Mme Geneviève Lacroix, Historienne
Interview réalisée en janvier 2009 |
Madame Lacroix, pourquoi avez-vous choisi de devenir historienne ?
Cela m'est rapidement apparu comme une évidence. J’avais choisi mes études par goût et non par convenance, je voulais donc naturellement valoriser ce choix. Je savais que je ne voulais pas enseigner dans le système classique mais je voulais vraiment exercer une fonction qui me permettrait d'étudier des faits historiques.
Pourquoi et comment vous êtes-vous lancée sous le statut d'indépendante ?
A la sortie de mes études, j'ai cherché un peu comme tout le monde et par conformisme un travail de salarié afin d'avoir un emploi sûr mais rapidement le désir de ma lancer directement et uniquement à mon propre compte a surgit. J'ai donc effectué toutes les démarches administratives pour m'installer comme indépendante. Mon réseau de clients s'est élargi. J’ai pu nouer des relations de confiance avec plusieurs d'entre eux qui n'hésitent pas à me confier divers travaux. Aujourd'hui, je peux dire que j'exerce exactement et totalement le métier que je voulais faire quand j'étais petite fille !
Qui a déjà fait appel à vos services ?
Le Conseil de l'Union européenne, la Commission européenne, la Fondation Roi Baudouin, les Musées Royaux d'Art et d'Histoire, le Musée Bellevue ou encore l'Espace Culturel de la banque ING, le Palais des Beaux-arts de Bruxelles, la Bibliothèque Royale Albert 1er, le Musée des Beaux-arts d'Anvers, l'Abbaye Saint-Pierre de Gand, etc.
En quoi consiste votre travail d'historienne ?
- La recherche historique pour divers commanditaires, et la communication de ces résultats (publications, etc.) ;
- La recherche iconographique et la rédaction des légendes pour divers ouvrages ;
- La rédaction d'articles, parfois en collaboration avec d'autres auteurs ;
- La recherche scientifique en entreprise ;
- Des conférences et séminaires ;
- Des visites guidées et des conférences en français et en anglais.
Quels types de travaux avez-vous effectués ?
- Des recherches diverses et rédactions pour le compte du Conseil de l'Union européenne, de l'Académie Royale des Sciences/Dexia, etc. ;
- Constituer un fonds d'archives destinées à l'étude historique de l'entreprise Jacqmotte, actuellement filiale de Douwe Egberts ;
- Constituer le fonds des archives non-écrites, collecter, répertorier, analyser et gérer les sources écrites et non écrites de l'histoire du groupe Petrofina (photos, films, logos, dessins, objets, publicités, témoignages), concevoir en équipe le texte et l'illustration de la brochure de son 75ème anniversaire, procéder à la sélection des documents et aux interviews des témoins comme assistante de production du film commémorant l'anniversaire ;
- Recherches iconographiques, gestion des dossiers de l'iconographie et illustration du catalogue de l'exposition "Nouveaux regards sur Léopold Ier et Léopold II" de la Fondation Roi Baudouin (1997) ;
- Remise en valeur des collections du Musée Bellevue (Musée de la Dynastie et Mémorial Roi Baudouin) : constituer une équipe de guides, établir le catalogue des pièces exposées, concevoir et rédiger en équipe un guide du visiteur, recherches puis analyse de l'histoire et des transformations du Pavillon Bellevue ;
- Recherche historique et iconographique pour le centenaire de l'Hôtel Le Palace.
Comment êtes-vous rémunérée ?
A la prestation (visite, conférence, travail de recherche, etc.).
Quels sont, selon vous, les avantages de travailler comme historienne sous le statut d'indépendant ?
C'est assurément un métier très gai et très gratifiant. Je ne suis pas enfermée dans un lieu de travail. Chaque mission est différente. Ainsi, je me définis comme étant une historienne généraliste pour certaines prestations et je peux développer une expertise pointue pour d’autres. Je me suis forgée des spécialités propres, c’est cela aussi le plaisir de développer des recherches à long terme. Le particulier et le général se nourrissent mutuellement. Cela délasse également de passer de prestations éphémères à d’autres inscrites dans la durée et inversement au sein d’une même journée, d’une même semaine. J'aime la diversité des tâches que l'on me propose. Bien sûr, lorsqu'on débute, il y a une certaine insécurité concernant la rémunération. Celle-ci découle inévitablement du nombre de missions que l'on va vous confier. Il faut donc se débrouiller pour se faire connaître. Il est évident aussi que l'historien qui débute ne doit pas espérer devenir riche, financièrement du moins. Parce qu’intellectuellement et humainement, c’est très enrichissant !
A votre avis, combien d'historiens travaillent, comme vous, sous le statut d'indépendant en Belgique ?
La question ne se pose pas de la sorte. Nous avons tous des profils professionnels différents, nombre d’entre nous sont indépendants à temps partiels, pour un temps ou pour longtemps.
C’est un milieu très fluide, très souple.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune historien qui hésiterait à s'installer comme indépendant ?
Etre indépendant n’est pas la recette magique, mais la solution idéale pour rester vigilant et réactif dans le métier que l’on a choisi. Il faut avant tout être sûr d’aimer ce que l’on fait et la manière dont on l’exerce. On ne peut le vivre à contrecœur ou comme pis-aller. Comme tous les métiers créatifs, l’ennui et le manque d’idée ou d’intérêt ne pardonnent pas. Les interlocuteurs le ressentent très vite. Je conseillerais donc, avant tout, de bien examiner ses motivations, sa souplesse et son ouverture, son intégrité, qui doit être forte. Puis de ne pas hésiter à commencer calmement en combinant un statut d’indépendant complémentaire avec un statut plus classique à temps partiel. Et de faire le point sans complaisance après quelque temps. Il faut garder à l’esprit que c’est une situation idéale pour vivre d‘autres choses importantes en parallèle. On ne doit pas couper tous les ponts pour vivre une maternité, un grand voyage, etc., on évite aussi les affres de la remise au travail après une pause ou un licenciement, et on ne perd jamais tous ses clients en même temps en cas de grave crise de l’emploi. Très différent de nombre de postes dits "stables".