Mr Luc Laurent, Webdesigner

Interview réalisée en mai 2009

En tant que webdesigner, Luc Laurent prend en charge l'entièreté de la conception et de la réalisation d'un site.

Pouvez-vous, en quelques mots, vous présenter ?

Je suis un passionné du design... ou de l'art de présenter de manière très simple les choses les plus complexes. Plasticien, j'évolue dans le monde de l'architecture, de la conception des espaces, de la composition des couleurs, lumières et contrastes, de la création d'objets. J'étais designer et interior designer avant de devenir webdesigner, une suite somme toute logique de mon parcours. Je me consacre aujourd'hui exclusivement à la création de sites Internet.
Je m'investis personnellement pour saisir toutes les facettes du projet qui tient à cœur au client, pour étudier ensemble la perception qu'en aura le public. J'établis avec lui une relation privilégiée et je suis son seul interlocuteur jusque dans l'exécution des moindres détails. J'essaie d’avoir une vision globale de ses objectifs, le recul nécessaire, et mon esprit de synthèse permet d'en ordonner l'agencement de manière optimale, de séparer l'essentiel de l'accessoire, de structurer de manière logique et cohérente une multitude d'informations, en un tout homogène. Je m'appuie sur la créativité et la fonctionnalité. Créativité pour ajouter vie, entrain, originalité et séduction au site et lui donner une identité brillante. Fonctionnalité pour lui ajouter rigueur, repères, intuitivité et rapidité, pour qu'il soit effectivement consulté et lu.

Pouvez-vous nous décrire votre profession de webdesigner ?

Un assemblage de créativité, d’informatique et de communication. Certains tentent de dominer le marché via l’offre technologique en confiant à un "graphiste" une fraction du travail. 90% des prestataires sont issus du monde de l’informatique et n’y connaissent strictement rien en design. Or le webdesigner est l’architecte idéal du projet, il a la sensibilité pour percevoir et traduire la demande du client, pour donner structure au site et pour proposer des solutions innovantes. Ne pas confondre avec le terme de "webmaster" qui désigne la personne en charge de la mise à jour des contenus du site d’une entreprise.

Quelles sont les différentes étapes d’un processus de "webdesign" ?

En réalité on aborde la stratégie de communication d’une entreprise, d’une institution, d’une association ou d’un individu. Il faudra donc des réponses à de multiples niveaux. Avec la collaboration de partenaires ou sous-traitants spécialisés le cas échéant. On pense entre autres à :
- un logo ;
- une charte graphique ;
- l’écoute, le tri des informations ;
- l’élaboration d’une structure ;
- la rédaction des contenus ;
- des interviews ;
- le choix des images ou leur création ;
- la création d’animations ;
- des reportages photo ou vidéo ;
- la conception du site ;
- la réalisation du site ;
- le traitement et l’intégration des images ;
- la création de bases de données ;
- la programmation nécessaire à l’intégration des données de la base au site ;
- les fonctions e-commerce ;
- etc.

Utilisez-vous une technique particulière ? Si oui laquelle ?

Face aux systèmes de gestion de contenu (CMS) et leurs modèles reproduits à l’identique, je propose principalement des sites faits sur mesure, en HTML + CSS. Les CSS (Cascading Style Sheet) sont fondamentaux pour réaliser correctement la structure d’un site aussi bien que le formatage de son contenu. En avoir la maîtrise est une priorité.

A quelles difficultés êtes-vous régulièrement confronté dans votre métier ?

Une offre pléthorique et une clientèle qui manque de discernement.

Selon vous, quel est le profil idéal d’un webdesigner ?

Un créatif passionné d’informatique.

En quoi est-ce important d’avoir un site bien conçu ?

La démarche traditionnelle, qui était de voir une annonce puis de prendre contact, est devenue : 1) je vois une annonce, 2) je vais voir le site et 3) je prends contact ou pas selon l’impression que m’aura donné le site. La qualité du site est donc le reflet de la qualité des produits ou services proposés. Elle est déterminante car vous êtes choisi ou éliminé d’un clic.

Pouvez-vous nous expliquer, selon vous, en quoi un site est bien conçu ? 

Original, un site bien construit identifie clairement son propriétaire, dont il met les compétences en valeur. Attrayant, il invite à en découvrir le contenu. Intéressant, il développe des informations complètes et utiles, actualisées. Convivial, il se parcourt facilement, de façon intuitive.
On y remarquera entre autres que :
- on est dans le secteur d'activité recherché (on comprend de suite que l’on est à la bonne adresse) ;
- tout s’affiche immédiatement et tout est clair ;
- on trouve facilement les coordonnées d’une personne de contact ;
- s’il est conçu différemment de tous les autres sites ;
- la navigation est claire ;
- on dispose de repères pour savoir où l’on se situe sur le site ;
- on peut imprimer une page avec juste l’info principale, bien lisible.

Et pourquoi serait-il mal conçu ?

Un site mal conçu, selon moi, envoie le message : "Je me moque éperdument de mes visiteurs, j’investis le moins possible d’argent et de temps pour communiquer".
On ne sera pas étonné qu’il possède les caractéristiques suivantes :
- le site bloque parce que l’on utilise un certain navigateur et pas un autre ;
- il ne présente rien de nouveau par rapport à ce qui a déjà été réalisé ;
- trop d’animations lourdes ;
- il faut trop chercher pour trouver l’information désirée ;
- trop de menus différents dans tous les coins ;
- trop de texte de défilement ;
- pas de possibilité de n’imprimer qu’une partie de texte mais uniquement sa totalité.

Peut-on exercer ce métier à plein temps ?

Oui mais la concurrence est rude. A son compte, il faudra se trouver des sous-traitants pour les tâches que vous ne maîtrisez pas (par ex. : bases de données, e-commerce, etc.), ou travailler pour une agence où les tâches sont plus fractionnées.

Comment se crée-t-on une "clientèle" ?

Via le Web évidemment ! Avec votre propre site, dont vous ferez la promotion par e-mailings.

Quelles sont vos principales sources d’influences ?

Très bonne question. L’architecture, la publicité (qui à son tour se nourrit du Web), les publications haut de gamme, la peinture, la sculpture, les arts graphiques et l’art en général, mes webdesigners favoris, le design contemporain, minimaliste, baroque, l’air du temps et enfin ma vision du futur.

Combien de temps par jour passez-vous devant l’écran ?

Toute la journée sauf rendez-vous avec les clients et prestataires. Il faut aimer la solitude pour exercer ce métier.

Quels sont les points positifs et négatifs de votre profession ?

Positifs : autonomie, liberté d’expression, créativité, maîtrise des projets, reconnaissance et éloges.
Négatifs : clients "one shot" à renouveler perpétuellement, répercussion immédiate de la crise financière, concurrence à tous les coins de rue et clients qui ne savent pas faire la différence, qui se satisfont du médiocre. Ceux-là ne sont pas les miens mais ils sont majoritaires.

Suivez-vous régulièrement des formations ? Si oui de quels types ?

Oui, c’est un des métiers où tout évolue à une vitesse fulgurante. Avant 2000, le métier naissait à peine, c’était un challenge. Aujourd’hui des centaines de milliers de gens apportent leur pierre à l’édifice, il devient impossible de tout connaître. Le rôle du webdesigner est pareil à celui de l’architecte : on ne lui demande pas de savoir maçonner mais bien d’être à même de donner les consignes au maçon, de vérifier la qualité de son travail. Personnellement, j’apprécie les formations des Centres de compétence : ponctuelles et efficaces.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait devenir webdesigner ?

- De bien comprendre que de nombreuses "formations" sont d’abord un moyen de faire du business à ses frais, dans lequel son avenir professionnel est le moindre des soucis. On se contente pour l’essentiel d’y passer en revue un tas de logiciels dont certains ne servent jamais. Autant dire "voilà un crayon, lorsque tu sauras t’en servir, tu pourras réaliser des dessins comme Rembrandt ou Rubens".
- De suivre une formation artistique en premier, l’outil suivra. Designer par exemple, ou graphiste.
- De se créer un portfolio en réalisant des sites pour des personnes et associations qui ont des projets intéressants mais pas les moyens financiers suffisants pour faire appel aux professionnels.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.