Pourquoi avoir choisi ce métier si particulier ?
J'ai toujours été intéressé par l'aviation. Il était clair que j'allais exercer un métier dans ce domaine. Au début, pilote de ligne m’intéressait aussi. Mais j'ai eu la chance d'avoir parmi mes connaissances un contrôleur aérien qui travaillait à l'aéroport de Charleroi qui, à l'époque, n'avait pas encore son rayonnement actuel. Il m'a invité à passer une journée complète avec lui. J'avais trouvé ma vocation !
En quoi consiste votre métier de contrôleur aérien ?
A la tour de l’aéroport de Charleroi, le travail d’un contrôleur aérien consiste à veiller à la séparation des avions entre eux (en l’air et au sol), ainsi que des avions et des véhicules circulant sur les pistes ou le tarmac. Cela veut dire garder une distance de sécurité entre eux tout en assurant la fluidité du trafic. Nous sommes en contact permanent avec les pilotes. Sécurité et efficacité sont les deux maitres-mots de notre profession.
Quelle formation avez-vous suivie pour devenir contrôleur aérien ?
J'ai suivi, comme tout contrôleur aérien et dès la fin des mes études secondaires, la formation au sein de Belgocontrol (actuellement Skeyes). Aujourd’hui, cette formation comprend deux grandes phases successives. La formation de base consiste en des cours théoriques et pratiques. Les premiers exercices pratiques sont effectués sur des simulateurs. Ensuite, il y a la formation de qualification pendant laquelle la personne en formation peut se spécialiser pour devenir contrôleur aérien tour, approche ou en route. Pendant la dernière phase de formation, le contrôle aérien est effectué sous la supervision d’un instructeur. La formation complète dure environ 2 à 3 ans.
Quelles sont les connaissances indispensables pour exercer ce métier ?
Il faut tout d'abord parfaitement maîtriser l'anglais mais aussi avoir un esprit pratique et organisé. Ce sont les qualités essentielles. Le reste du métier s'apprend en formation.
Quel est votre horaire de travail ?
Généralement j'effectue 7 heures de prestation par jour. Lorsque je travaille la nuit, il s'agit plutôt de 10 heures. Les périodes de travail sont entrecoupées de périodes de break afin de "déconnecter".
Quelles difficultés rencontrez-vous dans l'exercice de votre métier ?
La fatigue due à une obligation d’attention constante. Il y a des moments où le trafic aérien est très dense. Le nombre de breaks par shift de travail dépend de la densité du trafic aérien, car la concentration doit rester optimale à tous moments. Par ailleurs, comme pour tous les autres métiers, il est primordial de toujours garder une attitude et une communication professionnelle, en oubliant les problèmes et les petits contretemps de la vie quotidienne.
Qu'appréciez-vous tout particulièrement dans votre métier ?
La flexibilité des horaires : la possibilité de choisir ses services (matin, après-midi ou nuit) et de s’arranger entre collègues, mais aussi le cadre magnifique dans lequel nous travaillons. Se trouver dans une tour panoramique a quelque chose de magique. J'apprécie aussi l'importance de notre fonction et les responsabilités qui nous incombent.
Y a-t-il une hiérarchie parmi les contrôleurs aériens ?
La hiérarchie est la même dans chaque unité : il y a d’une part des superviseurs, et d’autre part des ATCO (Air Traffic Control Officers), des contrôleurs du trafic aérien. Les superviseurs ont pour mission de veiller au bon déroulement des opérations de leur unité. Ils gèrent leur unité d’un point de vue technique, tactique et des ressources en personnel.
Continuez-vous encore à vous former ? Si oui dans quoi ?
Oui, nous suivons tous les ans des sessions pour garder nos connaissances à jour. Les sujets de ces sessions sont tirés des incidents survenus les années précédentes, afin de mieux cibler ce qui a pu poser problème. Des formations spécifiques supplémentaires sont également prévues en vue de l’implémentation de nouvelles procédures, d’un nouveau système, ou dans le cadre de nouvelles tâches à exécuter ou de changement de fonction : pour les fonctions d’instructeur, d’expert ou de management.
Avez-vous une anecdote à raconter ?
Un jour de veille de Noël, un jeune pilote a fait ce que l’on appelle un "premier solo", c’est-à-dire un premier vol sans instructeur, donc seul à bord et il a été pris dans une averse de neige. Il était complètement perdu et affolé. Je l’ai aidé à retrouver son chemin et à venir se poser, en essayant de le rassurer et de rester calme… Cela aurait pu tourner très mal mais tout s’est bien terminé. Je n’oublierai jamais ses remerciements chaleureux.