un serpent, ou pour un chien qui aurait attaqué quelqu'un ou encore dans le cas ou un chien dangereux bloquerait l'entrée dans une maison où une personne serait blessée. Lorsqu'il s'agit d'une plainte pour un animal maltraité, deux personnes se rendent sur place et jugent s'il est possible de remédier aux mauvaises conditions : il peut s'agir d'un animal laissé dehors, sans nourriture ou sans un abri, parce que son propriétaire n'a pas les moyens de le traiter mieux. Dans ce cas, nous lui donnons un délai pour que les choses changent, et s'il n'y a pas d'amélioration, il y a saisie de l'animal avec constat de police, puis on fait appel à la décision d'un juge.

Quelles sont les qualités requises pour travailler dans une SPA ?

Tout d'abord, aimer les animaux et ne pas en avoir peur. Il faut de la patience car certains animaux ont vécu de mauvaises choses et restent traumatisés ou méfiants. Quand il y en a de trop, il faut garder son calme et son sang-froid car il arrive que l'on soit dégoûté. C'est fatiguant moralement, car c'est un éternel recommencement. Souvent, il faut faire une euthanasie et quand on rentre chez nous, on repense à ces animaux, on ne sait pas se couper facilement de sa journée.

Quelles sont les difficultés mais aussi les satisfactions que vous retirez de votre métier ?

Les difficultés sont surtout d'ordre moral : pouvoir accepter la détresse des animaux abandonnés ou maltraités, par exemple. Cela exige beaucoup de volonté personnelle. Parfois, il y a des chiens dangereux pour lesquels il faut prendre des précautions, comme de les mettre dans des cages spéciales où on soulève un clapet pour les nourrir. Et ce n'est pas toujours drôle à voir. Côté satisfactions, certaines personnes qui ont adopté des animaux nous rappellent parfois pour nous dire qu'ils sont heureux. C'est donc satisfaisant de voir qu'un chien qui a été saisi est bien replacé. Surtout qu'il nous arrive d'avoir des coups de cœur pour l'un ou l'autre. Mais dans ce cas, il faut s'y accrocher le moins possible, ce pourquoi on essaie de ne pas effectuer personnellement le suivi d'un animal pour pouvoir le supporter moralement et s'en détacher. Pour moi ce métier est devenu une vocation, je ne pourrais plus faire autre chose. Si un jeune est intéressé par ce métier, je lui conseille d'abord de devenir bénévole, afin de voir s'il a la vocation de continuer et la possibilité d'être engagé.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.