Mme Luce Wilquin, Editrice
Interview réalisée en mars 2014 |
Pourriez-vous nous présenter en quelques mots les Editions Luce Wilquin?
Il s’agit d’une maison d'édition indépendante (sprl), fondée par Luce Wilquin en 1992, et centrée sur la fiction de création (romans, nouvelles, en première publication). Nous comptons près de 500 titres au catalogue actuellement, et une vingtaine de nouveautés par an. Diffusion en France, Suisse, Québec et Belgique. Une famille d'auteurs, belges, français, suisses, etc.
Quelle est votre fonction au sein de cette maison d’édition et en quoi consiste-t-elle concrètement ?
Fondatrice, gérante, éditrice, chargée des relations avec les auteurs, le graphiste, les correcteurs, copywriter, metteur en page, chargée des relations avec les représentants, avec la presse, etc.
Quel est votre parcours personnel ?
J’ai un master en traduction et interprétation. J’ai été assistante à l'EII Mons (département d'espagnol) et traductrice indépendante de 1970 à 1975, puis j’ai travaillé vingt ans dans l'édition en Suisse (salariée, puis indépendante) et je suis revenue en Belgique en 1996.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler dans le domaine de l’édition ?
J'ai commencé à faire des traductions pour Marabout en 1969, puis j'ai réécrit des traductions et je suis passée tout entière dans ce domaine qui me passionnait, et qui m'a donné la possibilité de faire tous les boulots de l'édition jusqu'à la création de ma propre maison.
Quels sont les autres profils/fonctions qui composent votre équipe ?
Nous somme deux permanents, qui avons plus ou moins le même parcours.
Comment se déroule le processus d’édition ? Les différentes étapes qui mènent à la parution d’un ouvrage ?
Tout commence par la lecture du manuscrit, puis la décision d'éditer ou refus. Nous signons ensuite le contrat d'édition et procédons à un travail sur le texte avec l'auteur. Viennent ensuite la mise en page et les relectures, la réalisation de la couverture (image et texte) et la détermination du tirage. Il faut ensuite organiser le suivi de l'impression, la présentation aux représentants, promotion auprès de la presse, organisation de rendez-vous avec les journalistes ou dans des émissions, de rencontres dans les librairies et les bibliothèques, présence dans les salons du livre, les négociations éventuelles pour les droits étrangers ou les droits audiovisuels, le référencement dans les banques de données, le suivi de la numérisation pour les livres électroniques, etc.
Sur quels critères vous basez-vous lorsque vous décidez d’éditer un auteur ?
Qualité du fond et de la forme, et cohérence entre les deux. On peut appeler cela “coups de cœur“, même si l'expérience préexiste. Nous ne suivons en tout cas pas les tendances du “marché“, on préfère les précéder…
L’apparition du livre numérique a-t-elle un impact sur la façon dont vous concevez votre métier ?
Non, en plus de quarante ans, les évolutions n'ont pas manqué dans le monde du livre, et nous travaillons sur ordinateur depuis… 1986 ! C'est dire si nous sommes pionniers ! Toutes nos parutions sont disponibles tant en édition papier qu'en édition numérique.
Quelles sont, d’après-vous, les qualités et compétences à posséder pour travailler dans une maison d’édition ?
Culture générale étendue et surtout curiosité, soif d'apprendre. Style et orthographe. Psychologie. Et une grande empathie pour les écrivains !
Quels conseils donneriez-vous à une personne qui voudrait se lancer en tant qu’écrivain ?
Je suis persuadée qu'on ne se lance pas en tant qu'écrivain, mais que le désir d'écrire préexiste.
Je recommande surtout une grande humilité, mais une implication totale : éditeur et écrivain forment un attelage indissociable qui doit tirer dans le même sens. Si ce n'est pas le cas, cela ne marche pas.
Dernière chose : un premier roman se vend en moyenne en France à moins de 700 exemplaires. C'est donc une moyenne…
Notre réussite avec “Si tu passes la rivière“ de Geneviève Damas, plus de 10000 exemplaires, quatre Prix littéraires, quatre traductions, parution en poche au Livre de Poche, est une exception. Comme le sont, en France, celles d'Anna Gavalda ou, plus proche, d'Édouard Louis.