Frédéric Gilbert,
Conducteur d’autocar
Interview réalisée en juin 2023 |
Quel a été votre parcours professionnel ?
La société de transport routier pour laquelle je travaillais a fait faillite. J’avais une connaissance qui était autocariste et j’ai pensé que cela pouvait être une reconversion possible. J’ai donc pris rendez-vous dans une auto-école pour obtenir le permis D. Vu mon parcours professionnel de chauffeur poids lourd, je l’ai obtenu très rapidement. Et une semaine après avoir franchi les portes de cette auto-école, j’étais engagé par une société d’autocars !
Quel type de transport effectuez-vous ?
J’ai commencé par de courtes navettes qui consistaient principalement en l’acheminement d’ouvriers sur leur lieu de travail ou d’équipes de football sur les lieux de leur match. Désormais, il s’agit surtout de transport touristique. Si au début c’était principalement des excursions d’un ou deux jours, je fais désormais des voyages de plus ou moins longue durée vers des pays étrangers.
Avez-vous votre propre car ?
Je travaille pour les Autocars Bourdon et en effet j’ai un car qui m’est affrété personnellement par la société. Il possède 56 places, ce qui est déjà un nombre conséquent. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, au sein de notre équipe de chauffeurs, c’est souvent moi qui m’occupe des groupes importants.
Qu’est-ce qui vous plait dans votre métier ?
Je rencontre toutes de sortes de gens, des jeunes, des adultes, des personnes âgées, issus de tous milieux. Les passagers ne sont jamais les mêmes et les destinations varient beaucoup. Ainsi j’ai roulé en Italie, en Espagne, au Portugal, en Angleterre, en Allemagne, en Suisse, en Autriche… Les voyages sont un des gros avantages du métier ! Donc si le métier peut paraitre routinier au premier abord ce n’est pas vraiment le cas. Chaque trajet est une nouvelle aventure !
Préparez-vous vos trajets ?
La société nous informe de tous les éléments essentiels : points de départ et d’arrivée, durée, type et nombre de passagers, itinéraire, etc. Généralement, pour des voyages de longue durée, on est prévenu plusieurs semaines à l’avance, mais pour des séjours plus courts ce n’est que quelques jours.
L’autocariste peut aussi effectuer sa propre préparation : prévoir un itinéraire bis (en cas de bouchons ou travaux sur la route par exemple), explorer les aires de repos pour savoir quand et où s’arrêter, etc. Un voyage ne se passe pas toujours comme on l’aurait pensé et donc il faut essayer d’anticiper au maximum !
Comment se passe la prise en charge des passagers pour des voyages longue durée ?
Elle consiste au contrôle de l’identité des passagers et au chargement des bagages qui doivent être étiquetés à leur nom. En cours de trajet, selon les lieux qu’il traverse, le conducteur peut être amené à remplir des formalités administratives, c’est le cas notamment lors de passages de douanes.
Combien de temps passez-vous au volant ?
La législation impose que nous fassions une pause de 45 minutes après avoir roulé 4h30 maximum d’affilée, mais personnellement j’essaie de m’arrêter toutes les deux ou trois heures. C’est plus confortable pour les passagers qui peuvent se dégourdir les jambes, mais aussi pour le chauffeur.
Vous est-il déjà arrivé d’avoir des passagers difficiles ?
Non heureusement. Généralement, mes passagers sont des vacanciers et sont donc dans un état d’esprit positif et même parfois festif ! Mais en cas de problème, nous pouvons entrer en communication avec notre société.
Et des pannes ou incidents techniques ?
Cela peut arriver évidemment. Si je peux réparer moi-même et si je suis dans un endroit sécurisé je le fais, si pas je fais appel à un dépanneur.
Quel conseil donneriez-vous à des jeunes pour se lancer dans cette profession ?
Il y a de l’embauche ! La pénurie d’autocaristes est importante.
Et quelles qualités particulières souhaiteriez-vous mettre en avant ?
J’insisterais sur le fait qu’il faut forcément aimer rouler, mais je citerais aussi la patience. Entre les prises en charge des passagers et les trajets, le conducteur d’autocar doit passer de longues heures d’attente. Personnellement, j’en profite pour nettoyer le car ou vérifier l’itinéraire, notamment.
Avez-vous l’une ou l’autre anecdote ?
Au fil des années j’en ai récolté beaucoup. Mais la plus marquante fut un oubli de passagers ! Nous étions deux chauffeurs dans un car à étage et, avant que nous entamions le trajet, mon collègue a compté chacun des passagers, mais deux des places étaient recouvertes de vestes… Alors que nous étions au Luxembourg, j’ai reçu un appel comme quoi nous avions oublié deux passagers à Dijon ! Mon collègue, sceptique dans un premier temps, est alors parti vérifier et c’est là qu’il s’est rendu compte de la méprise ! Heureusement, un autre car descendait dans la même direction que nous et il a pu prendre en charge ces passagers… Inutile de dire que désormais nous sommes beaucoup plus vigilants !