Hélène D.,
Militaire Air Mission Support Air Intel

Interview réalisée en décembre 2022

En quoi consiste votre travail à l’armée ?

Mon job est d’évaluer toutes les menaces aériennes qui pourraient mettre en péril les missions, et de mettre en place des plans afin de faire face aux potentiels ennemis qui pourraient représenter un danger pour nos F16. 

Il a été compliqué de trouver un témoignage d’une personne ayant votre fonction… C’est dangereux de s’exprimer en public et d’être reconnue, quand on fait votre métier ? 

Les militaires Air Mission Support traitent des informations ultra confidentielles. Cela fait de nous des cibles potentielles pour des agences de renseignement ennemies. Il faut être très prudent dans les informations qu’on divulgue. Nous devons aussi faire en sorte de rester les plus anonymes possible. 

Pouvez-vous nous donner des exemples de tâches réalisées (non-confidentielles) ? 

Mon équipe collecte de nombreuses informations sur des pays où nous devons régulièrement faire des missions : les pays du Moyen-Orient, d’Afrique… On transmet ensuite ces informations à l’équipage, nous créons des plans de mission… Par exemple, lors de livraison de vivres, quand les avions doivent « dropper » des colis, nous déterminons exactement où et à quel moment cela se fera. Nous devons assurer que toutes les livraisons et les déplacements peuvent se faire en toute sécurité. Il faut savoir détecter des phénomènes imprévisibles et trouver les bonnes informations au bon moment : c’est une question de précision, mais aussi d’imagination. Il faut imaginer tous les scénarios ! 

Des compétences essentielles à votre métier ?

Une compétence essentielle est, selon moi, la communication. Nous communiquons des informations avec les pilotes, les équipages, les aéroports… Il s’agit de bien formuler ces informations, de les sécuriser, d’assurer leur confidentialité. Pour mener à bien cette mission, nous devons avoir une excellente connaissance de l’anglais, ainsi que des langages propres à l’armée. 

Avez-vous eu une formation particulière pour exercer votre fonction ? 

Nous avons eu une formation spécifique à l’école de renseignement d’Heverlee. Nous avons été formés pendant plus ou moins 6 mois à toutes les techniques de renseignement et de sécurité en application dans l’armée belge et à l’OTAN.

Et avez-vous l’occasion de partir en mission à l’étranger ?

Oui, j’ai souvent l’occasion de partir en Afghanistan, au Congo… Généralement, nous partons une à deux fois par mois. Ça rend notre travail vraiment passionnant. Les enjeux sont énormes, ça bouge tout le temps…

C’est compliqué de se faire une place dans l’armée en tant que femme ?

Au début, ça l’était un peu. L’armée reste très masculine, même si tout est fait pour rendre ces métiers accessibles aux femmes. Certains collègues me l’ont fait ressentir au début : j’avais un peu l’impression qu’ils essayaient de me remettre à ma place. Pourtant, ma place, je sais où elle est. Je sais que je suis aussi capable qu’un homme, que je suis bonne dans mon travail, que je suis quelqu’un de professionnel et que mes compétences sont précieuses pour mon équipe. C’est là-dessus que je me concentre, et j’essaie d’ignorer ceux qui ne sont pas d’accord avec ça simplement parce que je suis une femme.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.