Mme Laura Koumparoulis,
Représentante en douane

Interview réalisée en février 2019

Pouvez-vous nous présenter brièvement les activités de Safran Aero Boosters ?

Nous concevons, développons et produisons des sous-ensembles, des équipements et des bancs d'essai pour les moteurs aéronautiques et spatiaux. Nous avons ainsi équipé le lanceur Ariane ainsi que la plupart des moteurs d'avions commerciaux dans toutes les gammes de poussée : des plus gros moteurs équipant les longs courriers aux turboréacteurs destinés aux moyens courriers, mais aussi de petits moteurs de l'aviation régionale et plus récemment de l'aviation d'affaires. 

Pouvez-vous décrire votre rôle de représentante en douane ? 

Nous complétons les déclarations en douane, tant à l’import qu’à l’export, dans un logiciel spécifique qui est directement relié au système informatique de l’Administration générale des Douanes et Accises. C’est la tâche principale, mais qui est très complexe ! En plus de la multitude de connaissances spécifiques au domaine douanier qu’il faut acquérir, de nombreux intervenants sont concernés. C’est aussi ça qui fait la richesse du métier, puisque nous sommes en contact avec l’Administration des Douanes, les transporteurs et de nombreux services internes (financier, juridique, expédition, achats, Supply chain, etc.).

Au vu de la complexité de la matière douanière, nous sommes aussi le référent principal pour répondre aux nombreuses interrogations de ces services. Nous les aidons à mettre en place les flux logistiques les plus adaptés.

Enfin, l’objectif du service Douanes étant d’éviter ou, à tout le moins, de réduire les coûts des droits de douane, tout en respectant la législation, nous sommes également là pour gérer ce que l’on appelle les régimes économiques et les autorisations. Ce sont des processus qui sont proposés par l’Administration des Douanes et qui permettent, sous de nombreuses conditions, aux opérateurs économiques de suspendre les droits de douane. C’est essentiel pour l’entreprise !

Quelles connaissances spécifiques et essentielles faut-il avoir ? 

La législation douanière, le droit international du transport, les incoterms (sert à définir les droits et devoirs des acheteurs et vendeurs participant à des échanges internationaux et nationaux). Il est aussi nécessaire de bien connaître les produits de l’entreprise, puisque chaque pièce possède un code issu de la nomenclature douanière qui est attribué en fonction de certains attributs comme le poids, la matière ou encore l’utilisation.

Au niveau des connaissances linguistiques, l’anglais professionnel est très utile puisque nous sommes en contact avec les transporteurs, les fournisseurs, etc. Le néerlandais est également parfois utile, lorsque nous avons des dossiers liés, par exemple, à la Douane de Zaventem.

Enfin, le dernier point qu’il est important de mentionner est qu’il faut de bonnes connaissances informatiques. Nous fonctionnons avec un logiciel spécifique lié à l’Administration des Douanes, et toutes les déclarations sont encodées dans cet outil. Une bonne connaissance de l’ERP (logiciel de gestion d’entreprise) est aussi un plus, cela permet de trouver rapidement des informations. Et n’oublions pas la suite Office, principalement Excel, puisque de nombreux suivis sont établis sous ce format.

D’où vous vient cet intérêt pour la logistique ? 

Quand j’ai dû choisir mes études supérieures, je souhaitais des études pratiques qui me permettraient rapidement d’entrer sur le marché de l’emploi. C’était le cas du bachelier en Management de la logistique. En plus de cela, j’adorais déjà planifier et gérer. Une journée de visite d’entreprise en 6ème secondaire, auprès d’un responsable logistique, dans une entreprise pharmaceutique m’a convaincue que c’était le bon choix. 

Que vous ont apporté, globalement, ces études ? 

Elles m’ont permis de maîtriser le vocabulaire très spécifique du domaine, d’identifier des métiers dont j’ignorais l’existence, d’acquérir des compétences techniques et d’approcher très rapidement le milieu professionnel au travers des stages.

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

Chaque jour réserve son lot de surprises et de dossiers complexes à traiter, ce qui nous oblige à nous remettre en question et à réagir rapidement. En plus, nous sommes en contact avec de nombreux acteurs, tant internes qu’externes, qui contribuent à rendre ce métier riche et passionnant !

Si vous deviez citer trois qualités essentielles à tout représentant en douane, quelles seraient-elles ? 

La première qualité essentielle pour exercer ce métier, et je pense que c’est d’ailleurs le cas pour n’importe quel métier, est l’intérêt pour le travail effectué. Le deuxième point qui est vraiment indispensable est la rigueur. On travaille dans un environnement très réglementé où la moindre mauvaise information dans une déclaration peut avoir des conséquences énormes pour l’entreprise, en terme financier, légal ou opérationnel.

Et le dernier point qui me paraît très important pour faire ce métier c’est l’orientation client. En effet, nous sommes un service de support et nous sommes là pour aider l’entreprise. Nous devons donc être à l’écoute des besoins de chacun pour essayer de simplifier au maximum les formalités, éviter les ralentissements à cause de problématiques liées à la Douane, anticiper les flux logistiques, etc.

Vous tenez-vous souvent au courant des dernières législations ? 

Etant donné que la législation change en permanence, il est effectivement essentiel de faire une veille réglementaire rigoureuse. Pour y arriver, je me suis inscrite à de nombreuses newsletters du secteur, et je reçois également des alertes e-mails dès qu’un nouveau document en lien avec la législation douanière paraît sur le site de l’Union européenne, du SPF Economie, etc.

Je pense aussi que la construction d’un réseau professionnel est nécessaire. Cela permet d’échanger sur les nouveautés et de mettre en place les bonnes pratiques d’autres entreprises. 

J’ajouterais qu’arriver à avoir des contacts au sein de l’Administration des Douanes est essentiel. En effet, ils sont là pour aider les entreprises à mettre en place les processus les plus adéquats, même si cela reste une démarche qui doit venir des opérateurs économiques. 

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.