Interview anonyme,
Libraire d'une librairie indépendante spécialisée
Est-ce que le métier de libraire peut se faire sans formation ?
Oui, mais on perd du temps. Si on a une formation préalable, on gagne du temps, on évite les erreurs.
Quelle est la formation la plus intéressante ?
C'est la gestion d'entreprise. Ce qui manque aux libraires, c'est une formation d'entrepreneurs. Souvent on pense qu'on gère une librairie par amour du livre, mais ça casse quand on ne s'y connaît pas en gestion.
Quels sont vos horaires ?
Ils sont très durs, car les marges bénéficiaires ne me permettent pas d'engager le personnel qu'il faudrait. Par conséquent, on court tout le temps.
Comment un petit libraire peut-il résister à la concurrence des grandes surfaces ?
Par l'hyperspécialisation et une prospection active du public. Mais aussi par un service clientèle en rayon, bien souvent absent des grandes surfaces.
Quelles sont les conditions de réussite si on veut se lancer comme indépendant ?
Il faut avoir des sous pour se lancer. Les marges bénéficiaires sont très faibles. Pour réussir, il ne suffit pas d'aimer les livres, il faut être capable d'ouvrir un commerce, de mener seul une affaire sans avoir besoin de quelqu'un au dessus de soi qui explique ce qui est à faire. Il faut aussi avoir une bonne santé et ne pas être vite fatigué.
Quelles sont les qualités qu'il faut posséder pour être un bon libraire employé ?
Il faut être très performant dans le domaine littéraire que l'on a choisi et connaître un peu de gestion dans la mesure où le patron demande souvent de gérer son rayon. Il faut des qualités de vente, une patience inouïe pour répondre à toutes les questions du public et une connaissance imbattable de son fonds.
Quels conseils donneriez-vous à des personnes intéressées par ce métier ?
Il faut démystifier le métier de libraire. Ce n'est pas par amour de l'art que l'on choisit cette voie. On s'inscrit dans des enjeux économiques qu'il faut absolument respecter si on veut réussir. Si on a compris cela, on a tout compris.
