Interview anonyme,
Infirmière en soins palliatifs

Interview réalisée en janvier 2007

Quel est votre parcours professionnel ?

Après avoir terminé mes études en 1997, j’ai effectué un remplacement pendant six mois en pédiatrie dans une clinique liégeoise. Ensuite, j’ai été engagée à l’IPAL à l’ouverture du service des soins palliatifs en 1998.

Quels sont les différents aspects pratiques de votre travail ?

C'est le travail habituel d'un infirmier, si ce n'est que l'on s'adapte au rythme du patient. La journée est la même que dans d'autres services : les toilettes, les médicaments, les soins si nécessaire mais on ne va pas “bousculer“ un patient pour faire sa toilette à 7 heures pétantes ; on lui laisse le temps. On les consulte aussi, dans les limites du possible, sur ce qu’ils veulent manger. Par contre, ce qui est différent c’est l’approche psychologique. Si le patient a besoin de parler, nous pouvons prendre le temps de l’écouter et pour ce faire, postposer un soin. L’écoute est fondamentale avec le patient et avec la famille. Au sein de l’IPAL, il existe une unité résidentielle et une équipe mobile de soins palliatifs et algologie. L’algologie, c'est la prise en charge de la douleur quelle qu'elle soit. Par exemple, elle peut concerner un patient après une chute sans qu’il ne soit en fin de vie. C’est la qualité de vie du patient qui compte. Nous intervenons toujours en deuxième ligne. Nous aidons ou apportons un complément d'informations. Nous ne travaillons pas à la place de l’équipe mais avec elle.

Votre métier doit certainement exiger de nombreuses qualités humaines ?

Il faut être patient, empathique, être à l’écoute. Il ne faut pas toujours “vouloir faire“. C’est surtout le savoir-être qui compte dans les soins palliatifs. Si le patient n’est pas bien, il ne faut pas toujours “faire quelque chose“, parfois ce qu’il demande c’est de parler. Il faut être capable d’entendre quelqu’un vous dire qu’il a envie de mourir. Le soutien de l’équipe est très important pour aider les infirmiers dans ces situations délicates.

En deux mots, si l’on compare le travail d’un infirmier en gériatrie et d’un infirmier en soins palliatifs... ?

Le travail d’infirmier, en lui-même, est le même. La différence se situe au niveau d’un plus grand nombre de personnel. Dans une unité palliative comme ici, il y a trois infirmiers pour huit patients. Dans un autre service, ils sont quatre ou cinq pour trente-deux patients.

C’est vraiment une unité à part dans le métier d’infirmier auprès des personnes âgées ?

Ce n’est évidemment pas un travail aussi physique que celui, par exemple, d’un infirmier en maison de repos. Par contre, c’est un métier stressant psychologiquement. Je pense qu’il ne faut pas exercer en soins palliatifs en début de carrière. Il faut acquérir au préalable une certaine expérience et surtout de la maturité. De même, je n’imagine pas toute une carrière dans cette unité.

Le fait de moins pratiquer le côté curatif de votre profession n’est-il pas frustrant ?

Non, parce qu’il y a d’énormes compensations. Lorsque vous accompagnez un patient et qu’il décède sans douleur, sans souffrance, qu’il a pu dire au revoir aux gens qu’il aime, vous éprouvez une réelle satisfaction d’avoir accompli votre travail dans le respect de l’autre.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.