En quoi consiste l’activité au quotidien ?
Au quotidien, il y a les commandes et principalement les demandes de plantes. Les gens viennent avec des demandes bien spécifiques de telle ou telle plante. Ou alors, ils demandent conseil pour des petits soucis du type rhume ou problème de transit intestinal. Tous les jours cela change. Des personnes qui ont besoin de faire des massages pour des problèmes de rhumatismes, on passe aux massages aux huiles essentielles et aux compléments alimentaires. En herboristerie, il n’y a pas que les plantes en vrac, on propose tout un ensemble de choses. Par exemple, les compléments alimentaires qui sont des extraits de plantes beaucoup plus concentrés. Par rapport à ce que l’on décide, on voit le dosage en fonction de la douleur (0 à 10). On va travailler avec les tisanes si c’est préventif ou si c’est un simple rhume. Soit on va travailler avec les gélules et des extraits plus concentrés si le problème est plus profond.
Comment avez-vous choisi ce métier ?
Cela remonte à toute petite où je partais deux mois en Sicile dans les orangeries et dans les champs. En grandissant, c’est plutôt l’aide aux personnes mais sous une forme différente de tout ce qui est social. On est une famille de commerçants.
Quelles ont été les étapes de votre formation ?
Je travaille en herboristerie depuis 25 ans. A l’époque, il n’y avait pas d’école d’herboristerie. J’ai passé 2 mois en stage passif en herboristerie. Je ne pouvais pas vendre ni conseiller les personnes. J’accompagnais l’herboriste et je passais mes journées à préparer des tisanes et à écouter. Par la suite, j’ai eu 15 jours de formation écrite et une formation plus poussée au niveau des huiles essentielles. Au quotidien, on apprend tout le temps, il faut se tenir au courant et suivre des formations continues. Il faut se tenir au courant des législations, des plantes qu’on ne peut plus vendre, des nouvelles études, des réglementations européennes et belges, etc.
Où suivez-vous les formations continues ?
Ce sont souvent les firmes auxquelles je passe commande. Les firmes qui nous fournissent ont toujours au moins un pharmacien. Tous les produits sont testés entre 4 et 6 mois avant d’arriver en herboristerie. Il y a des cahiers des charges, des fiches techniques, etc.
Je reçois les plantes en vrac, entre 500g et 2kg. Cela dépend des plantes et des saisons. Je les conditionne en sachets séparés que j’identifie.
Quelles sont les qualités personnelles indispensables pour exercer ce métier ?
Prioritairement l’écoute. On ne peut pas être incisif au niveau des questions personnelles. Quand la confiance s’instaure avec les clients, ils vont d’eux-mêmes discuter un peu plus en profondeur de ce qu’ils ont vécu ou de ce qu’ils ont comme soucis de santé. Il faut essayer de cibler le plus possible ce qui est adéquat. Je fais toujours attention au niveau des huiles essentielles et à leurs concentrations. On en parle dans les magazines et dans certaines émissions télévisées mais il ne faut pas faire n’importe quoi. Je me souviens de quelqu’un qui demandait 8 huiles essentielles différentes et qui voulait toutes les utiliser en même temps. Il faut être à l’écoute et être vigilant pour pouvoir conseiller à bon escient.
Quel genre de public touchez-vous ?
Un peu tout le monde. Au niveau des âges plutôt de 45 ans à 90 ans. Au départ, je vois une femme enceinte, puis les petits en poussette, ils grandissent puis ils viennent chercher pour leurs parents et après ils viennent parfois pour eux-mêmes. Ce qui est assez récent, il y a des thérapeutes et même des médecins qui viennent tester des choses.
Quel est l’horaire de travail ?
Je travaille du mardi au samedi de 10h à 18h. Quand on est commerçant, on peut travailler de 9h à 19h sans soucis, je l’ai fait mais il faut faire attention à sa santé. En tant qu’indépendant, si on n’a pas une bonne santé, le magasin est fermé et il n’y a pas d’argent qui rentre.
Quelles sont les perspectives d’avenir de cette profession ?
Par rapport aux clients, je trouve qu’il y a une très bonne évolution. Au niveau législatif, les législations changent énormément. J’ai l’impression qu’il y a une volonté d’aller vers la vente de plantes pré-conditionnées, ce qui revient plus cher.
Quel conseil donneriez-vous à une personne intéressée par ce métier ?
En tant qu’herboriste, il faut être passionné. Et en même temps, moi je ne jardine pas. Je m’y connais peu en plantes fraîches.
Dernièrement, j’ai vendu des tisanes en Afrique du Sud et même en Chine.
Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de conseils ?
L’ail des ours est une plante qui peut s’utiliser en cuisine cela a l’odeur de l’ail. Cela va être plus digeste que de l’ail. En tisane, c’est une plante dépurative du sang. La menthe poivrée va être utilisée avec du thé vert pour le goût ou dans un mélange de plantes avec du romarin et du fenouil pour aider la digestion.
La valériane est une racine qui sent assez fort mais qui passe bien au niveau du goût. C’est une plante anti-angoisse, anti-stress. Si on a des chatons, ils adorent et ne s’échappent pas de la maison.
On a les feuilles d’olivier aussi. On va les conseiller au niveau du sommeil, de la détente en général, aux personnes qui font un peu d’hypertension liée au stress.
Je cible par rapport à ce que les personnes me disent. Je travaille avec une plante ou avec un mélange de plantes. Cela dépend du problème, s’il est passager ou constant. Mon activité change tous les jours, je ne fais pas les mêmes tisanes pour tout le monde, c’est personnalisé.
"La santé à la pharmacie du bon dieu" de Maria Treben : beaucoup de mélanges de tisanes partent de ce livre. "Secrets d’une herboriste" de Marie-Antoinette Mulot.